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De l’urgence de passer des airs aux rails

gare
© Claire Jaillard/Greenpeace

«Bravo, la planète vous dit merci!» «Vous avez un train d’avance!» «Prenons l’air, pas l’avion!» L’automne dernier, les militants de Greenpeace France ont mené la campagne visant à favoriser les voyages en train plutôt qu’en avion d’une manière toute particulière. Dans une ambiance festive, ils ont applaudi et félicité les passagers des trains grandes lignes à leur arrivée à la Gare de Lyon à Paris. Un exercice réitéré dans plusieurs villes du pays en juin dernier.

L’avion reste meilleur marché que le train. Pour le climat, Greenpeace demande l’intervention des Etats afin de rendre le secteur ferroviaire européen plus attractif

Malgré l’urgence climatique, malgré les incendies et les intempéries qui se multiplient, les émissions de gaz à effet de serre dues au trafic aérien continuent d’augmenter. Et ce de 29% entre 2009 et 2019, selon les chiffres de Greenpeace qui vient de publier une enquête sur les différences de prix entre les billets de train et ceux d’avion dans 27 pays européens, Suisse comprise. Après une pandémie qui avait eu pour conséquence une diminution drastique des vols, l’affluence estivale dans les aéroports montre que la tendance est repartie à la hausse. Pour contrecarrer ce mouvement, l’ONG préconise de promouvoir le rail, d’introduire des «billets de train climatiques», des tickets simples et abordables, valables pour tous les transports publics d’un pays ou d’une région définie, y compris transfrontaliers. Ceux-ci pourraient être financés notamment par la suppression progressive des subventions nuisibles à l’environnement et un système fiscal équitable basé sur les émissions de CO2. «Les subventions accordées aux compagnies aériennes et aux aéroports doivent cesser, en commençant par l’élimination progressive des exonérations fiscales sur le kérosène», souligne Greenpeace dans un rapport qui rappelle aussi que les billets d’avion transfrontaliers dans l’Union européenne sont exemptés de TVA. Or, une TVA de 11% sur ces vols générerait des bénéfices annuels d’au moins 10 milliards d’euros. Par ailleurs, une taxe de 0,50 euros par litre sur le kérosène dans l’UE rapporterait plus de 46 milliards d’euros. Autant d’argent qui permettrait de subventionner le transport ferroviaire.

Le double du prix en moyenne

L’étude précise que seuls 23 trajets, sur les 112 étudiés, sont moins coûteux par la voie des rails. En moyenne, un billet de train reste deux fois plus cher que celui d’avion. Mais le voyage entre Barcelone et Londres atteint des records en multipliant par 30 le prix du trajet. Les pays où les différences sont les plus grandes sont la Grande-Bretagne (4,04 fois plus cher en moyenne), l’Espagne (3,86 fois plus cher) et la Belgique (2,6 fois plus cher). Si la Suisse compte le moins de compagnies aériennes low-cost, le train reste en moyenne 70% plus cher que l’avion.

«Grâce aux exonérations fiscales et aux subventions payées avec l’argent des contribuables, les compagnies aériennes vendent des billets “bon marché” à un coût élevé pour la planète et ses habitants, qu’il s’agisse des employés, des riverains des aéroports, des clients, des personnes touchées par des événements météorologiques extrêmes ou de la biodiversité en général, dénonce Greenpeace. En revanche, le train génère moins d’émissions de CO2, de pollution atmosphérique et de nuisances sonores, mais il est soumis à des taxes sur l’énergie, à la TVA et à des péages ferroviaires élevés dans la plupart des pays.» L’ONG s’insurge également contre le dumping salarial pratiqué par les compagnies low-cost: «L’iniquité des règles du jeu en matière de voyage mine le rail européen, exploite les travailleurs et pollue la planète, le tout au profit des compagnies aériennes.» Et de tancer les institutions européennes et les gouvernements nationaux qui continuent de «faire des cadeaux aux compagnies aériennes et aux aéroports, tout en fermant des gares et des lignes ferroviaires».

En Suisse, la Communauté d’intérêts pour les transports publics (CITRAP) dénonçait, en juin, «la plus grande détérioration de l’horaire de tous les temps» dont «une dégradation considérable de la desserte internationale», si la révision de l’OFT pour le trafic ferroviaire à longue distance pour l’année 2035 est mise en œuvre.

 

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