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Les Vaudois appelés à lutter contre la pauvreté

Le 15 mai prochain, les Vaudois devront se prononcer sur une loi solidaire qui vise à lutter contre la pauvreté

En campagne depuis la fin du mois dernier, la coordination des comités de soutien en faveur des prestations complémentaires aux familles et à la rente-pont AVS (LPCFam) espère bien convaincre les Vaudois de la suivre dans sa démarche. Le 15 mai prochain, la population de ce canton devra en effet se prononcer sur ce projet de loi. Celui-ci a pour but d'aider et les ménages qui, bien que travaillant, ne parviennent pas à nouer les deux bouts et les chômeurs âgés en fin de droits. Eclairages.

Un soutien au travail plutôt que l'aide sociale... pour le prix d'un café par mois: voilà le slogan de la coordination des comités de soutien en faveur des prestations complémentaires aux familles et à la rente-pont AVS (LPCFam). Cette loi - proposée par le Conseil d'Etat et approuvée par la majorité du Grand Conseil par 85 voix contre 56 - sera soumise en votation le 15 mai prochain, suite au référendum conduit par les associations patronales. Elle comprend deux volets prévoyant, d'une part, une aide ciblée aux parents qui travaillent sans parvenir à nouer les deux bouts et, d'autre part, un soutien aux chômeurs qui, à quelques mois de la retraite, ne retrouvent pas de travail. Le 30 mars dernier, ses partisans ont initié leur campagne et présenté leurs arguments aux médias. Singularité de la coalition, la pluralité des sensibilités représentées, des radicaux à la gauche en passant aussi par un député UDC...

Incitation au travail
Ouvrant la conférence de presse, Pierre-Alain Praz, directeur de Caritas, a rappelé le contexte justifiant la LPCFam, «dans un pays où une personne du dix se trouve en situation de pauvreté». Au niveau cantonal, le nombre des «working poors» - personnes exerçant une activité lucrative sans parvenir à en vivre - est estimé à 10000. En leur assurant un complément de revenu, le projet de loi, affirme la coordination, leur permettrait d'éviter l'aide sociale ou d'en sortir. Le régime des prestations complémentaires (PC) aux familles aurait aussi pour effet d'encourager ses bénéficiaires à travailler davantage grâce à une franchise sur le salaire gagné. Un argument mis en avant par Christa Calpini, députée radicale et pharmacienne indépendante, relevant le paradoxe du système actuel. «Une famille monoparentale avec un ou deux enfants et dont la mère travaille à 30% par exemple gagne moins que si elle est à l'aide sociale. Les PC familles visent à corriger cette injustice.»

Pas une «vaudoiserie»
La rente-pont AVS doit permettre aux chômeurs âgés - 62 ans pour les femmes et 63 pour les hommes - d'atteindre la retraite dans la dignité. Peu d'entre eux parviennent en effet à retrouver un travail à cet âge. Selon la coordination, près de 700 personnes pourraient bénéficier de ce dispositif d'ici 2012 et échapper ainsi à la précarité. Une protection saluée par Daniel Ruch, directeur d'une entreprise forestière et syndic radical de Corcelles-le-Jorat, également acquis à l'idée des PC familles. «En tant que patron de PME, je trouve qu'il est de ma responsabilité de soutenir la LPCFam... Cette protection sera assurée aux plus fragiles de notre société... Notre canton sortira grandi et renforcé par un oui le 15 mai.» Députée socialiste et syndique de Morges, Nuria Gorrite a elle aussi souligné le bien-fondé du projet et insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'une «vaudoiserie» mais bien d'un système performant, éprouvé et qui sera soumis à évaluation. La loi s'inspire en effet d'un modèle existant au Tessin depuis 1997 déjà. Le canton de Soleure a aussi introduit ce dispositif le 1er janvier 2010 et des initiatives similaires sont en préparation à Fribourg et Berne.

Le prix d'un café
Même Jean-Luc Chollet, député UDC, a témoigné de son soutien à la LPCFam, manifestant son «incompréhension» devant son rejet patronal «quand bien même la majorité bourgeoise au Grand Conseil s'y était montrée favorable». De son côté, Alexandre Jollien, philosophe et parrain de la campagne, a estimé que la démarche n'était que «justice sociale».
La coordination a aussi évoqué la question des coûts: 51,5 millions pour les PC familles et 12,6 millions pour la rente-pont. Selon les promoteurs de la loi, ce régime permettra néanmoins de réduire la facture de l'aide sociale de 48,4 millions. Quant à son financement, il sera assuré par l'Etat et les communes à hauteur de 65%. Le reste sera couvert par le produit de la cotisation paritaire de 0,06% payée par les employeurs, les indépendants et les salariés. Pour une personne gagnant 5000 francs, relève la coordination, c'est l'équivalent du prix d'un café par mois... 


Sonya Mermoud



Le salaire minimum aussi soumis au vote
Le 15 mai, les Vaudois devront aussi se prononcer sur l'initiative populaire «Pour le droit à un salaire minimum». Sans articuler de montant, ses partisans demandent que ce droit soit inscrit dans la Constitution arguant que certains salariés, bien que travaillant à plein temps, vivent sous le seuil de la pauvreté. A noter qu'une initiative fédérale portant sur le même objet et exigeant 4000 francs pour tous a été lancée en janvier dernier.
A noter qu'Unia Vaud, favorable à la LPCFam et au salaire minimum cantonal, recommande de voter deux fois OUI...


SM