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Syngenta exporte des pesticides interdits en Suisse

Amoncellement de bidons des pesticides dans le centre de tri de Lucas do Rio Verde.
©Lunaé Parracho/Public Eye

Chaque année, 700 tonnes de bidons de pesticides passent par le centre de tri de Lucas do Rio Verde, indique Public Eye. Un nombre impressionnant de ces bidons portent une étiquette avec le logo de Syngenta.

Un nouveau rapport de Public Eye dénonce les pratiques du géant de l’agrochimie et ses conséquences au Brésil

Deux poids deux mesures. Syngenta vend des pesticides hautement toxiques à travers le monde, notamment en Inde et au Brésil. Ils sont produits en Suisse, alors qu’ils y sont interdits d’utilisation du fait de leur dangerosité! L’ONG Public Eye dénonce dans un nouveau rapport ces pratiques et demande dans une pétition*, signée déjà par plus de 9000 personnes, le retrait de ces produits. Dans les régions du Brésil où les pesticides sont largement épandus dans les monocultures, des études inquiétantes montrent des taux élevés de leucémies chez les enfants, des malformations congénitales à la naissance et des maladies chroniques. Une situation qui s’aggrave depuis l’arrivée de Jair Bolsonaro à la tête du pays, celui-ci ayant autorisé 86 nouveaux pesticides.

De surcroît, une multitude de contrôles de l’eau potable indiquent aussi la présence de nombreux produits chimiques. «L’atrazine fait partie des substances les plus fréquemment détectées. Classé perturbateur endocrinien et toxique pour la reproduction, cet herbicide, interdit en Suisse et dans l’UE en raison de sa propension à contaminer les nappes phréatiques, se retrouve dans 85% des échantillons d’eau potable», dénonce Public Eye, qui épingle aussi la Suisse en tant que siège de la multinationale. Face à ces accusations, le directeur de Syngenta Suisse, Roman Mazzotta, affirme quant à lui à la RTS: «Nos produits sont sûrs. Il n'y a donc aucune raison de les retirer du marché.»

Des morts en Inde

En septembre 2018 pourtant, Public Eye révélait déjà l’implication de l’insecticide dénommé Polo (le diafenthiuron), fabriqué à Monthey par Syngenta, bien qu’interdit en Suisse depuis 2009. En 2017, des centaines d’agriculteurs ont dû être hospitalisés après l’épandage de différents pesticides, dont le Polo. Une cinquantaine d’entre eux sont morts dans la région de Vidarbha, au centre de l’Inde, dans l’Etat du Maharashtra qui «a annoncé l’ouverture d’une enquête contre Syngenta pour “homicide volontaire”», informait alors Public Eye en dénonçant l’exportation en 2017 de 126,5 tonnes de ce produit toxique, dont 75 en Inde.

Fin 2017, la conseillère nationale verte, Lisa Mazzone déposait une motion pour mettre fin à l’exportation des pesticides interdits en Suisse, notamment l’atrazine (interdite depuis 2007) et le paraquat (interdit depuis 1989). Motion qu’a proposé de rejeter le Conseil fédéral qui estime que la Convention internationale de Rotterdam (dite aussi Convention Pic) suffit. Celle-ci prévoit que le pays exportateur d’un produit interdit ou strictement réglementé sur son territoire doit en informer le pays importateur. Le Gouvernement suisse suggère l’élaboration d’une ordonnance qui demanderait «l’approbation préalable explicite du pays d’importation». Le Parlement devrait débattre de la question cette année. Pour Public Eye, ces cas montrent une nouvelle fois l’urgence d’inscrire dans la loi un devoir de diligence en matière de droits humains et environnementaux, comme le demande l’initiative pour des multinationales responsables.

*publiceye.ch/stop-pesticides

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