La Grève pour l’avenir, qui comprend la Grève du climat, Unia, le SSP, la Grève féministe et les Grands-parents pour le climat entre autres organisations, appelle à la mobilisation le 21 mai 2021
La neutralité carbone d’ici à 2030, une protection conséquente et ambitieuse de notre environnement commun, ainsi qu’un état d’urgence climatique, telles sont les revendications principales de la Grève pour l’avenir. Mais pas que. Car le mouvement réunissant syndicats, écologistes, féministes et antiracistes lutte aussi pour la justice climatique et sociale. «Notre écologisme est radicalement populaire. La transition écosociale pour laquelle nous nous battons ne doit laisser personne de côté. Nous réclamons la réduction du temps de travail, un revenu de transition écologique et des reconversions professionnelles financées solidairement», écrit la région neuchâteloise de la Grève pour l’avenir. Solenn Ochsner, secrétaire syndicale d’Unia, souligne que «les inégalités écologiques renforcent les inégalités sociales». Car les personnes les plus précaires, ayant le moins de responsabilité dans le réchauffement, sont les plus touchées, un processus poussant déjà des millions de personnes sur les chemins de l’exil.
Canicules
«La plupart d’entre nous ne disposent pas de jet privé et de bunker en Nouvelle-Zélande pour échapper aux conséquences des désastres causés par nos investissements, explique la Grève pour l’avenir Fribourg. Et si la Terre devait devenir une étuve, cela se fera bien plus fortement sentir sur les chantiers qu’à l’ombre des bureaux climatisés.» François Clément, cosecrétaire régional d’Unia Fribourg, souligne que le réchauffement climatique est déjà une réalité, avec des conséquences dramatiques sur les lieux de travail: «Nos lois sont insuffisantes ou trop floues pour permettre de protéger correctement les travailleurs et les travailleuses de ce pays lors de canicules. Et quand elles existent, leur application fait défaut. Au point que les syndicats doivent bloquer des lieux de travail pour protéger le personnel. Et pourtant, ce n’est qu’un détail à l’échelle de la catastrophe annoncée par la communauté scientifique.»
Contre le capitalisme
La défense du service public, d’un système de santé digne de ce nom, des transports publics gratuits, sont également au cœur des revendications, tout comme la refonte du système de production, ou encore l’antiracisme et la lutte contre le patriarcat. «La surexploitation de la nature, des femmes, des personnes issues de communautés minoritaires et du Vivant a une même origine: les systèmes de domination patriarcale, capitaliste, néolibérale et colonialiste», explique Coraline Bénon du collectif neuchâtelois pour la Grève féministe.
Ce 21 mai est donc un premier jalon pour renforcer les liens entre les mouvements contre «un système économique destructeur». L’importance des luttes paysannes et de la promotion d’une agriculture durable et solidaire, de la culture et de l’éducation, ou encore la nécessité de repenser nos mobilités sont aussi intégrées dans le manifeste unitaire. La réponse insuffisante de la part des autorités et la responsabilité de la place financière dans la crise climatique sont dénoncées.
Pour une reconversion
Le 21 mai, à midi moins une, une alarme climatique retentira sur les lieux de travail et d’études, ainsi que dans les rues de Suisse pour alerter sur l’urgence de la situation.
«J’ai proposé à des camarades d’Holcim de faire retentir cette alarme climatique sur le Mormont, mais ils ont peur de perdre leur emploi, souligne Eric Ducrey, co-vice-président de la construction d’Unia Fribourg et militant écologiste. J’ai envie de dire à mes camarades ouvriers de penser à l’avenir. Le béton va obligatoirement diminuer. C’est à eux de prendre les choses en main pour continuer à travailler de manière durable. Ils doivent réclamer des formations, pousser aux changements. Ce n’est plus possible de gaspiller autant de béton et de goudron.»
Lors de la Marche du 1er Mai à Lausanne, Gary Domeniconi de la Grève du climat Vaud rappelait notamment qu’écologie et économie ne sont pas ennemies. De son côté, Solenn Ochsner précise: «Il est nécessaire de garantir la possibilité d’une reconversion professionnelle pour tous les travailleurs et les travailleuses en accord avec leur éthique. L’état d’urgence climatique doit financer un revenu de transition écologique pour ne laisser personne sur le carreau.»