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Travail gratuit depuis le 21 octobre...

Des femmes assises, bras croisés, près de la fontaine de la Justice à Neuchâtel.
© Thierry Porchet

A Neuchâtel, 71 chaises avaient été placées près de la fontaine de la Justice, puis occupées par 71 femmes, symbolisant les 71 jours non payés au personnel féminin jusqu’à la fin de l’année. 

Le Collectif neuchâtelois pour la grève des femmes a organisé une action symbolique pour dénoncer la persistance des discriminations salariales. Des démarches similaires ont aussi été menées dans d’autres villes du pays

Ambiance singulière le 21 octobre dernier, à côté de la fontaine de la Justice, à Neuchâtel. Aux environs de midi, 71 femmes ont pris place sur des chaises, tabourets et transats installés pour l’occasion. La date retenue et le nombre de participantes assises ne relevaient en rien du hasard. Le 21 octobre, à 11h03 précisément, a en effet marqué le début du travail gratuit pour les femmes prenant en compte le fait qu’elles gagnent toujours 20% de moins que les hommes... «Depuis une heure, nous ne sommes plus payées. C’est inacceptable», a dénoncé Marianne Ebel, représentante du Collectif neuchâtelois pour la grève des femmes réunissant différentes associations et syndicats. «En clair, d’ici au 31 décembre, nous aurions droit, pour être à égalité avec nos collègues masculins, à 71 jours de congé.» Au cours de cette mise en scène symbolique, plusieurs autres oratrices ont pris la parole pour fustiger la persistance des discriminations salariales. Des discours ponctués par des chansons engagées et des récriminations répétées en chœur par l’assemblée composée d’une centaine de personnes. Nombre de manifestantes brandissaient des pancartes dénonçant la situation dans différentes professions dites féminines comme la vente, la coiffure, les soins, l’hôtellerie... Des métiers particulièrement mal payés et des écarts salariaux entre les sexes que rien ne justifient. «Anticonstitutionnel et illégal», s’est indignée Catherine Laubscher, secrétaire régionale d’Unia invitant les activistes à compter d’une même voix jusqu’à 71 pour donner toute la mesure de ces journées de labeur non rémunérées.

«Nous voulons plus!»

«Inacceptable», a aussi répété Isabel Amian, une autre collaboratrice d’Unia, rappelant l’immense mobilisation du 14 juin dernier. «Nous exigeons l’égalité salariale. L’égalité des chances. Les femmes sont victimes d’une triple discrimination: elles touchent des bas salaires, sont souvent astreintes à des horaires irréguliers rendant la planification de leur temps et la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale difficile. Elles sont de surcroît fréquemment contraintes d’occuper des emplois à temps partiel. Cela doit changer.» Et la syndicaliste de rappeler la campagne d’Unia «Women want more» (les femmes veulent plus, ndlr) qui vise à revaloriser les salaires dans les branches où les femmes sont les plus nombreuses. Même besoin pour le personnel du secteur parapublic, essentiellement féminin. Léa Ziegler, secrétaire syndicale du Syndicat des services publics (SSP), a aussi évoqué les difficultés des employées à accéder à des fonctions dirigeantes, les temps partiels forcés, l’absence de congé parental, les coupes liées aux mesures d’austérité ou encore la précarité générée dans ce domaine par les externalisations de services comme les buanderies, le nettoyage, les cuisines ou encore les crèches. Sans oublier les rentes misérables à l’heure de la retraite.

374 milliards d’économie...

Marianne Ebel a encore insisté sur le travail gratuit effectué par les femmes, entre les tâches ménagères, l’éducation des enfants et l’aide aux proches vieillissants... «374 milliards de francs par an sont ainsi économisés sur notre dos», a chiffré la militante qui, saluant un nombre plus élevé d’élues au Parlement fédéral, a prévenu que les femmes ne baisseront pas pour autant la garde. «Nous serons toujours là. Nous ne lâcherons rien! Nous voulons l’égalité et la justice maintenant...» a martelé l’activiste annonçant la création d’un groupe de travail chargé de réclamer des comptes aux parlementaires neuchâtelois. Non sans prévenir: «Si rien ne change, nous ferons grève.» Et le collectif féministe de réclamer à plusieurs reprises des analyses régulières des salaires, le rehaussement des rémunérations les plus basses, des contrôles dans toutes les entreprises et des sanctions pour celles qui violent la loi.

Des actions analogues ont aussi eu lieu dans différentes villes du pays dont Genève, Saint-Gall, Zurich, Lugano, Lucerne, Coire ou encore Bâle. Dans la cité rhénane, Unia a sillonné la ville avec un sac à commissions géant, faisant halte devant différents commerces de détail pour attirer l’attention sur l’inégalité salariale et appeler les employeurs à agir...

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