Palme d’or de la discrimination salariale…contestée
Unia région Neuchâtel a remis une palme d’or de l’inégalité salariale à l’entreprise Melet Schlœsing Pharmaceuticals SA à La Chaux-de-Fonds. L’entreprise pharmaceutique, en place depuis près de vingt ans dans la zone, a engagé un couple d’opérateurs polyvalents rémunérant monsieur à hauteur de 3000 francs brut par mois à plein temps, et madame à 1000 francs brut pour un mi-temps. Pour Unia, l’entreprise a violé le principe de l’égalité salariale (- 33.33 %), l’interdiction de sous-enchère salariale (- 48 % environ) ainsi que le salaire minimum légal neuchâtelois (jusqu’à - 41,65 %) pour la période travaillée depuis l’entrée en vigueur du salaire minimum neuchâtelois en août 2017. «Le cas va être dénoncé à la Commission tripartite neuchâteloise de l’observation du marché du travail, précise Isabel Amián, secrétaire syndicale au groupe d’intérêts femmes. Nous porterons également l’affaire devant le Tribunal des prud’hommes pour demander un rétroactif salarial cumulé de 11 042,60 francs. Pour Unia, c’est un cas d’école qui prouve aux parlementaires bourgeois que des contrôles automatiques dans toutes les entreprises, et des sanctions pour ceux qui ne jouent pas le jeu, sont indispensables. »
Contactée par nos soins, l’entreprise ne nie pas les salaires versés mais livre une toute autre version. «José (prénom d’emprunt) était dans une situation financière compliquée et il avait besoin de travailler, raconte François Melet, patron français du groupe de passage en Suisse ces derniers jours. Comme nous avions éventuellement besoin d’une personne en plus, je l’ai moi-même embauché, chose que je ne fais jamais, fin 2016.» José est payé 3000 francs pour son mois d’essai, puis est augmenté à 4000 francs. «Au bout de quelques semaines, José me dit qu’il est marié, que sa femme déprime seule à la maison, et me demande de l’embaucher.» Ne parlant pas français, l’administrateur refuse dans un premier temps. «José était prêt à tout pour avoir sa femme à ses côtés et il m’a prié de bien vouloir baisser son salaire à 3000 francs et de l’embaucher elle à 1000 francs par mois avec un contrat flottant à mi-temps étalé sur six mois. La condition était qu’elle vienne travailler quand elle voulait.» Après avoir donné son feu vert de principe, la fiduciaire qui gère les contrats « met sur pied un montage », « à la demande de José ». Tout le monde est content et l’arrangement ne coûte pas plus cher à la société. L’épouse de José, « qui n’est finalement pas venue souvent travailler », finira par faire un burn-out. «J’ai agi par sentimentalisme en voulant aider ce couple, mais on ne m’y reprendra plus», regrette François Melet, qui assure que tous les autres collaborateurs sont correctement payés et que les postes clés de son groupe sont principalement aux mains de femmes. «Pour moi, cette palme est une insulte. »
Selon Isabel Amián, non seulement les propos de François Melet sont faux, mais en plus, cela ne change rien: les salaires versés ne respectant pas les usages, ils restent illégaux. Aujourd’hui, le couple a quitté l’entreprise. MT