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Aide à la presse: on déshabille Pierre pour habiller Paul

Imprimerie.
© Thierry Porchet

La suppression de l’aide indirecte à la presse aura des conséquences pour l’activité des rédacteurs, des graphistes et, bien sûr, des imprimeries.

Le Conseil national a décidé de couper dans l’aide indirecte à la presse associative. Des centaines de publications, dont «L’Evénement syndical», sont touchées.

Dans le contexte difficile que traversent les médias, le Conseil national s’est décidé le 26 septembre à donner un coup de pouce à la presse régionale.
Précisons qu’en Suisse, la presse ne bénéficie pas de paiements directs, mais d’un rabais postal sur la distribution des journaux de 25 centimes par exemplaire pour la presse régionale et locale, et de 20 centimes pour les publications associatives et de fondations. Il en coûte 50 millions de francs par an, soit 30 millions accordés à la presse régionale et 20 millions à l’associative, que la Confédération verse à la Poste.
Après le rejet en votation d’un paquet d’aides aux médias en 2022, la conseillère nationale Christine Bulliard-Marbach (Le Centre/FR) avait déposé une initiative parlementaire avec pour objectif de cibler les journaux de petite et moyenne taille. Elle a été suivie par le Conseil national, qui a accepté de verser 15 millions de plus à la presse régionale. Cette dotation supplémentaire, limitée à sept ans, profitera à des titres dont le tirage est compris entre 1000 et 40000 exemplaires, tels que Le Courrier, Le Quotidien jurassien ou Le Temps, qui verront leur facture de la Poste baisser.
Une hausse de 10 millions demandée pour les journaux associatifs n’a, par contre, pas passé la rampe du Conseil national. Pire, en invoquant la situation financière «tendue» de la Confédération, Andri Silberschmidt (PLR/ZH) a proposé que les 15 nouveaux millions alloués à la presse régionale soient pris sur la presse des associations. «La presse associative est bien sûr un moyen d'information très important, mais elle n'est pas indispensable à la démocratie directe au point de justifier une contribution de 20 millions de francs», a-t-il déclaré. Par 94 voix contre 91 (et 4 abstentions), le National s’est laissé convaincre de déshabiller Pierre pour habiller Paul, et a voté l’amendement PLR biffant l’enveloppe de 20 millions à la presse associative. 
La suppression devrait s’appliquer dès 2026 et affectera plusieurs centaines de publications d’organisations à but non lucratif.
L’Evénement syndical, comme les autres journaux d’Unia, Work et Area, seront également touchés. Notre facture postale, aujourd’hui de 180000 francs, s’alourdira de quelque 171000 francs. Ce qui n’est pas rien, sachant que ce montant équivaut aux coûts de production (sans les salaires du personnel) de sept éditions (L’Evénement syndical en a 19). Pour Work, le journal germanophone du syndicat, la douloureuse se monte à environ 180000 francs, tandis qu’au Tessin, Area devra trouver 30000 francs.
Des journaux devront réduire leur parution, voire cesser d’être imprimés. Il y aura des conséquences pour l’activité des rédacteurs, des graphistes et, bien sûr, des imprimeries.
Le Conseil des Etats doit encore se prononcer et on peut garder l’espoir que les sénateurs détricotent le paquet du National.
Mais l’aide à la presse associative est menacée d’un autre côté. Elle a, en effet, été incluse dans le grand plan d’économies concocté par le Conseil fédéral et pour lequel une procédure de consultation sera ouverte au printemps.
Soulignons pour finir qu’en débloquant 30 millions, les députés se sont, par contre, montrés généreux envers les éditeurs qui, pour la distribution matinale aux abonnés, choisissent des prestataires privés autres que la Poste. Une dépense votée par le PLR (malgré les finances «tendues»…), avec une jauge remontée là à 100000 exemplaires. 

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