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Des vagues violettes à Lausanne

Manifestantes, seins nus, à Lausanne.
© Thierry Porchet

La mobilisation décentralisée pour cause de coronavirus n’a pas empêché le cœur de la ville de battre pour les droits des femmes

C’est sur le coup de minuit, samedi soir, que la grève féministe a débuté à Lausanne. Quelques centaines de personnes réunies sur la place de la Riponne au son de «Résiste!» de la chanteuse France Gall et de celui du groupe chilien féministe Las Tesis, de la chorégraphie aujourd’hui mondialement connue: «Un violador en tu camino» («un violeur sur ton chemin»). Une performance qui sera reprise plusieurs fois sous le soleil du dimanche 8 mars. A la mi-journée, les premières manifestantes, et manifestants, se réunissent à la Riponne. De la nourriture gratuite cuisinée par des hommes solidaires, au son de la chorale anarchiste de Lausanne qui donne le ton: des chants féministes dont l’hymne si émouvant du MLF (Mouvement de libération des femmes) des années 1970. Au micro, ensuite, une quinzaine de militantes, à tour de rôle, rappellent les revendications de cette journée internationale des droits des femmes: contre les discriminations liées aux genres, contre le patriarcat, le racisme, le néocolonialisme ou encore l’augmentation de l’âge de la retraite; pour la régularisation des personnes sans papiers, la sensibilisation dès le plus jeune âge contre les stéréotypes, et la reconnaissance des femmes sourdes-muettes, des prostituées, ou encore des artistes féministes, entre autres.

Les politiques doivent agir

Les récriminations sont nombreuses, et comme le dénonce en aparté l’une des membres du collectif vaudois, Tamara Knezevic: «Si la grève féministe du 14 juin a permis une conscientisation et une plus grande visibilité dans les médias, avec notamment l’entrée dans le vocabulaire du mot féminicide, les politiques n’ont toujours pas bougé. Or la réaction du Conseil fédéral face au coronavirus prouve que des mesures urgentes sont possibles. Alors pourquoi pas pour les femmes et pour le climat?»

L’une des nombreuses pancartes, toutes aussi créatives que revendicatives, indique: «Le patriavirus s’attrape, tue, blesse, plus que le corona.» Reste que les organisatrices ont respecté les consignes, en proposant de remplacer la manifestation prévue par des rassemblements sur plusieurs places. Sur celle de Saint-Laurent, bientôt rebaptisée «place du 14-Juin», un die-in – soit une action où tout le monde se couche – est accompagné par le chant d’une militante revisitant l’hymne du MLF. Les paroles écoféministes renvoient à l’exploitation de la Femme et des ressources naturelles de la Terre.

Sur la place de la Palud, la hausse de l’âge de la retraite est dénoncée une fois de plus. Tout autour, des petits groupes se déplacent en scandant «So-so-so solidarité avec les femmes du monde entier» ou encore «Fière, vénère et pas prête de se taire». Ils se font parfois écho au détour des ruelles.

Contre les féminicides

Sur la place de la Gare, des slogans s’élèvent de la bouche du métro. Avant qu’une quinzaine de jeunes femmes torses nus, mais cagoulées, en sortent, revendiquant notamment leur liberté à disposer de leur corps. Une performance choc: des sacs sur la tête, plusieurs d’entre elles à genoux se font «assassinées» (par un spray de peinture rouge). Un message: «On ne les tue pas par amour!»  Et une réponse, le poing levé: «Pas une de plus!»

Entre les manifestantes, la circulation continue, jusqu’au moment où plusieurs membres de XR bloque… une Ferrari rouge. Tout un symbole. A son bord, un sexagénaire, visiblement agacé, fait rugir ses chevaux, avant de finir par reculer. Les manifestantes laisseront passer un bus juste après. A son volant, le chauffeur, grand sourire, les applaudit.

«On est plus que 1000», lance une petite fille, étonnée aussi du tampon hygiénique rouge porté en guise de boucle d’oreille par une jeune femme qui lance en riant: «C’est la nouvelle mode!» Un vent de liberté souffle en cet après-midi de sororité. Les femmes et les hommes solidaires, de tout âge, entonnent une fois de plus le chant chilien, en espagnol et en français: «La coupable, ce n’est pas moi ni mes fringues ni l’endroit… Le violeur c’est toi, c’est l’Etat, la société…» La performance sera répétée, ainsi que d’autres chants sur la place de la Riponne en fin d’après-midi. La boucle de la mobilisation du 8 mars est bouclée… mais la lutte continue.

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