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La Maison du peuple fait peau neuve

Chantier de la Maison du peuple.
© Thierry Porchet

Après deux ans de rénovation, le bâtiment lausannois sera inauguré demain. Thierry Porchet, photographe, a suivi l’épopée des travaux

«Ce chantier m’a fait penser à une scène de théâtre, du fait des lumières, des couleurs et des acteurs. Mais la pénibilité du travail m’est apparue comme bien réelle. De quoi soutenir encore et toujours la retraite à 60 ans.» Le photographe Thierry Porchet résume par ces quelques mots deux ans de suivi du chantier de la Maison du peuple à Lausanne. Son exposition sera vernie le 5 mars lors de l’inauguration et une douzaine de ses photos orneront ces prochaines années les murs des salles Jean-Jaurès, Rosa-Luxembourg et Jean-Villard-Gilles.

«C’est la dernière Maison du peuple indépendante en Suisse», souligne Julien Eggenberger, président du Cercle ouvrier lausannois propriétaire des lieux, du SSP et député socialiste. Son parti y a d’ailleurs de nombreux bureaux, aux côtés des autres groupes de gauche: le POP et Solidarités. On y trouve aussi l’Union syndicale vaudoise, la caisse chômage d’Unia et le syndicat Sud. Membres du Cercle ouvrier, les autres syndicats y louent des salles régulièrement.

Parcourant les dédales de cet immeuble à l’allure soviétique, Julien Eggenberger explique les différents travaux de mise aux normes de sécurité, le désamiantage et la remise en état de salles qui tombaient littéralement en ruine. Le rouge foncé prédominant a laissé la place à un doré chic. «Ce sont ses couleurs d’origine», précise le président heureux de l’effet, mais surtout de l’attrait des salles pour une multitude d’associations, de syndicats et de partis. Et d’indiquer: «C’est important de s’ouvrir aux mouvements sociaux, comme la Grève du climat, par exemple.»

A l’origine, le bâtiment se voulait le lieu de développement d’une culture ouvrière et accueillait dans ce sens: le cinéma Eldorado, le bowling, la salle de danse, les lotos… «Porter une culture démocratique est aussi un projet de gauche», rappelle Julien Eggenberger, qui souligne notamment le succès toujours actuel des bals mensuels de l’Avivo.

Créée en 1901, la Maison du peuple a déménagé trois fois, de Saint-François au pont Bessières (là où se trouvent aujourd’hui les Retraites populaires), puis à Chauderon en 1961.

L’Orchestre de chambre de Lausanne y a été créé en 1942. Aujourd’hui, c’est la Haute Ecole de musique (HEMU) qui s’est installée en son cœur. La salle de cinéma, écrin vide, attend encore sa transformation, son usage futur n’étant toujours pas défini.

En 2021, pour les 120 ans de la Maison du peuple, une large rétrospective est déjà prévue. Pour l’heure, en cette inauguration publique du 5 mars 2020, le Cercle ouvrier lausannois souhaite mettre en valeur les travaux effectués et porter son regard vers l’avenir. Le «Kremlin», surnom de l’époque, n’a pas fini de bruire de débats.


Programme de l’inauguration ouverte au public jeudi 5 mars, dès 17h30

18h: cérémonie officielle en présence, entre autres invités, de Nuria Gorrite, présidente du Conseil d’Etat du canton de Vaud, Grégoire Junod, syndic de Lausanne, Noémie L. Robidas, directrice de la Haute Ecole de musique (HEMU), Pierre-Yves Maillard, président de l’USS.
19h15: vernissage de l’exposition photographique de Thierry Porchet.
19h30: apéritif et musique avec un groupe de la HEMU.