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Lausanne au cœur de la question kurde

Les intervenants de la table ronde.
© Thierry Porchet

Presque cent ans après la signature du Traité de Lausanne, la région du Kurdistan est toujours en lutte.

Une table ronde s’est tenue dans la capitale vaudoise en vue du centenaire du Traité de Lausanne et à l’occasion de Newroz, le Nouvel-An kurde

«Le Traité de Lausanne, 100 ans après: quel avenir pour les Kurdes?». La question est posée par le Centre culturel du Kurdistan qui a organisé une table ronde à l’occasion de Newroz, le Nouvel-An kurde, le 22 mars dernier.

Au Casino de Montbenon, devant un public attentif, Yüksel Koç, coprésident du Congrès démocratique kurde en Europe (KCDK-E) et des conseillers nationaux de différents partis de gauche ont partagé leur vision et appelé à la solidarité internationale.

Derrière eux, un projecteur fait défiler une carte du Kurdistan et le programme* des prochains mois pour commémorer le Traité de Lausanne signé par les puissants de ce monde au Palais de Rumine à Lausanne, le 24 juillet 1923. «Ce traité a privé le peuple kurde d’un Etat», souligne en préambule, Sevgi Koyuncu, conseillère communale lausannoise. «Newroz n’est pas seulement la fête du printemps et de la renaissance, mais aussi celui de la résistance.»

Plusieurs problématiques d’une actualité brûlante sont ensuite soulevées: la répression brutale par le régime des Mollahs de la révolution féministe en Iran, l’occupation de la Turquie des régions du nord de l’Irak et de la Syrie, les bombardements sur le Rojava – et ce, malgré le récent tremblement de terre – ainsi que les tentatives du gouvernement d’Erdogan de rendre illégal le parti pro-kurde en vue de l’élection présidentielle du 14 mai prochain.

2023, une nouvelle ère?

Les conseillers nationaux présents sont interpellés sur le rôle que la Suisse peut jouer pour faire respecter les droits humains. Le Vert Raphaël Mahaim aborde le levier de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et du Conseil de sécurité de l’ONU où «la Suisse pourrait aujourd’hui prendre une position courageuse». Denis de la Reussille, du POP, souligne «le nombre important d’interpellations» déposées au Parlement. «Or, le Conseil fédéral n’en prend pas acte, dénonce Stéfanie Prezioso, d’Ensemble à gauche. Le rôle que joue la Turquie dans le cadre de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, rend la voix kurde encore moins audible, mais une possible victoire du candidat de l’opposition donne de l’espoir. Les 100 ans du Traité de Lausanne sont également l’occasion de faire entendre internationalement la profonde injustice que comporte ce texte et la nécessité de refaire cette histoire du côté des opprimés. Il ne peut y avoir de démocratie en Turquie sans reconnaissance de la discrimination et des violences subies par le peuple kurde.»

Vêtu d’un habit traditionnel et accompagné d’une traductrice, Yüksel Koç explique en kurde: «Je porte ce vêtement et vous parle dans cette langue, car tant de personnes sont mortes pour l’avoir fait… Le Traité de Lausanne a donné cette légitimité aux oppresseurs. Cent ans plus tard, la lutte contre Daech a fait 10000 martyrs kurdes pour protéger le monde entier.» D’une voix calme et posée, il rappelle que son peuple ne veut plus être colonisé. «Il y a 100 ans, on ne nous a pas demandé notre avis et nous n’avions pas un seul ami sur cette planète. Aujourd’hui, nous en avons partout. Le système démocratique et la liberté des femmes au Rojava sont salués internationalement. Nous demandons aujourd’hui à la Suisse de ne plus collaborer avec les pays colonisateurs. Nous voulons l’indépendance des quatre Kurdistan, la sortie du PKK de la liste des organisations terroristes, la libération d’Öcalan, et la résolution du problème kurde par le dialogue.»

* Programme à consulter sur: lozan-2023.com

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