Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

La guerre accentue les problèmes de l’industrie

L’industrie d’exportation est la plus touchée par le conflit, mais les entreprises semblent bien résister, analyse le responsable du secteur industrie d’Unia, Yves Defferrard

Quel est l’impact de la guerre en Ukraine et des sanctions à l’encontre de la Russie sur l’économie suisse? Doit-on craindre du chômage et des pertes de salaire?

Selon une enquête récente d’Economiesuisse, une entreprise sur quatre serait affectée par le conflit. C’est l’industrie d’exportation qui est la plus touchée, notamment la chimie et l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux. L’agroalimentaire, le textile et le commerce de gros sont aussi particulièrement concernés. Certaines sociétés exploitent des sites en Ukraine ou en Russie, d’autres font face à des interdictions d’exporter ou souffrent de la hausse des prix des matériaux, des matières premières et de l’énergie.

Les effets sont contrastés, analyse le responsable du secteur industrie d’Unia, Yves Defferrard. «Il y a d’abord les entreprises actives en Ukraine, qui ont été contraintes de mettre leur personnel en sécurité. Nous n’avons pas encore une vision complète, mais, à notre connaissance, elles ont semble-t-il été pour le moment bienveillantes envers leurs collaborateurs en continuant à verser les salaires. La question est de savoir jusqu’à quand.»

«Il y a ensuite, poursuit le membre du comité directeur d’Unia, des entreprises qui disposent d’une succursale en Russie. Il y a une forte pression de l’opinion pour qu’elles ferment leurs portes. Pour moi, tout ce qui peut contribuer à arrêter la guerre est bon à prendre, mais il ne faut pas oublier que lorsqu’on demande à une société de stopper ses activités, il y a derrière des salariés, qui n’ont pas voulu ce conflit, et qui se retrouvent sans emploi. Il faut prendre garde à l’effet boomerang: que peuvent penser de nous des travailleurs russes se retrouvant sans salaire? Nous risquons d’en faire des alliés de Poutine. C’est pourquoi il y a une exigence des syndicats à ce que les salaires continuent d’être payés. Il faut envisager des suspensions provisoires et non des fermetures définitives. Je sais par exemple que la commission d’entreprise internationale de Nestlé a été attentive à cette problématique.»

Environ deux cents entreprises suisses sont présentes en Russie et elles risquent de se faire geler leurs actifs. Audemars Piguet s’est déjà vu confisquer des pièces pour plusieurs millions de francs. Qu’en est-il justement pour l’horlogerie? «La branche n’est pas impactée, même si cela peut varier suivant les entreprises. Pour le moment, il y a énormément de boulot», indique Raphaël Thiémard, responsable de l’horlogerie pour Unia. On sait que Poutine et les oligarques apprécient les montres suisses, mais les pays de l’Est ne représentaient en 2021 que 1,4% des exportations horlogères, qui ont connu une croissance particulièrement marquée en février dernier.

Pas de licenciements annoncés

«De manière générale, pour les entreprises suisses, la guerre a accentué des problèmes déjà apparus durant la crise sanitaire, comme l’approvisionnement en matériaux et en pièces, mais elles semblent bien résister, explique Yves Defferrard. Nous n’avons pas eu jusqu’à présent de licenciements annoncés en lien avec cette nouvelle crise, mais je pense que ce n’est pas le moment, par exemple, de supprimer les procédures simplifiées en matière de chômage partiel.»

Depuis le 1er avril, de nouvelles règles sont en vigueur pour la réduction de l’horaire de travail (RHT). Si la RHT est due à d’autres raisons que la pandémie, comme la guerre en Ukraine, il est prévu que seules les dispositions de la loi sur l’assurance chômage s’appliquent. L’Union syndicale suisse demande le maintien des mesures facilitant la RHT.

Au-delà des questions économiques, Yves Defferrard évoque les problèmes humains posés par le conflit. «Pour les salariés en Suisse, savoir que des collègues étaient en danger a constitué un véritable choc psychologique», note le syndicaliste, en relevant aussi le défi posé par l’accueil des réfugiés: «Si le conflit se prolonge, la question est de savoir comment les intégrer dans l’économie. De gros efforts devront être consentis, notamment sur le plan de la formation.»

Pour aller plus loin

«Nous avons perdu la verrerie, mais nous partons la tête haute»

Après sept journées d’arrêt de travail, les grévistes avaient obtenu le report d’un mois des premiers licenciements et l’ouverture de négociations.

Le four de Saint-Prex (VD) a définitivement été arrêté ce jeudi 27 juin, après que le personnel ait arraché de haute lutte un plan social «acceptable» et tandis que des initiatives sont lancées pour recréer une filière verre en Suisse

Le personnel de Vetropack a son plan social

Après sept journées d’arrêt de travail, les grévistes avaient obtenu le report d’un mois des premiers licenciements et l’ouverture de négociations.

Soutenus par les syndicats Unia et Syna, les travailleurs et travailleuses de Saint-Prex (VD) ont obtenu des indemnités très supérieures aux précédents plans sociaux du groupe

Le jour où le drapeau d’Unia a flotté sur la verrerie de Saint-Prex

Le drapeau d'Unia flotte au dessus du bâtiment Vetropack

Menacés d’être licenciés sans plan social, les travailleurs et les travailleuses de Vetropack ont pris le contrôle de leur usine et mis la main sur le stock de bouteilles. Après sept journées de grève et d’occupation, ils ont obtenu l’ouverture de négociations. Récit

La grève chez Vetropack est suspendue

Les salariés de l'ultime verrerie de Suisse exigent le gel des licenciements, la conclusion d’un plan social et le maintien d'emplois industriels sur le site.

Après sept journées de grève, un accord a pu être trouvé sur les modalités de négociations pour un plan social.