Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

L’e-commerce ne fait pas de cadeau aux salariés

Vendredi, à l’occasion du Black Friday, et tout ce mois de décembre en prévision des Fêtes, les sites d’e-commerce surchauffent. En premier lieu Amazon, qui fait l’objet de deux récentes études en France. La première a été réalisée par Attac, l’union syndicale Solidaires et les Amis de la Terre, tandis que l’autre est signée par l’ancien secrétaire d’Etat au numérique de Macron, Mounir Mahjoubi. Elles débouchent sur la même conclusion: pour un emploi créé dans l’Hexagone, le géant mondial du commerce électronique en détruit deux. «Ses entrepôts embauchent 2,2 fois moins de salariés que les commerçants traditionnels» et son activité «a potentiellement supprimé 10400 emplois dans le commerce de proximité», écrit l’ex-ministre – qu’on ne peut suspecter d’écolo-gauchisme. Le député met en cause une «organisation du travail contestable»: «Par la répétition minutée de gestes simples et mécaniques, les préparateurs de commandes s’épuisent physiquement et psychologiquement. Considérés aujourd’hui comme des robots, Amazon remplacera demain ces hommes et ces femmes par des machines autonomes.»

4000 robots autonomes s’activent déjà dans un centre logistique inauguré cette année dans la région parisienne par la société de Seattle. A leur côté, on ne dénombre que 670 postes de travail humain. Il ne faudra qu’une dizaine d’années encore pour voir les entrepôts entièrement gérés par ces robots, expliquait au printemps dernier Jeff Bezos. Le patron de la firme est l’un des hommes les plus riches du monde avec une fortune de plus de 100 milliards de francs, qui devrait s’accroître encore à l’avenir puisque, comme le montre le rapport d’Attac, Solidaires et les Amis de la Terre, Amazon dissimule une partie de son chiffre d’affaires aux impôts (57% pour la France) et pratique l’évasion fiscale. Soit dit en passant, si cette automatisation des processus de travail se poursuit dans la logistique et d’autres branches, il faudra bien réduire massivement le temps de travail, partager les emplois et, afin de financer la prévoyance professionnelle, élargir l’assiette des cotisations aux profits.

Amazon n’a pas encore posé le pied chez nous. Mais la multinationale dispose de quelques facilités offertes par… La Poste – qui une fois encore n’est guère guidée par l’intérêt général et qu’il faudrait ramener à un rôle de régie publique – et réalise déjà un chiffre d’affaires de 600 millions (données de 2017) dans notre pays, derrière Zalando (800 millions en 2018) et Digitec Galaxus (qui tutoie le milliard). Ce dernier site appartient à Migros, mais ses 1300 employés ne sont pas couverts par la Convention collective du groupe. Dans une enquête menée en 2017 dans la vente en ligne, Unia constatait que 87% des salariés interrogés aspiraient à de meilleures conditions de travail et d’embauche. Relevons enfin que c’est bien le géant orange qui demande constamment un élargissement des horaires d’ouverture des magasins… en raison de la concurrence du commerce en ligne – dont il occupe la première place dans notre pays.