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Vigilance de rigueur

Passage à la vitesse supérieure en matière de déconfinement. Ce 11 mai, les élèves du primaire et du secondaire reprendront le chemin de l’école, les cafés rouvriront leurs portes, les musées et les bibliothèques accueilleront à nouveau des visiteurs, les magasins rendront accessibles tout leur assortiment... Trains et bus sillonneront aussi le pays à une cadence semblable à celle d’avant la crise sanitaire. Et le port du masque sera à bien plaire, mais vivement recommandé en cas de forte affluence dans les transports publics.

Ce coup d’accélérateur dans la gestion de la pandémie de coronavirus a de quoi déconcerter. Si, hier encore, la santé de la population semblait primer, aujourd’hui, le spectre du chômage et de la récession comme le creusement de la dette fédérale ont pris l’ascendant. La droite majoritaire au gouvernement et les milieux économiques ainsi que la majorité des cantons alémaniques ont imposé leur rythme dans l’assouplissement graduel des mesures de protection. Les pressions d’associations patronales ont joué de tout leur poids dans la reprise du service de la branche de l’hôtellerie-restauration pour laquelle aucune date n’avait été officiellement avancée. Précipité? L’avenir le dira. D’ici à quelques jours, il sera ainsi possible de partager une table de bistrot à quatre. Ces personnes ne seront alors pas tenues de respecter la distance sociale mais celle-ci devra toujours être de deux mètres entre les tablées, à moins qu’une séparation physique ne les isole. Un écart interpersonnel qui, en revanche, restera de rigueur dans la vie quotidienne. Au bureau comme dans les commerces ou dans la rue. De quoi embrouiller les messages préventifs même au regard du développement d’une prochaine application de traçage. Il faudra voir, dans ce contexte, si les clients potentiels seront déjà au rendez-vous. Si la confiance se mesurera à l’aune de la courbe aplatie du nombre des infections après plusieurs semaines de consignes sécuritaires martelées en boucle par les autorités. Et cela alors que, pour tous ceux qui le peuvent, le télétravail reste l’option privilégiée par le gouvernement.

Quoi qu’il en soit, avec ce brin de liberté retrouvée, la responsabilité individuelle pèsera désormais davantage dans le processus. Sans pour autant, sur le front de l’emploi, délier les patrons de leur obligation de protéger la santé de leurs salariés. A ce chapitre, les inquiétudes persistent. Le 28 avril dernier, Unia précisait avoir transmis aux instances de contrôle plus de 4000 signalements de violations de mesures sanitaires sur les lieux de travail révélées par des employés. Un chiffre qui donne l’ampleur des risques sachant, par exemple, que la Suva ne dispose que de 30 inspecteurs pour vérifier 30000 chantiers, son domaine d’intervention. Mission impossible. On peut alors légitimement se faire du souci avec ce retour partiel à la normalité à cette cadence. Se demander si tous les moyens sécuritaires visant à endiguer une deuxième vague éventuelle seront correctement mis en œuvre sur le front de l’emploi. La balle est dans le camp des cantons qui devront organiser suffisamment d’inspections dans les entreprises de service. Sinon, quels que soient nos efforts personnels, ils seront vains. Et tout en sachant qu’il nous faudra apprendre à vivre avec le Covid-19. S’adapter aux informations scientifiques fluctuantes sur le virus. Et persévérer, bon gré mal gré, dans notre vigilance pour maintenir les gestes barrières protecteurs.