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Les colis Zalando seront renvoyés vers le Tessin

Unia et des travailleurs devant l'entreprise Zalando
@Unia / Archives

Unia demande à Zalando et à CEVA d’assumer leurs responsabilités sociales. Le syndicat avait eu maille à partir avec l’entreprise de commerce en ligne et avait organisé une action en 2018 devant sa centrale de distribution à Lahr, en Allemagne, pour exiger des conditions de travail correctes chez ses sous-traitants (image d’archives).

Le géant de la mode en ligne a résilié le contrat d’un sous-traitant dans le canton de Soleure, 350 travailleuses risquent de perdre leur emploi.

Zalando va délocaliser l’un de ses deux centres de traitement des retours au Tessin. Le géant de la mode en ligne a en effet résilié le contrat du sous-traitant CEVA Logistics à Neuendorf, dans le canton de Soleure. L’année prochaine, une partie des retours de colis seront traités à Sant'Antonino, près de Bellinzone, à trente kilomètres de la frontière italienne, par la société de logistique étasunienne GXO Logistics. Le reste des vêtements et des chaussures refusés continuera d’être réceptionné en Thurgovie par un autre sous-traitant, MS Direct. Conséquence à Neuendorf: 350 personnes (le personnel est à 95% féminin) risquent de perdre leur emploi.

Unia demande à Zalando et à CEVA d’assumer leurs responsabilités sociales. CEVA appartient au groupe français CMA CGM, contrôlé par le milliardaire Rodolphe Saadé, qui a enregistré 47 milliards de dollars de recettes l’année passée, dont 20 milliards de revenus juste pour CEVA.

Unia a convoqué une assemblée du personnel pour ce mardi 8 octobre, informe Alain Zahler, secrétaire régional d’Unia Bienne-Seeland/Soleure. Soutenues par le syndicat, les travailleuses avaient obtenu l’année dernière l'introduction d'un 13e salaire, des augmentations générales et une cinquième semaine de vacances. Elles gagnaient alors 3468 francs brut par mois pour 42,5 heures de travail par semaine.

Zalando assure que sa décision n'est «en aucun cas une réaction à l'activité syndicale». 

Travail précaire craint...

«Nous avons cherché un site approprié dans le sud de la Suisse pour mieux servir le marché et réduire les délais et les itinéraires de transport pour les retours des clients. A Sant'Antonino, nous avons trouvé un site de pointe qui répond à ces exigences», indique la porte-parole de l’entreprise de commerce en ligne, interrogée par Area, le journal tessinois d’Unia.

A Sant'Antonino, GXO s’installera dans le dépôt occupé aujourd’hui par Luxury Goods International, une filiale de la multinationale française de la mode Kering qui quitte le sud des Alpes après avoir été lourdement condamnée en Italie pour fraude fiscale. Justement, GXO fait aussi l’objet d’une enquête pour fraude fiscale dans ce pays. La société est accusée, rapporte le Corriere del Ticino, de pratiquer une concurrence déloyale avec un modèle économique «frauduleux» qui «facilite l'exploitation des travailleurs». 

«Le Tessin apparaît, une fois de plus, comme la Chine de la Suisse», dénonce une interpellation au Grand Conseil tessinois, déposée cette semaine par Giuseppe Sergi et Matteo Pronzini. Ce dernier est membre de la direction du secteur industrie d’Unia. «Les objectifs sont clairs: réduire les délais de traitement et donc les coûts. Et les niveaux de salaires et la possibilité d’accéder à une importante main-d’œuvre transfrontalière faciliteront certainement également la réalisation de cet objectif», pointent les deux députés de gauche, en demandant au Conseil d’Etat ce qu’il entend entreprendre pour éviter que ne se reproduise le scandale Kering et que ne se développent des poches de travail précaire dans le canton. 

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