Trois questions à Reto Wyss, secrétaire central à l’USS
Après cette annonce, qui vient s'ajouter à la hausse généralisée des prix, beaucoup de ménages vont avoir du mal à joindre les deux bouts. La lutte pour une hausse globale des salaires va-t-elle s'intensifier?
L’automne s’annonce effectivement très chaud cette année. Lors de notre conférence de presse annuelle, l’USS avait déjà pris en considération la hausse des primes d’assurance maladie, de l’énergie et des loyers. Mais aujourd’hui, nous en avons la confirmation officielle et cela va renforcer notre position dans les négociations et dans toutes les branches.
Sans surprise, du côté patronal, on répond souvent que des hausses de salaire générales ne sont pas envisageables et qu’il faut regarder au cas par cas, que certaines entreprises ne sont pas profitables et que, elles aussi, sont touchées par l’explosion des prix de l’énergie. Mais avec ces propos, ils se trompent de cible.
Comment peut-on expliquer que la Suisse soit l'un des seuls pays en Europe à avoir un tel système de financement?
Je ne suis pas historien, mais ce système perdure et existait déjà avant l’introduction de la LAMal, et s’inscrit dans un Etat-providence lacunaire.
Revenons sur les chiffres. En Europe, pratiquement partout, environ 80% du financement de l’assurance de base se fait à travers un prélèvement proportionnel sur les revenus, soit via les impôts comme en Angleterre, soit via des cotisations salariales comme en Allemagne. En Suisse, on parle seulement de 30% pris en charge par l’Etat. Sans oublier que, dans notre pays par exemple, les soins dentaires sont complètement oubliés, alors que partout ailleurs, il y a toujours une prise en charge, même mineure. C’est une situation intenable.
A quoi ressemblerait le système de santé idéal pour l'USS?
Pour commencer, une caisse unique résoudrait pas mal de problèmes. Actuellement, une cinquantaine de caisses essaient de tirer leur épingle du jeu, générant entre autres des coûts administratifs et publicitaires énormes.
Ensuite, il y a la question des mesures de maîtrise des coûts sur laquelle nous débattons depuis des décennies. Il ne s’agit évidemment pas de couper dans le personnel soignant, bien au contraire. La loi interdit de faire des profits dans l’assurance de base, mais l’industrie pharmaceutique en fait, tout comme les assureurs et les hôpitaux privés, et il faut que cela change!
Enfin, il faut mettre en place un financement de primes individuelles en fonction du revenu, respectivement élargir les subsides LAMal. Comme le demande notre initiative d’allègement des primes, leur charge ne doit pas dépasser 10% du revenu, et si c’est le cas, cela doit être pris en charge par l’Etat. Ces subsides existent déjà, mais ils sont insuffisants.