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L’histoire relatée par des artistes kurdes

Oeuvre de l'artiste Walid Siti.
© Olivier Vogelsang

L’œuvre de l’artiste Walid Siti donne le ton de l’exposition qui se déroule jusqu’au 19 mai au Forum de l’Hôtel de Ville de Lausanne. Des artistes kurdes s’y expriment, cent ans après que leur terre a été partagée par le Traité de Lausanne.

Dans le cadre des nombreux événements liés au centenaire du Traité de Lausanne, une exposition met en lumière la créativité militante d’artistes kurdes

En entrant au Forum de l’Hôtel de Ville de Lausanne, le visiteur est happé par une reproduction de journal, daté de 1923, suspendue au centre de la salle. Sa Une titrée «La Paix de Lausanne», ne peut, à la lumière du siècle écoulé, qu’être démentie. Des pages de quotidiens internationaux sont ainsi brûlées en leur milieu. Le trou représente une montagne, un environnement qui tient traditionnellement lieu de refuge pour le peuple kurde.

Cette œuvre de l’artiste Walid Siti donne le ton de l’exposition «2+2 = Kurdstn. Les choses racontées par nous!» Un titre énigmatique dont le 2+2 fait référence aux quatre régions que les Kurdes délimitent par Nord, Sud, Est, Ouest. Soit Bakur, Bachur, Rojhilat, Rojava (deux B et deux R), mais qui ne font qu’un, comme l’avait, en 1949, déclaré Qazi Mohammed, leader kurde iranien de Mahabad. Le titre est ainsi à l’image de l’exposition: foisonnant. Informations, chronologie, faits historiques ou encore témoignages, comme ceux, poignants, des femmes de la guérilla de Kobané se font écho. Au travers de peintures, de photographies, de vidéos ou encore d’installations, une vingtaine d’artistes et d’historiens se répondent pour mettre en lumière les conséquences dramatiques du Traité de Lausanne. Ils proposent ainsi d’ouvrir la voie à une redocumentation du point de vue kurde et à la renaissance d’une mémoire sociale. «A l’occasion du 100e anniversaire de ce Traité, qui a conduit à des massacres et à un génocide culturel, l’importance de l’art, gardienne de la culture universelle, est évidente», peut-on lire dans la documentation accompagnant l’exposition. Celle-ci dénonce également les conséquences écologiques: «Le bombardement presque quotidien des monts Zagros par un Etat voisin ou encore le mur de 800 kilomètres de long qui sépare les localités kurdes, détruisent la nature et les conditions de vie des habitants.»


Forum de l’Hôtel de Ville, place de la Palud 2, Lausanne. Jusqu’au 19 mai, de 10h à 18h (sauf le dimanche).

Le vendredi 26 mai 2023, dès 18h30 à l’Aula du Palais de Rumine, à Lausanne, une table ronde réunira plusieurs spécialistes autour de la question: «Au-delà du Traité de Lausanne: quelles solutions pacifiques au conflit?»

Le Traité aussi au Musée historique de Lausanne

Le siècle de la signature du Traité se décline aussi au Musée historique Lausanne (MHL), du 27 avril au 8 octobre, avec l’exposition «Frontières. Le Traité de Lausanne, 1923-2023». Le MHL rappelle que le Traité du 24 juillet 1923, signé par les puissances occidentales, a eu lieu au Palais de Rumine après neuf mois de tractations. Il est le seul, parmi les accords passés au lendemain de la Première Guerre mondiale, à encore déployer ses effets tragiques. «D’une importance considérable pour l’histoire européenne et du Proche-Orient, il consacre la naissance de la Turquie moderne mais passe sous silence les aspirations des minorités kurdes et arméniennes.» L’exposition revient sur les temps forts et les lieux de la Conférence internationale de Lausanne de 1922 à 1923 dont le but était de remplacer le Traité de Sèvres que le gouvernement d’Atatürk ne reconnaissait plus. Le MHL présente aussi des œuvres de la plasticienne zurichoise kurde Mîrkan Deniz, ainsi que des témoignages de personnes affectées par les effets du Traité, cent ans après.


MHL, place de la Cathédrale 4, Lausanne, du mardi au dimanche de 11h à 18h.
Plus d’infos sur: lausanne.ch

Le 11 mai, à 18h, conférence de Hans-Lukas Kieser, historien et professeur aux Universités de Zurich et de Newcastle, intitulée «L’anti-démocratie à la conférence de paix au Proche-Orient».

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