Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

«Les travailleurs devront payer pour les déficits»

La gauche et les syndicats lancent le référendum contre l’abolition du droit de timbre, qui fera perdre au moins 200 millions aux caisses de la Confédération

La gauche et les syndicats ont lancé la semaine dernière le référendum contre l’abolition du droit de timbre. Rien à voir avec La Poste puisqu’il s’agit d’impôts prélevés par la Confédération sur les transactions financières. Il en existe trois: le droit d’émission de papiers-valeurs sur le capital propre, le droit de négociation sur le commerce de papiers-valeurs et le droit sur les primes d’assurance. L’année dernière, ils ont rapporté tous les trois 2,4 milliards de francs à la Caisse fédérale. Depuis une douzaine d’années, la suppression de ces timbres fédéraux est évoquée régulièrement à Berne. Les Chambres viennent de décider d’avancer par étapes et ont approuvé la liquidation du droit de timbre sur l’émission de capital propre. «La suppression du droit de timbre est une vieille revendication des banques et des assurances. Jusqu’ici, toutes les tentatives ont pu être bloquées, notamment parce que cette abolition entraînerait la perte de plus de deux milliards de francs de recettes fiscales. Le Parlement et le conseiller fédéral Ueli Maurer ont donc choisi d’avancer masqués: ils ont entrepris de diviser le projet de suppression en plusieurs tranches pour les faire passer plus facilement», explique Daniel Lampart, le premier secrétaire de l’Union syndicale suisse (USS). L’étape initiale, l’abrogation du timbre d’émission contre laquelle le référendum est lancé, coûtera entre 200 et 250 millions par an, selon l’estimation de l’USS. Les phases suivantes prévoient la disparition des timbres sur des négociations et sur les primes d’assurance. En ajoutant la fin annoncée de l’impôt anticipé sur les intérêts obligataires, le prix à payer sera de l’ordre de 2 milliards. Et d’autres réformes fiscales seront bientôt à l’ordre du jour, comme la suppression des droits industriels (570 millions de recettes par an). «Ce projet ne profitera qu’à la place financière, aux grandes fortunes et aux hauts revenus. Les travailleurs devront payer pour les déficits qui s’ensuivront», met en garde Daniel Lampart. Comme l’indique l’économiste en chef de l’USS, ce sont surtout les grosses fortunes et les contribuables à hauts revenus qui possèdent des portefeuilles d’actions bien garnis. Contrairement aux pays voisins, il n’y a pas d’impôt sur le capital en Suisse ni de taxe sur les transactions financières. Le droit de timbre rattrape en partie cette absence, il se monte aujourd’hui à 1%, contre 3% vingt ans auparavant. «S’il est supprimé, les détenteurs de titres seront encore plus privilégiés qu’aujourd’hui.» Et le monde de la finance de nouveau avantagé. «Le droit de timbre compense la trop faible imposition de ce secteur. Ainsi, de nombreux services des banques et des assurances ne sont par exemple pas soumis à la TVA. C’était d’ailleurs l’argument avancé par la Confédération jusqu’à ce qu’Ueli Maurer reprenne le Département fédéral des finances.»

Le référendum peut être téléchargé sur: arnaque-non.ch

Pour aller plus loin

Stop aux privilèges fiscaux des gros actionnaires

Les Genevois sont appelés à se prononcer sur une initiative qui demande que les revenus des gros actionnaires soient imposés comme ceux de tout un chacun. Entretien avec Anna Gabriel Sabaté, secrétaire régionale d’Unia Genève

Le monde professionnel, fréquent théâtre de souffrances

La violence et le harcèlement au travail touchent plus d’une personne sur cinq, selon une enquête internationale

Violence et harcèlement au travail: le Conseil des Etats doit se prononcer

Un homme pose sa main dans le cou d'une femme en train de travailler.

Les sénateurs tiennent entre leurs mains la décision de ratification de la Convention 190 de l’OIT visant à lutter contre ces maux. Un oui ou un non sera décisif pour la Suisse…

Des millions de francs de manque à gagner

A Genève, la gauche et les syndicats attaquent par référendums la réforme fiscale des biens immobiliers, jugée comme un nouveau cadeau aux propriétaires les plus aisés