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Egalité salariale: le Jura va montrer l’exemple

Stand à Delémont pour le démarrage de la campagne.
© Unia

En route vers l’égalité! Le 8 mars dernier à Delémont, Unia Transjurane démarrait la campagne en vue de la votation du 13 juin sur son initiative "Egalité salariale: concrétisons!"

Une approbation massive de l’initiative d’Unia Transjurane, le 13 juin, marquerait la première réponse concrète, en Suisse, aux revendications féminines de 2019. Le point avec Rébecca Lena et Patrick Cerf

Le printemps jurassien bouillonne et la campagne d’Unia ne baissera plus d’un degré jusqu’au scrutin cantonal du 13 juin prochain, dont l’enjeu est capital.

Rappel: déposée symboliquement le 8 mars 2018, validée le 22 mai 2019 par le Parlement, l’initiative intitulée «Egalité salariale: concrétisons!» passera par les urnes populaires, pour n’avoir pas été réalisée dans le délai légal de deux ans. Un effet de la pandémie, sans doute, mais finalement une belle occasion de lui conférer tout le poids qu’elle mérite.

Rébecca Lena, secrétaire régionale: «Une approbation claire et massive est indispensable, pour contraindre le monde politique à appliquer pleinement les actions promises par le Gouvernement cantonal, sans les mutiler pour des questions budgétaires.» La plus efficace de ces mesures: l’attestation de respect de l’égalité salariale inscrite comme préalable à l’octroi de toute subvention. Lorsqu’on touche au porte-monnaie…

La situation se dégrade

Inscrite en 1981 dans la Constitution fédérale, l’égalité salariale n’est cependant réalisée ni dans le Jura, ni ailleurs. Pire: faute de mesures contraignantes, les écarts se creusent encore et la pandémie accentue cette dégradation. Patrick Cerf, membre de la direction régionale d’Unia: «Depuis l’an dernier, les travailleuses subissent une triple peine. Majoritaires dans les métiers essentiels, elles sont au front avec tous les dangers et l’épuisement que cela implique. Ces métiers sont faiblement rétribués et elles y subissent encore des inégalités salariales qui les prétéritent jusqu’à leur mort, faute de rente AVS décente!»

Tous perdants!

Comme l’essentiel du monde politique, les tenants de l’économie ont beau jeu de stigmatiser le virus et ses effets. En réalité, un dumping salarial est exercé sur les femmes, dans le seul but d’engranger de plus grands bénéfices.

Et Unia Transjurane de souligner qu’à l’exception de certains employeurs, ces inégalités ne font que des perdants: les familles, pour lesquelles le travail féminin est plus important qu’ailleurs, eu égard à la faiblesse relative des salaires jurassiens; les assurances sociales qui perçoivent moins de cotisations; les collectivités, dont la masse de recettes fiscales stagne; les contribuables, dont les impôts servent à soutenir des travailleuses pauvres parce que sous-payées.

«Il s’agit d’un problème social de premier plan, auquel un demi-million de femmes ont dit clairement: “Stop!” le 14 juin 2019. Il leur a fallu beaucoup de courage pour descendre dans la rue. Dans le Jura, près de 5000 d’entre elles revendiquaient davantage de respect et de meilleurs salaires. La pandémie leur a interdit de sortir l’an dernier, il est grand temps qu’elles puissent se faire entendre dans les urnes», estiment les deux syndicalistes.

Les initiants en sont convaincus: un «oui» massif, le 13 juin, conférera publiquement la légitimité des revendications féminines. Il exprimera une forte volonté populaire de changement et ouvrira la porte à des sommations contraignantes si nécessaire. Le doute ne sera plus permis, les politiques seront littéralement portés par le peuple, pour utiliser toutes leurs armes légales en vue d’appliquer enfin la maxime «travail égal, salaire égal».

Aucune crainte pour l’économie

Il est quasi certain qu’aucune force politique ne s’opposera publiquement à l’initiative soutenue par les autorités jurassiennes. Ce qui n’empêchera pas les actions insidieuses, les pressions plus ou moins camouflées. Pour préserver leurs bénéfices, certains patrons chercheront fatalement, une fois encore, à activer la peur pour l’avenir des entreprises, donc pour les emplois. Mais qu’on s’en souvienne: les mêmes oiseaux de mauvais augure affirmaient haut et clair que le contrat-type de travail (CTT) jurassien du commerce de détail allait tuer cette branche. «Or, aujourd’hui, les contrôles révèlent justement que les petits commerçants pratiquent des salaires clairement supérieurs à ce qui se fait dans la grande distribution!» s’exclame Rébecca Lena.

En réalité, l’économie jurassienne a bel et bien tout à gagner d’une revalorisation des salaires féminins, soulignent nos interlocuteurs: «En donnant du pouvoir d’achat aux familles, on va leur permettre de dépenser davantage, ce que les femmes font le plus souvent localement.» Cet effet de relance bienvenu, des salaires féminins décents le renforceront aussi en redonnant leur autonomie financière aux travailleuses pauvres dépendant aujourd’hui de l’aide sociale.

Ce 13 juin, la Suisse entière aura un œil sur le Jura et Unia en est conscient: ce vote aura valeur d’exemple pour les autres cantons.

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