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«On ne veut pas de bonus, mais le maintien des emplois!»

Les travailleurs de Vetropack ont jeté à la poubelle la lettre de leur direction proposant un bonus, avant d’aller préparer un paquet pour le président du conseil d’administration.
© Thierry Porchet

Les travailleurs de Vetropack ont jeté à la poubelle la lettre de leur direction proposant un bonus, avant d’aller préparer un paquet pour le président du conseil d’administration.

Une centaine de travailleurs ont organisé une action symbolique chez Vetropack à Saint-Prex pour montrer leur détermination à sauver le site. Témoignages

La veille du week-end de Pâques, une centaine de travailleurs de Vetropack se sont réunis sur le site de Saint-Prex pour exiger le maintien de leurs emplois. Alignés, ils ont jeté l’un après l’autre dans une poubelle le courrier reçu quelques jours avant de la part de leur direction, qui propose un bonus équivalent à un mois de salaire si les objectifs de production pour 2024 sont atteints. «Non au bonus! On veut du travail!», ont scandé les employés. Les lettres chiffonnées ont ensuite été placées dans un colis, accompagnées d’un paquet de cacahuètes en guise de cadeau, puis envoyées à Claude Cornaz, président du conseil d’administration de Vetropack. Pour rappel, la dernière verrerie de Suisse a récemment annoncé son intention de fermer son site vaudois, menaçant 174 emplois, et tout un savoir-faire. «Vetropack a investi des millions de francs en Autriche, en Ukraine et en Italie, mais pas un franc n’a été mis pour le site de Saint-Prex, dénonce Noé Pelet, secrétaire syndical du secteur industrie pour Unia Vaud. Cela fait des jours qu’on joue au chat et à la souris avec une direction qui, après plusieurs rencontres, ne nous a toujours pas livré les chiffres que nous demandons. Le site vaudois ne serait plus rentable, mais nous n’en avons toujours pas la preuve!» Vetropack a aussi refusé à plusieurs reprises la prolongation du délai de consultation. Mais l’action du jeudi de Pâques semble avoir porté ses fruits: ce mardi, les travailleurs étaient informés que le délai était prolongé jusqu’au 30 avril. Une première victoire!

Casser la mobilisation

Au sujet du bonus promis, le syndicaliste rappelle que cette méthode «de la carotte» est contraire au droit. «Nous sommes en période de consultation, et cela consiste à trouver des solutions pour sauver les emplois. Ce plan de rétention n’est rien d’autre qu’une tentative de casser la détermination des employés à se battre pour le site et de les diviser.»

Enfin, Unia craint que, derrière cette fermeture, se cache une stratégie de spéculation immobilière qui rapporterait beaucoup d’argent. «Nous demandons donc aux élus de maintenir ce terrain en zone industrielle sur plusieurs décennies pour éviter tout projet résidentiel», appelle Noé Pelet.

Afin de mettre tous ces éléments sur la table, Unia et la commission du personnel exigent que Claude Cornaz, qui est aussi actionnaire majoritaire à 71,6% de Vetropack, soit présent à la table des négociations.


Témoignages

Paulo, technicien de maintenance depuis 17 ans chez Vetropack, vice-président de la commission du personnel

«L’objectif qu’on vise est le sauvetage des emplois. La phase de consultation est difficile, car la direction fait de la rétention d’informations. De notre côté, nous avons beaucoup d’idées et de solutions, mais nous manquons de temps, et jusque-là, on nous a refusé de nous en accorder plus…

L’annonce de la fermeture a été un vrai choc. On nous a appelés, nous la commission du personnel, à 7h30 le matin, c’était violent. Le métier est difficile et, pourtant, les employés sont fidèles à l’entreprise et très engagés: on ne compte pas nos heures sup! Il y a un fort attachement à l’entreprise et aux collègues, c’est donc d’autant plus dur. 

Nous sommes aussi forcément préoccupés, car si Vetropack ferme, c’est tout un savoir-faire qui va s’en aller avec, définitivement.

Quant au bonus que la direction nous met sous le nez, comme une carotte pour motiver les troupes à travailler jusqu’au bout, ça n’a pas marché, je crois même que ça a eu l’effet inverse. On est déterminés à aller jusqu’au bout pour obtenir ce qu’on veut!»

Alberto, contrôleur qualité depuis 24 ans chez Vetropack

«C’est important d’être là pour montrer notre solidarité, mais aussi notre indignation, et défendre notre cause. 

Ces derniers temps, nous avions un peu des doutes sur l’avenir du site, mais on n’imaginait pas du tout un scénario aussi brutal. C’est un coup dur pour les collègues, certains le vivent très mal et sont très inquiets. Pour moi, tant qu’il y a de l’espoir, il faut se battre. Après, je ne cache pas que j’ai bientôt 59 ans, et si l’entreprise ferme, ça va être difficile de retrouver du travail. Ce n’est pas très réjouissant…

On n’a rien à perdre, au contraire, on a tout à gagner! Donc si les choses ne bougent pas dans notre sens, on durcira le ton!»


Les employés lancent une pétition

Le 26 mars, le personnel de Vetropack a reçu la visite et le soutien des sénateurs vaudois Pierre-Yves Maillard, par ailleurs président de l’Union syndicale suisse, et Pascal Broulis (photo). Ces derniers ont rappelé l’importance stratégique de maintenir une production de contenants en verre en Suisse et se sont également engagés à entamer toutes les démarches utiles au niveau fédéral, afin que l’ensemble des pistes soient sérieusement analysées en vue du maintien de la production sur le site de Saint-Prex.

A cette occasion, les travailleurs ont lancé une pétition en ligne contre la fermeture de l’usine, qui avait déjà récolté mercredi, à l’heure où nous mettions sous presse, 4000 signatures.

Pour signer la pétition: vaud.unia.ch/vetropack

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