Face aux risques que représente la mise au concours du réseau de bus régional, les conducteurs ont remis aux autorités jurassiennes une pétition munie de 4000 signatures
Quelque 150 chauffeurs et sympathisants ont manifesté mercredi dernier à Delémont devant le Parlement jurassien (photo). Ils sont en colère contre le gouvernement cantonal et la manière dont il a mis au concours le réseau de bus régional. Pour mémoire, dans l’idée d’économiser près d’un million de francs par an, l’exécutif jurassien est prêt à céder l’exploitation des 38 lignes régionales, urbaines et nocturnes, aujourd’hui assurée par CarPostal et, dans une moindre mesure, par les Chemins de fer du Jura, au soumissionnaire suisse ou étranger le meilleur marché. A cette fin, il a renoncé à émettre des critères contraignants concernant la reprise du personnel, le maintien des conditions de travail et d’embauche, ainsi que l’obligation de souscrire à une convention collective. Les conducteurs et leurs syndicats, Syndicom et le SEV, craignent que les sociétés qui décrocheront les lots ne s’en tiennent qu’au salaire minimum usuel de la branche de 58300 francs par an, soit un montant d’environ 25% inférieur à la rémunération moyenne des chauffeurs dans le Jura.
Quelques jours avant la clôture de l’appel d’offres le 28 novembre, Arcinfo révélait que la filiale internationale de la RATP (Régie autonome des transports parisiens), RATP Dev, était sur les rangs, de quoi aviver les inquiétudes des chauffeurs. RATP Dev est en effet déjà présente en Suisse, notamment comme sous-traitante des Transports publics genevois (TPG). Les collaborateurs de RATP Dev ne bénéficient pas des mêmes conditions que leurs collègues de la régie genevoise, la différence salariale atteint jusqu’à 1500 francs par mois. En outre, la direction de la filiale française entretient un climat antisyndical. Comme L’Evénement syndical l’évoquait au mois d’octobre, un délégué syndical a ainsi reçu un avertissement avec menace de licenciement.
Face à ces risques, les conducteurs ont remis aux autorités jurassiennes une pétition munie de 4000 signatures et, vêtus de gilets jaunes symboliques, des bombes… en chocolat. La bombe sociale à retardement, elle, est bien réelle. Secrétaire régional de Syndicom, Jean-François Donzé a déclaré: «Nous attendons du gouvernement qu’il fasse preuve de la sensibilité nécessaire dans le choix de la future entreprise. Il ne doit pas sacrifier les chauffeurs et donc ses propres citoyens.»