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Une victoire en demi-teinte pour l’Equateur

Après 25 ans de saga judiciaire, le géant pétrolier Chevron a été condamné à une amende de 9,5 milliards de dollars pour un cas de pollution majeur en Amazonie

C’est un soulagement pour les 30000 indigènes d’Equateur victimes de Texaco, devenu Chevron Corporation. «Personne n’est au-dessus des lois», se réjouissent-ils, pas même ce géant du pétrole américain. Après 25 ans de procédures judiciaires dans cinq pays du continent américain, le 10 juillet dernier, la Cour constitutionnelle de l’Equateur a confirmé en dernière instance la responsabilité de Chevron dans un des plus grands cas de pollution recensés, et l’a condamné à verser une amende de 9,5 milliards de dollars afin de réparer les dommages environnementaux colossaux causés par la société et de financer des programmes de santé. Une victoire qualifiée d’historique. Revenons en 1964, à l’époque où Texaco s’installe dans l’Amazonie équatorienne, dans les provinces d’Orellana et de Sucumbios, des régions très riches en biodiversité. L’entreprise y réalisera pendant 26 ans, jusqu’en 1990, de l’exploration et de l’exploitation pétrolière à l’aide de techniques obsolètes, polluant délibérément près de 500000 hectares de terres, sans oublier les rivières dans lesquelles se sont déversés le pétrole brut et les substances toxiques. A cette époque-là, 30000 personnes vivaient sur le territoire, et rien n’a jamais été entrepris pour assainir la zone, causant des cas de cancers, des avortements spontanés ou d’autres maladies graves. Les victimes, organisées autour de l’Union des peuples affectés par Texaco (UDAPT), amorcent la bataille en 1993 aux Etats-Unis mais ce sera un échec. Aujourd’hui, justice est enfin rendue.

350 000 dollars

Il y a cependant un «mais», et pas des moindres. Chevron ayant quitté définitivement l’Equateur à la fin du siècle dernier, avec ses actifs sous le bras, la sentence ne peut pas être appliquée… Cela dit, la bonne nouvelle c’est que, Chevron ayant épuisé toutes les possibilités de recours en Equateur, la sentence peut enfin être exécutée dans un autre pays où la transnationale aurait une filiale. La dernière chance de l’UDAPT est donc de porter l’affaire devant la Cour suprême du Canada, qui devra déterminer si Chevron Canada fait entièrement partie du patrimoine de Chevron Corporation et si c’est à elle de porter cette responsabilité et de passer à la caisse pour indemniser les victimes. Encore faut-il braver un dernier obstacle, celui d’avancer un montant de 350 000 dollars canadiens au 16 août pour accéder à la Cour suprême, une somme qui va bien au-delà des moyens financiers des victimes. «Notre victoire pourrait représenter une avancée importante pour les populations indigènes victimes de violations des droits humains et environnementaux à travers le monde. Pour y arriver, l’UDAPT a lancé un appel aux dons pour récolter les fonds nécessaires, pour que le droit des peuples prime enfin sur les intérêts économiques. «Nous appelons à un changement des lois et des comportements qui soutiennent l’impunité des sociétés multinationales dans le monde entier et qui permettent à des entreprises telles que Chevron de continuer à menacer l’environnement, les peuples et la survie de notre planète.»

 

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