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Violence excessive

Les Hongkongais n’ont pas dit leur dernier mot. Mobilisés depuis le mois de juin contre un projet de loi permettant l’extradition des suspects vers la Chine, ils n’en démordent pas. Pourtant, Carrie Lam, cheffe de l’exécutif local, a depuis cédé et déclaré que cette loi était «morte». Une belle victoire, mais il était déjà trop tard. Les revendications des militants pro-démocratie vont maintenant beaucoup plus loin que cette simple loi, qui aura mis le feu aux poudres. Pas question de s’arrêter là, malgré les interdictions de manifester. «Un Etat, deux systèmes»: les habitants de l’ancienne colonie britannique sont plus que jamais déterminés à honorer leur devise et à conserver leur autonomie vis-à-vis de la Chine. Aujourd’hui, ils réclament l'amnistie pour les personnes arrêtées, l'instauration du suffrage universel direct – l'exécutif hongkongais étant désigné par Pékin – et enfin, une enquête sur les agissements de la police.

 

Sur ce dernier point, l’ONU a fait part de ses vives inquiétudes. Les télévisions du monde entier ont retransmis les heurts entre manifestants et policiers, les arrestations arbitraires, les passages à tabac et la violence inouïe des forces de l’ordre. Gaz lacrymogènes balancés dans le métro, manifestants matraqués jusqu’au sang ou encore balles en caoutchouc tirées à bout portant, les images glacent le sang. On parle de plus de 1300 personnes arrêtées. Une fois à l’abri des regards et des caméras, que se passe-t-il? Dans une récente enquête, Amnesty International a recensé de nombreux cas où la police a refusé ou retardé la possibilité de consulter un avocat et de recevoir des soins médicaux. Pire, l’organisation révèle l’existence de mauvais traitements en détention s’apparentant parfois à de la torture. Presque toutes les personnes arrêtées avec lesquelles l’ONG s’est entretenue ont raconté avoir reçu des coups de matraque et de poing lors de leur interpellation, alors qu’elles n’opposaient aucune résistance. La quasi-totalité d’entre elles ont été hospitalisées en raison des coups reçus et certaines ont passé au moins cinq jours à l’hôpital. On rapportera notamment le témoignage de cet homme, roué de coups pour avoir refusé de répondre aux questions des agents, et menacé de se voir casser les mains s’il essayait de se protéger. «J’ai senti quelque chose de très dur me frapper aux jambes, confie la victime à Amnesty. Puis, un policier m’a retourné et a appuyé ses genoux sur ma poitrine. J’ai senti la douleur dans mes os et je ne pouvais plus respirer.» Cet homme a par la suite été hospitalisé pour une fracture et une hémorragie interne.

 

Manifester est un droit fondamental. Face au durcissement des violences policières et aux atteintes répétées aux droits humains, il est urgent qu’une enquête indépendante et impartiale soit menée. Et surtout, que justice soit rendue, que les bourreaux soient poursuivis et que des réparations soient accordées aux victimes.

En savoir plus: amnesty.ch