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Un traité «historique» pour mettre fin à la pollution plastique

Des enfants jouant sur une plage envahie de plastique à Manille.
© Greenpeace

Des millions de tonnes de plastique sont déversées chaque année dans les océans ou rejetées dans l’environnement, avec les risques pour la santé et la biodiversité que cela représente. Ici, des enfants jouant sur une plage envahie de plastique à Manille.

Début mars, 175 Etats ont décidé d’élaborer un accord international juridiquement contraignant dans les deux ans à venir contre les plastiques à usage unique

Début mars, une décision «historique» a été entérinée par l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement. Chefs d’Etat, ministres de l’environnement et autres représentants de 175 Etats ont approuvé à Nairobi, une résolution «visant à mettre fin à la pollution plastique et à élaborer un accord international juridiquement contraignant d'ici à 2024». Le texte porte sur l’ensemble du cycle de vie du plastique, de sa production à son élimination en passant par son utilisation. Un comité intergouvernemental de négociation (CIN) va ainsi commencer ses travaux. «Ce jour marque le triomphe de la planète Terre sur les plastiques à usage unique. Il s'agit de l'accord multilatéral sur l'environnement le plus important depuis l'Accord de Paris», a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Celui-ci, dans un communiqué, souligne qu’en parallèle, il travaillera «avec tous les gouvernements et les entreprises qui le souhaitent, tout au long de la chaîne de production, pour abandonner les plastiques à usage unique, ainsi que pour mobiliser les financements privés et supprimer les obstacles aux investissements dans la recherche et dans une nouvelle économie circulaire».

Pollution massive

Or, le temps presse. La production de plastique est passée de 2 millions de tonnes, en 1950, à 460 millions en 2019. Moins de 10% des déchets sont actuellement recyclés et 22% abandonnés dans des décharges sauvages, brûlés à ciel ouvert ou rejetés dans l’environnement, selon des estimations de l’OCDE (l'Organisation de coopération et de développement économiques). Le PNUE souligne les risques pour la santé, mais aussi «les impacts de la production et de la pollution du plastique sur la triple crise planétaire du changement climatique, de l’effondrement de la biodiversité et de la pollution. Avec quelque 11 millions de tonnes de déchets plastiques qui se déversent chaque année dans les océans, plus de 800 espèces marines et côtières sont affectées…» L’organisation promeut donc le passage à une économie circulaire qui pourrait diminuer «de plus de 80% le volume de plastique entrant dans les océans d'ici à 2040, réduire de 55% la production de plastique vierge, faire économiser 70 milliards de dollars aux gouvernements d'ici à 2040, réduire de 25% les émissions de gaz à effet de serre et créer 700000 emplois supplémentaires, principalement dans les pays du Sud».

La CSI pour une transition juste

Une opportunité aussi pour l’emploi? Si la Confédération syndicale internationale (CSI) salue cet accord en faveur d’un traité mondial pour affronter la crise de la pollution plastique, elle exige «une action immédiate assurant une transition juste pour les travailleurs et les travailleuses» du début à la fin du cycle du plastique. Soit de la fracturation des combustibles fossiles à sa production et au traitement des déchets. Sa secrétaire générale, Sharan Burrow, a déclaré: «Il est important que la résolution finale reconnaisse le rôle capital que jouent les travailleurs informels et les coopératives de travailleurs dans la collecte, le tri et le recyclage du plastique dans de nombreux endroits.» Elle demande des plans de transition justes tout en ajoutant que, «pour dire les choses franchement, la planète ne peut pas attendre».

Dans un communiqué sur le dernier rapport du GIEC, la faîtière syndicale souligne que ce dernier «dresse le tableau le plus sombre à ce jour de l’urgence climatique» en affirmant «que nous avons dépassé certains seuils d’intervention, ce qui implique des pertes et des dégâts irréversibles. De plus, selon ses auteurs, pour qui cette décennie représente la dernière occasion d’agir, il n’est pas envisageable d’attendre l’invention de solutions technologiques pour rattraper le retard.»

Rapport du GIEC alarmant

«C’est un recueil de la souffrance humaine et une accusation accablante envers l’échec des dirigeants dans la lutte contre les changements climatiques.» Cette phrase n’est pas celle d’un militant de la grève du climat ou d’Extinction Rebellion, mais du secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), António Guterres, à la suite de la publication du dernier rapport du GIEC (rédigé par 270 scientifiques à partir de l’analyse de 34000 études). Fin février, dans un message vidéo, il dénonce: «Près de la moitié de l’humanité vit dans la zone de danger – aujourd’hui et maintenant. De nombreux écosystèmes ont atteint le point de non-retour.» Pour le chef de l’ONU, le rapport éclaire deux vérités essentielles: «La première est que le charbon et les autres combustibles fossiles étouffent l’humanité. La deuxième, un peu plus positive, est que l’investissement dans l’adaptation aux changements climatiques sauve des vies.» Or, selon lui, les financements, et les engagements pris pour renforcer l’aide aux pays en développement en matière d’adaptation, sont «clairement insuffisants». «Perdre du temps, c’est périr», a-t-il encore souligné, rappelant que «chaque fraction de degré compte». Le GIEC alerte notamment sur le fait que le réchauffement va plus vite que les mesures bien trop faibles, voire contre-productives, mises en place par les gouvernements.

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