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Pour le maintien de crèches de qualité!

Ambiance de crèche.
© Olivier Vogelsang

Les référendaires, dont les syndicats, ne veulent pas de crèches au rabais et d’économies sur le dos du personnel et des enfants.

Les syndicats, la gauche et les associations professionnelles genevois lancent un référendum contre une modification de la Loi sur l’accueil préscolaire mettant en péril les conditions de travail du personnel

A Genève, dans le domaine de la petite enfance, les conditions de travail sont réglementées. Un travail de longue haleine qui permet aujourd’hui que toutes les structures d’accueil préscolaire qui ne sont pas municipalisées ou couvertes par une convention collective de travail, qu’elles soient subventionnées ou non, soient soumises aux usages professionnels. Ces derniers imposent des conditions de travail et une grille salariale minimale, un garde-fou indispensable et pourtant menacé. En effet, la majorité du Grand Conseil genevois a voté fin juin en faveur d’une modification de la Loi sur l’accueil préscolaire (LAPr), entraînant la suppression de l’obligation d’appliquer les usages professionnels du domaine. Seule l’adoption du salaire minimum cantonal suffirait pour autoriser le fonctionnement d’une structure…

Deux poids, deux mesures

Pour les syndicats – dont Unia –, les partis de gauche et les associations professionnelles, pas question de laisser passer cette attaque. C’est pourquoi ces derniers ont lancé le 10 juillet un référendum contre le démantèlement des conditions de travail et du salaire du personnel, baptisé «Pas de crèches au rabais! Pas d’économies sur le dos du personnel et des enfants!»; 5479 signatures doivent être déposées d’ici au 11 septembre 2023 pour que ce soit au peuple de trancher.

Les opposants voient dans cette modification légale l’ouverture d’une brèche dangereuse pour s’attaquer à la qualité de l’accueil et aux conditions de travail aujourd’hui protégées. «En permettant une telle différence de traitement entre les structures soumises à une CCT – ou les institutions municipalisées – et les autres, la droite pratique une large offensive de sous-enchère salariale», expose le texte du référendum. «Voulons-nous vraiment un système à deux vitesses, avec, d’un côté, le personnel sous CCT et, de l’autre, le personnel dont les conditions de travail sont largement détériorées? Est-ce en rendant les conditions de travail encore moins attractives que l’on résoudra la pénurie de personnel et de places en crèche? Non!» Le canton compterait un peu moins de 50 structures soumises à ces usages.

Relève menacée

Les métiers de la petite enfance sont des métiers de conviction, souvent pénibles, avec des horaires irréguliers, du bruit incessant, des postures délicates ainsi qu’une charge mentale forte et une exposition aux maladies infantiles. Quant au niveau de formation du personnel, «il mérite des conditions de travail dignes de ce nom», estime le comité référendaire, qui insiste sur le mépris de ce vote, quelques jours après le 14 juin, pour ce personnel majoritairement féminin.

Alors que les crèches peinent déjà à recruter aujourd’hui, la seule référence au respect du salaire minimum (24 francs l’heure en 2023) ne permettra pas de rendre ces professions attractives et d’avoir du personnel à même de répondre aux défis pédagogiques actuels à l’image de l’égalité des chances, du soutien à la parentalité ou des enfants avec des besoins particuliers. Au contraire. «Démanteler les conditions de travail dans les crèches empêchera de trouver la relève d’éducateurs et d’éducatrices de l’enfance, qui fait tellement défaut, et rendra encore plus difficile la création de nouvelles places d’accueil. La solution passe au contraire par un investissement plus important des collectivités publiques pour créer de nouvelles places et permettre aux mères de se maintenir en emploi», s’indignent les auteurs du référendum.

Effet boule de neige?

Les syndicats et leurs alliés sont aussi préoccupés sur le fond que sur la forme. «C’est la première fois que la majorité de droite ose s’attaquer à un mécanisme de régulation du marché du travail en autorisant quelques entreprises à s’affranchir des règles qui s’appliquent à d’autres», soulignent-ils dans leur communiqué de presse. «Après les crèches, à qui sera-ce le tour? Cette “autorisation de sous-enchère” constituerait un dangereux précédent pour l’ensemble de l’économie, à laquelle il faut impérativement s’opposer.» Le message est passé.

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