Rosa Previti, membre du comité romand des retraités d’Unia et de Pro Senectute
Elle participe à toutes les manifestations. Répond présente à chaque récolte de signatures. Distribue des tracts ou défile derrière la banderole de tête du cortège du 1er Mai. A 72 ans, Rosa Previti continue de se mobiliser pour la défense des droits des travailleuses et des travailleurs. Par souci de justice et par solidarité. Parce que se rendre utile fait partie de son ADN. Membre du comité romand des retraités d’Unia, la militante a rejoint tardivement le syndicat, il y a une dizaine d’années. Mais déjà durant sa vie professionnelle, la Valaisanne d’adoption originaire de la côte amalfitaine, dans la région de Naples, a embrassé la cause.
Rosa Previti arrive à Saint-Maurice à l’âge de 17 ans. Elle répond alors à l’invitation de sa sœur qui la sollicite pour garder ses enfants durant les vacances scolaires d’été. Une saison qui ne se terminera jamais. La jeune femme est recrutée dans une usine de décolletage de la place qui réalise des pièces pour la NASA. «Nous travaillions en fredonnant des chansons italiennes», raconte l’ancienne ouvrière, entourée de compatriotes et d’Espagnoles. «C’était de belles années. Il y avait davantage d’humanité», affirme encore la septuagénaire, en illustrant ses propos. «J’avais une collègue qui devait souvent s’absenter pour prendre soin de son enfant gravement malade. Le patron la payait quand même, sans pénalité.» Ce souvenir embrumera de larmes la sensible retraitée, le jeune en question n’ayant pas survécu.
Pas un centime en moins
A la naissance de son fils en 1973, suivi d’une fille deux ans plus tard, l’immigrée, depuis mariée, obtient la possibilité de travailler à domicile. Une machine «qui sert à faire des trous de travers» est installée dans sa maison. Six années durant, Rosa Previti apprécie pouvoir organiser ses horaires en tenant compte de sa vie familiale. «Et je gagnais plus qu’à l’usine», ajoute-t-elle, sourire aux lèvres. En 1981, la jeune mère rejoint les effectifs de l’entreprise Saint-Augustin qui imprime alors aussi bien «des bulletins paroissiaux que des revues pornos en passant par des cartes de visite, des livres sur le Valais, des billets de tombola, etc.» Nommée cheffe d’atelier, Rosa Previti aura à cœur, au changement de propriétaire de la société, de défendre son équipe. «J’ai informé le nouveau patron que nous refuserions de bosser pour un centime de moins. Soit il nous réengageait au même tarif, soit nous partions.» Un courage et une détermination payante.
Si la militante continue aujourd’hui de lutter pour la sécurité de l’emploi, de bons salaires ou encore le maintien du pouvoir d’achat, elle consacre aussi son temps et son énergie à des initiatives sociales. Comme celle lancée par Pro Senectute qui organise des marches pour les aînés.
Bonheur par ricochet
Monitrice formée aux premiers secours, Rosa Previti accompagne des groupes de retraités sur les routes et les sentiers helvétiques. L’hiver, les balades en raquettes complètent l’offre. Au préalable, elle et ses pairs partent en reconnaissance pour vérifier la sécurité du chemin que fouleront des personnes âgées de 60 à 92 ans. «L’idée? Sortir de la solitude des seniors – dont une majorité de veuves – et contribuer à leur santé. Bouger, c’est vivre mieux», lance-t-elle, soulignant le caractère convivial de cette activité qui a même permis à des couples de se former. Elle raconte aussi, dans la foulée, des anecdotes survenues lors de ces marches. Comme la fois où, glissant, elle est tombée aux pieds d’Emile, 88 ans. «Il a cru que je voulais le demander en mariage», rigole Rosa Previti. Elle se remémore encore l’insistance d’une nonagénaire qui, lors d’une sortie à Wengen, voulait absolument tester la tyrolienne. Ces randonnées sont aussi l’occasion pour la bénévole de découvrir la Suisse. «J’ai toujours travaillé à 100%. Je dispose enfin de temps pour découvrir le pays. Je rêverais, dans ce sens, de rajeunir de vingt années», soupire Rosa Previti, prenant la mesure des ans qui passent. Sans entamer pour autant son énergie. La dynamique retraitée participe aussi aux «blablablas à domicile», une autre prestation de Pro Senectute. «Je visite hebdomadairement une dame de 88 ans. On bavarde autour d’un café. Au besoin, je l’amène chez le médecin ou m’occupe de ses courses.» Un engagement que la volontaire – qui, dans l’idéal, aurait voulu devenir infirmière – justifie par son besoin d’aider les autres. «C’est dans ma nature», affirme Rosa Previti, consciente que ses démarches favorisent aussi son bien-être, le bonheur donné agissant également par ricochet...