Pour une sortie de crise solidaire
Il fallait s’y attendre, la pandémie frappe plus durement les personnes à revenus modestes que les nantis, autant sur les plans sanitaire qu’économique. Des enquêtes à Genève et à Bâle montrent que les clusters sont plus virulents dans les quartiers populaires et que leurs habitants, souvent exclus du télétravail, sont plus exposés à un risque d’infection. Une étude publiée la semaine dernière par le Centre de recherches conjoncturelles de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich révèle, elle, que les ménages aux revenus inférieurs à 4000 francs ont perdu en moyenne un cinquième de leurs ressources financières. Pas moins de 27% des personnes appartenant à cette catégorie ont connu la réduction de l’horaire de travail (RHT). S’appuyant sur ces recherches, Unia a, dans un communiqué, revendiqué encore une fois une compensation à 100% de la RHT jusqu’à un salaire net de 5000 francs. Le syndicat demande, en outre, que les demandes d’aide sociale n’entraînent pas de sanction, certains travailleurs étrangers pouvant perdre leur permis. Et il propose une nouvelle redistribution sociale, par exemple sous la forme d’une taxe de solidarité sur les revenus en capital. Nous y reviendrons dans une prochaine édition.
Unia exige également du Conseil fédéral, dans un communiqué commun des syndicats et des organisations professionnelles de la santé, une «stratégie de la solidarité». Il s’agit d’éviter que la santé de la population ne soit compromise par un démantèlement trop rapide des mesures de protection sanitaire sous pression des lobbys patronaux. Les six organisations représentant le personnel de la santé réclament des «concepts de protection dans tous les lieux de travail et un strict contrôle des mesures». «Il est impératif que les salariés soient impliqués dans la définition des mesures de protection et dans le contrôle», écrivent-elles. La branche de la santé veut encore qu’une garantie de déficit soit accordée aux hôpitaux reconnus d’intérêt public pour les années 2020 et 2021, et que des investissements permettent d’y augmenter les effectifs. Idem pour les EMS et les soins à domicile. Sur la même ligne qu’Unia pour la RHT compensée à 100% jusqu’à 5000 francs, le communiqué recommande également «l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui ont bénéficié d’une aide d’Etat».