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La santé passe avant les profits

Action escargot menée par Unia devant le McDrive de Crissier.
© Thierry Porchet

Unia a mené une action escargot au McDrive de Crissier pour exiger sa fermeture et rappeler au géant mondial du fast-food que la santé de la population passe avant ses profits et qu’«en pleine pandémie mondiale, il n'est pas essentiel de pouvoir s’acheter un Happy Meal».

Le 20 mars, Unia Vaud a demandé la fermeture du McDrive de Crissier et des autres fast-foods non essentiels en période de pandémie. Le lendemain, McDonald’s fermait ses antennes

En ce premier jour de printemps, Unia Vaud se félicite que son cri d’alerte ait été entendu: McDonald’s Suisse a annoncé la fermeture de tous ses McDrive encore ouverts la semaine dernière, et la suspension de ses services de livraison à domicile. Une volte-face car, la veille, la multinationale ne semblait pas prête à interrompre ses services. D’où l’action syndicale devant le McDrive de Crissier, demandant que cette succursale – et les autres – soit fermée, les conditions d’hygiène et l’état de nécessité n’étant pas réunis. Une revendication qui s’étendait à toutes les autres entreprises de fast-food.

Ce blocage faisait suite à la dénonciation par des employés du McDrive de Crissier de conditions de travail exécrables en période de pandémie: pas de gants, pas de masque ni de produit désinfectant supplémentaire, et une promiscuité intenable dans les cuisines. «Les salariés considèrent que leur santé, celle de leurs proches et celle des clients est mise en danger par cette activité», expliquait Unia Vaud dans un communiqué. Retour sur une mobilisation victorieuse du personnel et du syndicat.

Promiscuité en cuisine

Vendredi, 11h30 du matin, des syndicalistes défilent en voiture à la vitesse des escargots devant le McDrive de Crissier. A la suite du blocage, la police intervient et inspecte les locaux avant de décréter que seules huit personnes peuvent travailler en même temps au vu de l’espace à disposition, selon les indications du syndicat. «La moitié du personnel a été renvoyé à la maison», précise Giorgio Mancuso, responsable du secteur tertiaire d’Unia Vaud. Et pourtant McDonald’s Suisse indique par mail, à la suite de nos questions, avoir été surpris par l’action syndicale alors que la société suit «scrupuleusement les directives du Conseil fédéral». «Les McDrive et le service de livraison à domicile McDelivery restent ouverts, car il s’agit de services de restauration sans contact direct entre les clients et les employés, écrit-elle encore. La sécurité et la protection de nos employés et de nos hôtes sont notre priorité absolue.»

Des propos démentis par de nombreux témoignages émanant du personnel: parfois plus de 20 personnes en cuisine, à moins d’un mètre les unes des autres, sans gants ni masque, alors qu’un hamburger passe dans les mains de trois personnes au moins; des menaces si l’employé ne se rend pas au travail même s’il a des obligations familiales ou vit avec une personne à risque; l’échange d’argent liquide avec les clients, etc.

«En début de semaine, j’ai été atterrée de voir que rien n’avait été mis en place», confie une employée qui préfère garder l’anonymat. «En cuisine, on se marche dessus. Cette dernière semaine les commandes explosent avec parfois 25 menus pour une seule voiture. Manger un hamburger, comment peut-on appeler ça une nécessité? Les gens ne peuvent-ils pas se faire des pâtes à la maison? Et des clients râlent parce que ça ne va pas assez vite et nous jettent l’argent à la figure! Alors que les consignes sont de rester à la maison!»

Fermeture nécessaire

Par peur de perdre leur emploi, tous les employés ne sont pas solidaires, même si certains managers saluent discrètement la démarche d’une partie du personnel qui a écrit à la direction à propos de cette situation intenable et de leurs craintes. «Nous n’avons pas reçu de réponse à nos questions, témoigne une employée. Quand on se ment à soi-même, il est difficile de dire la vérité aux autres…» A la suite de l’action, elle souligne: «Diminuer le nombre de personnes c’est important, mais à huit, et face à l’afflux de clients, le personnel va être épuisé rapidement. McDonald’s joue avec ma santé et celle de mes collègues pour son porte-monnaie!» Et d’en appeler à la fermeture, comme sa collègue qui conclut: «Pourquoi une multinationale ne fait-elle rien pour anticiper l’épidémie alors qu’on a les exemples des pays voisins? Comment ose-t-elle, en début de semaine, lancer un concours et des promotions pour attirer de la clientèle? Je commence à détester sérieusement le capitalisme». Leur mobilisation a payé.

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