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Grand froid: les chantiers doivent être stoppés!

Syndicaliste d'Unia.
© Cédric Vincensini

Les syndicats sont allés à la rencontre des travailleurs avant de tenir une conférence de presse devant le cabanon où les ouvriers s’étaient mis au chaud. Au centre, le syndicaliste d’Unia José Sebastiao.

Les trois syndicats genevois de la construction ont protesté contre l’irrespect des mesures de protection qui s’imposent en cas de neige et de grand froid. Ensemble, ils exigent un fonds cantonal pour les intempéries afin que les délais ne passent pas avant la santé des travailleurs

«Lorsque la neige est tombée, est-ce que votre journée de travail a été aménagée différemment?» «Non, nous avons travaillé sans nous arrêter, comme d’habitude», répondent trois travailleurs du chantier de la rue des Savoises, à Genève, interrogés par des syndicalistes. «Avez-vous pu sécher vos vêtements?» La réponse est encore négative. «Et les jours suivants, quand les températures ont atteint les –3 degrés avec un ressenti allant jusqu’à –8, que s’est-il passé?» «Rien, nous n’avons pas eu de pause supplémentaire.» Et pourtant, la loi prescrit que, lorsque les températures atteignent –5 degrés et moins, une pause de 15 minutes doit être aménagée toutes les 90 minutes afin de permettre au travailleur de se réchauffer*.

Les syndicats genevois du secteur de la construction ont convoqué la presse le 24 janvier pour dénoncer le non-respect de ces mesures et donc la mise en danger de la santé des travailleurs du canton. «Malgré la neige et le froid, quasi aucun chantier ne s’est arrêté, pointe José Sebastiao, secrétaire syndical d’Unia. Nous sommes ici sur un chantier public, et les mesures de grand froid n’ont pas été prises alors qu’il devrait être exemplaire. Nous demandons donc à l’Etat que la santé et la protection des travailleurs passent avant le respect des délais!»

Les syndicalistes d’Unia, du Sit et de Syna ont apporté des boissons chaudes et ont invité les travailleurs à rester à leurs côtés dans la cabane en attendant que l’employeur soit contacté.

Pour un fonds intempéries

«Qu’il fasse très chaud ou très froid, rien n’est mis en place, regrette Thierry Horner, du Sit. La Société suisse des entrepreneurs Genève parlait de caricature dans les médias à propos du bilan canicule de l’été 2022 des syndicats, mais le constat est là: cet hiver, comme l’été dernier, la réalité du terrain est que les employeurs ont manqué à leurs obligations.»

Un épisode qui relance le débat sur le fonds intempéries, attendu et réclamé depuis des années à Genève. «Nous avons eu trois ou quatre réunions en un an à ce sujet, mais le processus ne va pas assez vite, déplore José Sebastiao. Nous demandons que ce fonds soit mis en place rapidement, il y a urgence!» Les syndicats appellent à mettre sur pied un fonds sur la base de ce qui existe déjà dans le canton de Vaud, qui viendrait indemniser les travailleurs renvoyés à la maison en cas d’intempéries les deux premiers jours de carence du chômage. A Genève, actuellement, lorsque le travail n’est pas possible, cela est retenu sur les heures du travailleur. «Le modèle existe, on peut s’en inspirer et vite le concrétiser ici, c’est juste une question de décision politique...» Le débat sur les intempéries est également national, pour rappel, un groupe de travail devrait être mis en place pour en parler au niveau de la Convention nationale du secteur principal de la construction. Cela dit, au bout du lac, les syndicats priorisent une solution locale qui prendrait en compte les spécificités météorologiques du canton.

Chantier à l'arrêt.
Par grand froid, les travaux doivent être arrêtés. © Cédric Vincensini

 

Inspecteurs alertés

D’après les syndicats, les entreprises ne peuvent pas ne pas savoir. La commission paritaire du gros-œuvre leur envoie chaque année une circulaire pour leur rappeler leurs obligations. Ce jour-là, Unia, le Sit et Syna ont contacté l’Office cantonal de l’inspection et des relations de travail (OCIRT) et l’Inspection paritaire des entreprises (IPE) pour les alerter de la situation et leur demander de procéder à des contrôles dans tout le canton et, si nécessaire, de prendre les sanctions qui s’imposent. Par ailleurs, la direction de l’entreprise dudit chantier a été appelée et priée de venir sur place pour discuter. «Le directeur du génie civil s’est déplacé quelques heures après, rapporte José Sebastiao. Il a dit avoir pris conscience de la situation et s’est engagé à ce que des mesures soient mises en place à l’avenir afin de protéger les travailleurs.» Un épilogue plutôt positif. «Quand la santé est mise en danger, il faut rester à la maison. Pourquoi cela n’a pas été le cas? A cause des délais. Les travailleurs ont repris mi-janvier, après presque un mois de vacances, et maintenant, ils doivent avancer pour ne pas prendre de retard, quoi qu’il en coûte...»


* Brochure Travailler au froid du SECO, à télécharger ou à commander gratuitement sur le site: seco.admin.ch

Santé en danger

Lorsque la température au poste de travail est inférieure à 15 degrés, les risques pour la santé augmentent. De même, la motricité et l’habileté étant réduites, tout comme la capacité de réaction, les accidents peuvent également être plus fréquents.

Les personnes qui travaillent au froid de manière répétée et à long terme peuvent souffrir des voies respiratoires, du système musculo-squelettique (rhumatismes), de l’appareil urinaire, des nerfs ou encore des vaisseaux.

Des précautions encore plus strictes doivent être prises pour les femmes enceintes, les collaborateurs de moins de 18 ans et de plus de 55 ans et les personnes plus fragiles.

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