Dysfonctionnements Express
Depuis son lancement, le Léman Express côté français est bien en peine: peu de trains circulent et ceux qui roulent sont souvent annulés ou en retard. Les rames arrivant depuis la Suisse à Annemasse, ou en repartant, subissent aussi des retards. Ces dysfonctionnements résultent-ils de la grève, comme le laisse entendre la presse helvétique? Les cheminots que nous avons rencontrés s’inscrivent en faux contre cette explication. «La grève arrange bien la direction et lui laisse du temps pour mettre en œuvre le projet. Nous ne serions pas en grève que ça ne marcherait pas mieux. Il y a aujourd’hui suffisamment de conducteurs non grévistes pour faire tourner les trains, mais la direction n’y arrive tout simplement pas», assure Laurent. De gros problèmes de procédure aggravés par des formations données à la va-vite en seraient la cause. «Nous recevons un message de saturation lorsque deux trains arrivent en gare.» Jérôme, un autre cheminot, confirme: «Alors qu’un quart des trains circulent, ils doivent stationner 15 minutes avant de pouvoir entrer en gare.»
Les formations jugées lacunaires ont été pointées du doigt par les cheminots, qui exigent aussi une prime de vie chère. «On a fait venir des gens de toute la France pour travailler sur le Léman Express, certains ne touchent que le SMIC (1539 euros), alors qu’ici, on doit payer des loyers de 800 euros», explique Laurent. Les négociations sur ce sujet sont toutefois au point mort depuis l’ouverture du conflit sur les retraites.
Le soutien des p’tits Suisses
Dans un message signé de son président, Pierre-Yves Maillard, l’Union syndicale suisse a tenu à assurer les syndicats mobilisés contre le projet de réforme des retraites en France de son soutien et à leur souhaiter «courage, détermination et succès». «En Suisse aussi, le mouvement syndical se bat avec véhémence contre une tendance croissante à la privatisation de la prévoyance vieillesse», lit-on dans la missive.
La section SEV des Transports publics genevois (TPG) a également voté une résolution de soutien aux forces opposées au gouvernement, «qui dans sa logique libérale entraîne les classes populaires vers toujours plus de soumission et de pauvreté». Le SEV-TPG a, en outre, versé 2000 francs de son fonds de soutien à la caisse de grève de l’Intersyndicale des cheminots d’Annemasse, un geste bien apprécié par les intéressés. «Les résolutions de soutien sont bien jolies, mais l’enjeu maintenant est d’aider financièrement les grévistes. Il faut que cette solidarité soit le fait des fédérations syndicales nationales», estime le président du SEV-TPG, Vincent Leggiero. Le mécanicien juge que le conflit français nous concerne directement: «Ils se battent pour garder un système de retraites basé sur la répartition et éviter le régime de capitalisation que nous connaissons dans notre pays avec le 2e pilier et dont nous voudrions, de notre côté, sortir.»
Toute contribution à la caisse de grève des cheminots savoyards est la bienvenue: Iban FR76 1027 8024 0700 0220 0480 158 à l’attention de leur association: «C’est un vendredi», 83 rue de l’Eglise, 74450 Cervens.