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Trop lent à descendre de l'échelle? Pas de salaire minimum

Unia mobilise pour la manifestation du 24 septembre. Les conditions de travail et les salaires des maçons sont menacés

La mobilisation va bon train sur les chantiers du Pays de Vaud et d'ailleurs pour préparer la grande manifestation du 24 septembre à Berne. Une manifestation exigeant une meilleure Convention nationale de la construction (CN) alors que les négociations pour son renouvellement sont en cours et que les patrons souhaitent la démanteler. Depuis la rentrée, Maurizio Colella, secrétaire syndical Unia à la section de Lausanne, comme ses autres collègues, enchaîne les tournées de chantier. «Les travailleurs sont très touchés par les attaques contre les salaires minimums», souligne-t-il. L'une de ces attaques est la volonté des entrepreneurs de payer moins cher les gens engagés en contrat à durée déterminée. «C'est évident que sur les chantiers, de mars à octobre, il y a beaucoup de boulot. Vu la crise en Europe, il va de soi que des gars viennent travailler durant cette période-là. Mais il est hors de question qu'ils ne gagnent pas le même salaire que les travailleurs engagés à l'année!», s'indigne le syndicaliste. «C'est scandaleux que les patrons qui, hier, défendaient la libre circulation des personnes et les mesures d'accompagnement, proposent aujourd'hui une telle mesure, qui est une attaque centrale contre notre Convention nationale», ajoute-il, relevant aussi que la sous-enchère salariale est déjà à l'œuvre sur les chantiers.

Salaire au rendement...
Une autre proposition est ressentie comme une violente attaque par les maçons: le salaire au rendement. Dans son catalogue de revendications visant à vider la Convention nationale de son contenu, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) propose que les employés «qui ne fournissent pas un plein rendement» n'auraient plus droit au salaire minimum! «C'est l'arbitraire total. Tu es trop jeune, tu n'as pas assez d'expérience: pas droit au salaire minimum! Tu es trop vieux, tu mets trop de temps pour descendre de l'échelle: pas droit au salaire minimum! Tu es syndiqué ou tu as une gueule qui ne revient pas au patron: pas droit au salaire minimum! Seul l'employeur décidera si tu as le droit ou non de toucher le salaire minimum. Les gars sont très sensibles à ça», assure Maurizio Colella. Pour le syndicaliste, cette attaque est liée à la volonté des patrons de faire sauter la protection contre les licenciements de 720 jours en cas de maladie et d'accident. «Ces 720 jours sont aussi un élément central de la convention. Maçon, c'est le métier le plus dangereux du monde. Si un gars est malade ou a un accident, ce n'est pas parce qu'il est tombé à ski ou à vélo. S'il est malade, c'est à cause du travail. En remettant en cause cette protection de 720 jours, les patrons veulent mettre les risques du métier dus au stress, aux délais à tenir, à la pression, sur le dos des travailleurs.»

La retraite à 60 ans dans la ligne de mire
Le syndicaliste égrène les autres mesures voulues par la SSE qui suscitent aussi la colère sur les chantiers: une hausse de la flexibilité horaire alors que le système actuel offre déjà d'énormes possibilités, l'augmentation de 30 à 45 minutes du temps de déplacement non payé, et la réduction du champ d'application de la CN. La SSE veut en effet sortir de la convention les chauffeurs, les jardiniers et les travailleurs des sables et graviers. S'ils y arrivent, c'est la fin de la retraite à 60 ans pour eux, un acquis primordial pour les ouvriers de la construction. «Soustraire des travailleurs de l'application de la CN, c'est les diviser. Les entrepreneurs veulent faire éclater les collectifs ouvriers. Demain, à qui le tour? Aux ferrailleurs, aux grutiers?»
«Ils veulent démanteler la CN et la retraite à 60 ans», se fâche le syndicaliste pour qui la manifestation du 24 septembre est d'une importance primordiale*. «Cette manifestation permettra de ressouder les rangs ouvriers par la prise de conscience que les problèmes sont les mêmes partout en Suisse, et aussi de donner un signal fort aux patrons. C'est le dernier avertissement avant des mesures de lutte plus dures», souligne Maurizio Colella qui appelle autant les travailleurs des autres domaines du bâtiment que les salariés des autres branches à y participer. «La convention des maçons est le fer de lance de toutes les conventions collectives. S'il y a une baisse des conditions de travail dans la CN, il y aura une remise en cause sérieuse des acquis de l'ensemble des conventions collectives», relève-t-il.

Sylviane Herranz

*Voir en page 8 les heures de départ pour la manifestation.