Des centaines de francs en moins chaque mois
Si la motion Ettlin était adoptée, à Genève, près de la moitié des personnes concernées par l'introduction du salaire minimum seraient touchées.
Sachant que le salaire minimum passera à 4368 francs par mois en janvier prochain, soit 24 francs l’heure, un employé de l’hôtellerie-restauration verrait, dans ce cas, son salaire redescendre à 4203 francs, voire même à 3793, ou 3477 francs s’il est moins qualifié. Les coiffeurs, eux, retomberaient à 3350 francs brut, ou 3800 pour les détenteurs d’un CFC. Soit plus de 1000 francs en moins par mois pour les premiers. Autre exemple, celui des salariés de shops de stations-service. A Genève, les salaires horaires de la Convention nationale devraient s’appliquer, soit entre 20,33 francs et 22,53 francs au plus haut. Sans oublier les secteurs de la sécurité, du nettoyage et de l’économie domestique, qui seraient eux aussi touchés.
«En 2020, le peuple genevois a voté à plus de 58% en faveur du salaire minimum en pleine pandémie, rappelle Helena Verissimo de Freitas, secrétaire régionale adjointe d’Unia Genève. Cela a été très significatif de la prise de conscience des mauvaises conditions de travail des salariés de certains secteurs qui, pour un travail à temps plein, gagnaient moins de 4000 francs par mois. Aujourd’hui, la droite veut casser la volonté populaire tout en s’attaquant aux salaires des secteurs les plus précaires. C’est indécent de la part du camp bourgeois qui ne fait qu’octroyer des avantages au patronat.»
La Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) rappelle que les effets indésirables que brandissaient les opposants au salaire minimum n’ont pas eu lieu. Aucune vague de licenciements ou de fermetures d’entreprises n’a été constatée depuis novembre 2020. «Cela montre qu’un salaire à 23,27 francs l'heure est économiquement possible en plus d'être socialement utile.»
Y renoncer aurait des conséquences pour la collectivité. «Avant l’introduction du salaire minimum, des milliers de salariés devaient recourir aux aides sociales pour boucler leurs fins de mois», rappelle Helena Verissimo de Freitas. «Si la motion Ettlin passait, ces milliers de salariés qui ont bénéficié des bienfaits du salaire minimum devraient de nouveau se tourner vers l’aide sociale. La responsabilité des employeurs serait alors déplacée vers le contribuable qui a lui-même voté en faveur du salaire minimum afin de mettre fin aux abus.»