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La santé des porte-monnaie se heurte à la barrière de rösti

manif
© François Graf / Strates / archives

Le 1er Mai, à la Chaux-de-Fonds, les manifestants ont rappelé le poids des primes maladie sur le budget des ménages.

Face au rejet de l’initiative d’allègement des primes dans les urnes, Unia appelle à une augmentation urgente des salaires. Le Parti socialiste relance la caisse unique.

«L’initiative d’allègement des primes a été rejetée dans les urnes. Elle aurait procuré un soulagement important pour celles et ceux qui ont des revenus bas ou moyens. Il faut maintenant augmenter les salaires pour compenser les pertes du pouvoir d’achat de ces dernières années et éviter l’effondrement financier de nombreux ménages.» Unia a réagi par ces mots, dimanche, suite au refus par 55,5% des votants de l’initiative du Parti socialiste sur les primes soutenue par les syndicats. «Compte tenu du nouveau choc de primes attendu cet automne pour l’année prochaine, la situation va encore s’aggraver», a alerté le syndicat. Une réponse urgente s’impose donc en augmentant les revenus. Dans ce sens, Unia invite déjà à une grande manifestation pour les salaires le 21 septembre. 

L’Union syndical suisse (USS) a rappelé, quant à elle, qu’«après déduction de tous les prélèvements obligatoires, les ménages à revenus normaux et bas ont moins pour vivre qu’en 2016, tandis que les ménages aisés sont financièrement mieux lotis». La faîtière syndicale exige que le contre-projet soit réalisé «avec rigueur». Ce dernier contraint les cantons à fixer un plafond des primes dans les trois prochaines années. «Le Conseil fédéral doit rapidement adopter et mettre en vigueur l’ordonnance d’exécution», martèle l’USS. «Dans tous les cantons où l’initiative a réuni une majorité de oui, les syndicats s’engageront en faveur d’un plafonnement des primes à 10% des revenus. Les exemples vaudois et grison montrent que cela fonctionne.»

Pour une caisse unique

Tous les cantons romands ont plébiscité le texte: 72% dans le Jura, 69,5% à Neuchâtel, 61,7% à Genève, 60,6% dans le canton de Vaud, 58,6% dans le canton de Fribourg (malgré le rejet des communes alémaniques), 57,5% au Tessin, 52,3% en Valais (malgré le refus du Haut-Valais). 

Sur les ondes de la RTS, vers 13h, dimanche, le président de l’USS Pierre-Yves Maillard regrettait – ironie du sort, avec la voix cassée par une bronchite – ce Röstigraben, lié en partie aux moindres coûts des primes dans les cantons alémaniques. Il soulignait que «le canton de Vaud a confirmé que le modèle mis en place fonctionne, même s’il peut encore être amélioré».

Le Parti socialiste s’est, quant à lui, engagé à lancer une initiative pour une assurance-maladie publique fédérale dès le début de l’année prochaine. Le co-président du Groupe socialiste aux Chambres fédérales Samuel Bendahan a indiqué dans un communiqué: «Il faut maintenant mettre un terme à la pseudo-concurrence coûteuse et inefficace entre les assurances maladie privées, en partie responsable de l’explosion des primes.» Les débats sur la caisse unique sont relancés.

 

Quant aux trois autres votations…

Les Suisses et les Suissesses sont par contre unis sur la Loi sur l’électricité. Celle-ci est acceptée par l’ensemble des cantons et par 68,7% des votants. Greenpeace en appelle dans la foulée à abandonner rapidement le pétrole et le gaz, ainsi que l’énergie nucléaire.

L’initiative du centre pour freiner les coûts de la santé a été enterrée elle aussi, avec 62,8% de non. Elle a toutefois été acceptée dans les cantons du Jura, Valais, Fribourg, Neuchâtel et Tessin.

L’initiative «Pour la liberté et l’intégrité physique» a quant à elle été balayée par 73,8% des votants.

 

Genève n’élargit pas (encore) les droits des étrangers


«Par ce refus, le canton de Genève a manqué une occasion historique de faire un pas décisif dans l’élargissement et le renforcement de la démocratie locale en introduisant, comme l’ont déjà fait Neuchâtel et le Jura, les droits politiques des résidentes et résidents étrangers au niveau cantonal.» Ce sont par ces mots que le Comité unitaire, porté par la gauche et les syndicats, regrette le refus de l’initiative «Une vie ici, une voix ici – renforçons notre démocratie» dans les urnes avec 60,89% de «non». 

«Le rejet de cette initiative maintient 41% de la population du canton dans un statut de seconde zone», regrette le Comité. «Manifestement, le mantra des milieux conservateurs, qui ont répété en boucle «ils et elles n’ont qu’à se naturaliser pour pouvoir voter» a convaincu une majorité de votantes et de votants, alors même que depuis 2018, la loi fédérale a durci les conditions de naturalisation barrant l’accès à la nationalité suisse pour de nombreuses personnes, notamment des couches populaires, comme documenté par la Commission fédérale des migrations dans un récent rapport.» Genève ne sera donc pas le premier canton à offrir le droit d’éligibilité au niveau cantonal. Mais le Comité annonce déjà continuer le combat pour le renforcement de la démocratie qui passe notamment par l’élargissement des droits politiques aux personnes étrangères.

Autres objets de votation

Par contre, le canton devient le premier à interdire les symboles de haine dans l’espace public avec 84,7% des voix dans sa Constitution. 

Par 76,56% des suffrages, Genève continuera à garantir l’aide au suicide dans les EMS et les institutions de soins.

Par ailleurs, les syndicats, la gauche et les associations professionnelles de la petite enfance remportent une victoire: les salaires dans les crèches privées ne pourront pas être baissés. Suite à leur référendum, le démantèlement des conditions de travail et salariales du personnel voulu par la droite – pour, selon cette dernière, encourager l’ouverture de crèches privées – , a été refusé par 56,9% des votants. «Cela aurait ouvert la porte à une dégradation des conditions de travail et d’accueil des enfants, sans pour autant créer les nouvelles places en crèche tant attendues par les nombreux parents en liste d’attente. Ce n’est pas en supprimant les usages professionnels et en appliquant le salaire minimum que l’on rendra attractif ces professions de l’éducation du jeune enfant», a réagi le SIT dimanche, tout en appelant «à renforcer les investissements des collectivités publics pour réduire la pénurie de places et de personnel diplômé et à conduire enfin une politique publique de la petite enfance de qualité».