Le personnel a déposé fin avril un projet solide et durable visant à sauver le site et la filière, tout en conservant un maximum d’emplois
Le 30 avril, alors que la période de consultation prenait officiellement fin chez Vetropack, le personnel, accompagné par les syndicats Unia et Syna, a déposé son projet pour sauver le site de Saint-Prex et les emplois. Rappelons que la direction a annoncé il y a quelques semaines son intention de fermer la dernière verrerie de Suisse, laissant pas moins de 175 emplois sur le carreau.
En guise d’alternative, les employés ont, dans un rapport d’une cinquantaine de pages, chiffré les investissements nécessaires et analysé les modernisations et les innovations stratégiques possibles pour tendre vers une économie circulaire et durable.
«Le projet déposé est solide économiquement et innovateur écologiquement», commente Nicole Vassalli, responsable du secteur industrie d’Unia Vaud. «Il permet de combler le retard pris dans la transition écologique par le groupe et il maintient des emplois, un savoir-faire et une filière de production et de recyclage de verre de proximité.»
Consommation d’énergie en baisse
Dans le détail, les recherches effectuées ces dernières semaines par les groupes de travail montrent que l’usine de Saint-Prex, forte du plus haut taux de qualité de production et du plus haut taux de recyclage du groupe, a toutes les cartes en main pour répondre à la demande des marchés de proximité. Ainsi que ceux d’Europe de l’Ouest, alors que le reste du groupe penche vers l’est du continent.
«Le projet propose l’adoption d’une technologie de fusion de verre par oxycombustion connectée à un générateur d’oxygène», explique la syndicaliste. De nouveaux dispositifs de récupération de chaleur et d’énergies renouvelables seraient installés en parallèle. «Ces technologies sont déjà éprouvées par des concurrents. Le tout réduit de manière drastique la consommation énergétique de l’usine, ce qui permettrait un meilleur alignement aux nouvelles normes internationales et nationales sur le rejet de CO2. On parle également d’une réduction de 35% à 50% de la consommation d’eau, de gaz naturel et d’électricité.» Des changements d’autant plus nécessaires que le groupe Vetropack apparaît à la traîne sur certaines innovations écologiques à l’échelle européenne, ce qui risque de menacer sa position à terme.
95% des emplois préservés
Certes, le projet nécessite des investissements de plusieurs dizaines de millions de francs, mais il permettra ensuite une production non seulement plus écologique mais aussi plus économique. La rentabilité est assurée et les coûts de production resteront comparables aux autres sites européens, avec la qualité suisse en prime.
Quant aux emplois, cette reconfiguration des lignes de production occasionnerait inévitablement une réduction du personnel (préretraites), mais uniquement d’environ 5%. Le rapport comprend également des propositions concrètes sur la stratégie commerciale du groupe.
«La fermeture du site de Saint-Prex serait totalement injustifiée, incompréhensible et inacceptable, soulève Nicole Vassalli. Elle l’est encore moins du fait que la volonté politique cantonale et communale, de nouveau exprimée récemment, exclut toute opération immobilière sur le site. Nous appelons donc le président du conseil d’administration de Vetropack, Claude Cornaz, à être aussi visionnaire que ses aïeux et à faire de Saint-Prex le fer de lance de l’innovation du groupe.» La direction se prononcera sur le projet à la mi-mai.