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Mesures illégales et licenciements abusifs

Unia dénonce le maintien des mesures imposées au personnel par la direction de Zwahlen & Mayr à Aigle

Suite à plusieurs séances du groupe de travail constitué de membres de la commission du personnel, d'Unia et de l'Etat de Vaud, le syndicat et les travailleurs demandent le retrait des mesures drastiques imposées depuis le 1er juillet par la direction de l'entreprise de construction métallique qui s'obstine à ne pas communiquer.

Après plus de trois mois d'attente et d'espoir, c'est la douche froide pour les salariés de Zwahlen & Mayr. Sa direction ne semble en effet pas vouloir prendre en considération les propositions du groupe de travail réunissant une délégation de la commission du personnel, Unia et l'Etat de Vaud pour baisser les coûts de production de l'entreprise de construction métallique. Le groupe de travail, initié par le conseiller d'Etat à l'économie, Philippe Leuba, a émis une série d'alternatives, notamment le recours à divers fonds de soutien, en faveur des PME industrielles vaudoises et à la formation des apprentis. De surcroît, les salariés ont proposé une réorganisation détaillée des différents ateliers pour améliorer la productivité. En contrepartie, le groupe de travail demandait la transparence des chiffres de l'entreprise et des garanties sur l'avenir. La direction n'a pas daigné répondre formellement ni aux travailleurs, ni au syndicat et ni aux journalistes la semaine dernière. C'est pourtant par le biais d'un communiqué repris dans les médias que les travailleurs ont appris que la société, dans les chiffres rouges depuis plusieurs années (et dont la perte se monte à 2,8 millions au premier semestre 2015), allait maintenir ses mesures d'économie, et que des licenciements étaient inévitables, sans qu'elle n'indique leur nombre. En septembre, cinq personnes ont reçu leur lettre de congé. «Au vu des circonstances, ces licenciements sont abusifs et les mesures imposées illégales», a martelé Jean Kunz, responsable de l'artisanat à Unia Vaud.

Mesures drastiques
Rappelons que, depuis le 1er juillet, la direction a imposé une prolongation du temps de travail hebdomadaire de 3h30 non payées et la réduction d'une semaine de vacances (pour l'unité Tubes inox), la fin des indemnités maladie dès le 1er jour et l'abaissement des indemnités kilométriques de 0,70 à 0,60 franc par kilomètre (pour l'ensemble du personnel), ainsi que la diminution des salaires de 5% (pour l'unité Construction métallique, et administratif)...
Pour mémoire, fin février, les deux tiers du personnel votant refusaient l'allongement du temps de travail. Fin juin, suite à l'annonce des modifications des contrats individuels de travail, une pétition munie de 150 signatures des travailleurs concernés demandait le retrait des mesures et l'ouverture des négociations avec la commission du personnel et Unia. Et le 19 août, lors d'une assemblée des travailleurs, une large majorité rejetait toutes les mesures imposées. Or, la même semaine, la direction fixait un ultimatum. Dans une missive, elle indiquait avoir pris note «avec regret et déception qu'une partie du personnel de Zwahlen & Mayr SA n'accepte pas les mesures exceptionnelles et provisoires pour lutter contre les effets économiques du franc fort». La direction y estimait que ces économies étaient nécessaires pour la pérennité de l'entreprise, et demandait que ses quelque 250 employés signent le document d'acceptation des nouvelles conditions envoyé avec la fiche de salaire de juin. Elle ne cachait même pas le caractère coercitif de sa démarche: «Le refus de signer ce document sera interprété comme un rejet de soutenir les efforts de la société pour combattre les conséquences désastreuses de l'abandon du taux plancher par la BNS. Dès lors, notre collaboration professionnelle ne sera plus envisageable dans un avenir proche.»

Pratiques illégales
Or ces mesures sont illégales selon un avis de droit du service juridique d'Unia Vaud. Car si Zwahlen & Mayr n'est pas membre de l'association patronale du métal, la convention collective métal-Vaud a été étendue dès 2011 et s'applique donc au secteur de la Construction métallique au bénéfice, de surcroît, d'un avenant améliorant certains points de la CCT. Dans l'unité de production Tubes inox et pour le personnel administratif, non soumis à la CCT, deux avenants ont été signés entre la commission du personnel, Unia et la direction. D'un point de vue juridique, ces avenants font donc figure de contrat et ne peuvent ainsi être modifiés ou dénoncés de manière unilatérale. Pour l'heure, si la bataille peut être livrée au tribunal, elle pourrait aussi éclater au cœur même de l'entreprise.
Du côté des travailleurs, les trois membres de la commission du personnel présents lors de la conférence de presse organisée par Unia, jeudi 1er octobre, relèvent la mauvaise organisation des ateliers et le manque de transparence de la direction comme principales causes au dysfonctionnement de la société. «Il y a un potentiel énorme qui est gâché par cette direction qui semble estimer que moins on en sait, mieux c'est. Alors que nous avons plein d'idées», relève Panc Verdegaal, depuis 8 ans dans l'entreprise. «Nous ne connaissons pas leurs intentions. On est dos au mur», souligne Cédric Silvestri, qui ne cache pas une perte de confiance générale vis-à-vis d'une direction qui, d'un côté a investi dans le développement du secteur des tubes en ouvrant une nouvelle halle, et de l'autre brandi le spectre des licenciements. Président de la commission du personnel, Angelo Ferace, presque 30 ans de boîte à son actif, lâche: «Beaucoup de collègues craignent la fermeture de l'entreprise...»

Aline Andrey