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Un plan promettant la création de plus de 50 000 emplois

Une jeune femme devant BernExpo avec un arbre posé sur un vélo.
© Greenpeace/Ex-Press/Severin Nowacki

Greenpeace a symboliquement approché les parlementaires le 4 mai dernier, au début de la session extraordinaire tenue à BerneExpo, avec un arbre, afin de leur adresser une pétition signée par 22500 personnes demandant un green new deal, une reprise verte. 

Greenpeace demande un plan de relance solidaire compatible avec la protection du climat. L’organisation a remis une analyse et des propositions aux parlementaires dans ce sens

Un arbre haut de 4 mètres et une pétition soutenue par quelque 22500 personnes: c’est muni de ces deux moyens que Greenpeace a approché, le 4 mai dernier, les parlementaires réunis en session extraordinaire jusqu’au 8 de ce même mois. L’ONG a souhaité, d’une part, rendre visible son action avec ce végétal qui a ensuite été planté dans un espace vert de la ville de Berne et, d’autre part, alerter les élus sur la nécessité d’une relance compatible avec la protection du climat. Une exigence exprimée par les signataires d’une liste de revendications fondées sur un green new deal. Et invitant les autorités à saisir l’occasion qui se présente en accélérant les efforts en termes de préservation de l’environnement et de durabilité. Concrètement, les pétitionnaires demandent une accélération de la restructuration du secteur énergétique avec l’abandon le plus rapidement possible des combustibles fossiles au profit d’énergies renouvelables. Ils réclament en outre des investissements financiers plus respectueux du climat via, entre autres, l’édiction de règles conditionnant les prêts bancaires accordés avec le soutien du gouvernement au développement d’une économie bas carbone. Les signataires demandent par ailleurs la promotion d’une agriculture biologique, locale, «libérée des importations de fourrage et plus résistante aux crises que la production industrielle» prévalant aujourd’hui. Enfin, ils s’opposent aux aides d’entreprises dont les activités sont particulièrement nuisibles pour le climat, sauf si elles s’engagent à atteindre zéro émission nette d’ici à 2030. 

La transition énergétique au cœur de la relance

Ces mesures défendues par Greenpeace sont réalistes, selon l’analyse de l’ONG et d’Energie-Wende-Ja, qui ont mandaté une étude détaillée sur le sujet. Deux experts ont en effet planché sur des solutions pour «sortir l’économie du gouffre» dans lequel l’a plongée la pandémie de coronavirus tout en tenant compte des impératifs climatiques. L’étude en question a été remise aux parlementaires et décrit en 140 pages les modalités de la mise en œuvre du plan de relance 2020-2030 envisagé et les bénéfices qu’il apporterait. Il se fonde sur un programme d’impulsion d’environ 16 milliards de francs. «Son application permettrait de respecter les engagements pris dans l’accord de Paris et générerait la création de plus de 50000 emplois», affirme Georg Klingler, expert des questions climatiques pour Greenpeace Suisse. Au cœur de la «réforme», la transition énergétique vise notamment au remplacement accru des systèmes de chauffage fonctionnant avec des combustibles fossiles par d’autres recourant aux énergies renouvelables. «Nous misons aussi sur une plus grande efficacité énergétique des bâtiments et une offensive solaire via l’accroissement de panneaux sur les toits.» Le rapport suggère en outre des interventions dans le domaine de la mobilité: «Il faut davantage d’infrastructures soutenant les véhicules électriques et élargir les espaces urbains consacrés aux piétons et aux cyclistes. Les transports publics doivent être améliorés via la numérisation.» Pas question, dans ce contexte, de construire plus de routes mais de faire avancer et d’introduire au plus vite le mobility pricing(la tarification de la mobilité). 

Chance manquée

Dans cet ordre d’idées, le représentant de Greenpeace fustige la décision du Conseil fédéral avalisée par les Chambres d’investir près de deux milliards dans le domaine de l’aviation sans contreparties climatiques. «C’est une catastrophe. D’autres pays, comme la France, ont fixé des objectifs environnementaux (Paris a exigé de la compagnie Air France qu’elle renonce aux vols intérieurs où il existe une alternative par rail, ndlr). La Suisse a manqué cette occasion. Nous réfléchissons à la manière dont nous combattrons cette décision.» Il sera nécessaire dans tous les cas d’éviter la tentation de miser sur le pétrole dont le prix a aujourd’hui vertigineusement chuté en raison de la production excédentaire et du manque de capacité de stockage. «Il faut lutter contre cet effondrement avec une rapide augmentation de la taxe sur le CO2. Nous proposons une hausse permettant d'arriver à un prix minimal de 150 francs par tonne.» 

Si le plan de relance envisagé a un coût, Georg Klingler met dans la balance celui généré par la pollution provoquant de graves dommages à la santé et aux infrastructures, et le dérèglement climatique qui engendre lui aussi des dépenses importantes. Pour le financer, les experts du rapport suggèrent que la Confédération et la BNS créent de la monnaie à hauteur de 100 milliards de francs, montant comprenant déjà celui investi par le gouvernement pour contrer les effets de la pandémie sur l’économie, additionné d’un fonds de réserve. L’étude juge «négligeable» les risques d’inflation, cette somme correspondant, est-il précisé, à moins de 1% de la masse monétaire en circulation. «La crise sanitaire peut représenter une chance pour le climat, mais j’ai peur qu’on ne la saisisse pas. Et qu’il n’y ait, demain, plus d’argent pour agir. Seul un changement global du système et des investissements dans ce sens nous permettront d’atteindre les objectifs environnementaux», conclut le spécialiste.

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