Partie prenante de la cinquième conférence nationale sur le thème des travailleurs âgés, l’Union syndicale suisse n’a pas trouvé de répondant à ses mesures. Mais de nouvelles orientations pourraient être prises avec le positionnement des cantons...
On prend les mêmes et on recommence. Pour la cinquième année consécutive, la conférence nationale sur le thème des travailleurs âgés s’est tenue le 3 mai dernier à Berne en présence de représentants de la Confédération, des cantons, de l’Union syndicale suisse (USS), de Travail suisse, de l’Union patronale suisse et de l’Union suisse des arts et métiers. Cette édition, comme celles précédentes, a fait ressortir des lectures pour le moins différenciées de la situation des chômeurs de 50 ans et plus. Analyse commune: toutes les parties prenantes de la conférence s’accordent à dire que les travailleurs âgés constituent un réservoir de main-d’œuvre qualifiée et expérimentée dont l’économie a besoin en raison de l’évolution démographique. Elles divergent en revanche sur la gravité des obstacles que rencontrent les chômeurs seniors à retrouver un travail. Comme sur les mesures à mettre en place pour maintenir leur employabilité ou leur permettre de vivre dignement sans l’espoir d’une réinsertion professionnelle. Les chiffres du chômage varient aussi selon que l’on intègre ou non dans les statistiques les personnes sans emploi qui se retrouvent en fin de droit et qui ne touchent dès lors plus les prestations de l’assurance.
Une situation qui se détériore
«Le taux de chômage des 50 ans et plus s’élève à 2,6%. Mais si on prend en compte l’ensemble des personnes concernées par la problématique dans cette catégorie d’âge, il grimpe, selon l’OIT, à plus de 4,5%», précise Daniel Lampart, premier secrétaire de l’USS. La faîtière syndicale a procédé à une analyse détaillée de la situation des salariés âgés et conclu qu’elle se détériorait. Selon cette dernière, le chômage est plus fréquent dans la catégorie des 55-64 ans en raison de préjugés croissants liés à l’âge et, surtout, dure plus longtemps. Les espoirs de réinsertion se révèlent nettement plus ténus, même quand les seniors bénéficient de bonnes qualifications ou n’ont pas d’attentes élevées en matière de salaire. Plus les demandeurs d’emploi avancent en âge, plus les risques de se retrouver à l’assistance sociale augmentent. L’USS note qu’entre 2005 et 2018, le taux des 50–64 ans concernés par cette finalité est passé de 1,9 à 2,9%. «Même en faisant d’innombrables postulations, ils reçoivent trop souvent des réponses négatives. Et parfois avec des explications assez fumeuses. Si une personne rencontre, en plus, des problèmes de santé ou des lacunes dans sa formation, elle devra être très chanceuse pour décrocher un nouvel emploi», relève Daniel Lampart. Les «issues de secours» que représentent la retraite anticipée ou une rente AI se révèlent par ailleurs aujourd’hui également nettement moins accessibles.
Vers une rente-pont?
Si, de son côté, le Seco admet que les chômeurs seniors connaissent des difficultés pour retrouver un job, il souligne néanmoins le fort taux d’emploi des 55-64 ans en comparaison avec d’autres pays de l’OCDE. En conséquence, la feuille de route adoptée à l’issue de la conférence se limite à renforcer les prestations de conseil, de réinsertion et de placement des ORP en faveur de cette population. Utile, mais insuffisant selon le responsable de l’USS, la faîtière ayant proposé une série de mesures (voir encadré) qui n’ont pas rencontré l’écho escompté. En revanche, les cantons pourraient bien franchir un pas de plus dans l’aide aux chômeurs âgés. Et se positionner clairement en faveur de prestations complémentaires pour ceux qui arrivent en fin de droit. Comme le laisse entendre un communiqué des chefs des Départements cantonaux de l’économie publique (CDEP) diffusé le jour même de la réunion. Dans ce dernier, il est fait référence aux solutions nationales préconisées par la Conférence suisse des institutions d’action sociale qui jugent urgente l’introduction de mesures de prestations complémentaires pour les chômeurs de longue durée. Une proposition qui devrait, selon le CDEP, être prise en compte. «C’est un pas très positif. Il y a une vraie prise de conscience de la problématique, en contradiction avec l’image relativement positive promue jusqu’à présent par la Confédération désormais isolée dans ses analyses et ses orientations», conclut Daniel Lampart.