Jura: encore des rémunérations sous le salaire minimum
Un an après l’entrée en force du salaire minimum cantonal dans le Jura, certains employeurs traînent encore les pieds et ne versent pas les 3600 francs par mois ou les 20 francs l’heure requis, comme Le Quotidien Jurassien s’en est récemment fait l’écho. Le journal a cité le cas d’un jeune travailleur ayant été engagé pour un salaire de 3300 francs. Son contrat était déjà illégal, mais en plus, il ne recevait que 2600 à 2700 francs par mois. «Aucune plainte n’a encore été déposée devant le Conseil de prud’hommes, mais nous avons des cas, oui, des rémunérations sont encore situées en-dessous du salaire minimum, indique la secrétaire régionale d’Unia Transjurane, Rébecca Lena. Le problème, c’est que le fardeau de la preuve repose sur les salariés. Craignant d’être licenciés, les travailleurs ne se tournent pas vers les Prud’hommes. Certains nous prient même de ne pas intervenir tant qu’ils sont en emploi. Les cas ne nous parviennent que lorsque les salariés quittent ou perdent leur travail. C’est extrêmement frustrant pour nous.» Le second problème pour Rébecca Lena est l’insuffisance des contrôles et, surtout, l’absence de sanctions. «La Commission tripartite de libre circulation des personnes doit monitorer toutes les branches non couvertes par une convention collective de travail (CCT), elle ne peut pas tout vérifier. Et elle ne dispose pas de mesures contraignantes, elle ne peut qu’inviter les employeurs à se mettre en conformité, contrairement aux commissions paritaires qui peuvent amender les entreprises ne respectant pas les CCT, déplore la responsable syndicale. Je lance un appel aux politiques: lorsqu’on parque sa voiture en-dehors des cases, on paie une amende; un employeur qui pratique la sous-enchère salariale, lui, ne risque pas d’être sanctionné, ce n’est pas normal.»