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3 mars 2024, une journée historique

2.	La délivrance! Les premières tendances donnent la 13e rente gagnante.
© Thierry Porchet

La délivrance! Les premières tendances donnent la 13e rente gagnante.

La 13e rente AVS a été approuvée dimanche par 58,2% des suffrages et quinze cantons, pour le plus grand bonheur des initiants réunis à Berne au Volkshaus

Il est presque midi et la télé alémanique s’apprête à révéler les premières tendances. Au Volkshaus (maison du peuple) de Berne, stamm des initiants, les syndicalistes et les militants de gauche se pressent face à l’écran autour du président de l’Union syndicale suisse, Pierre-Yves Maillard. Une clameur retentit, étouffant la voix du journaliste: les premières tendances donnent la 13e rente gagnante. La présidente d’Unia, Vania Alleva, et Pierre-Yves Maillard tombent dans les bras l’une de l’autre. Ce dernier ne peut retenir une larme. Le moment est historique. Sur une thématique sociale, c’est tout bonnement la première fois qu’une initiative fédérale de la gauche passe la rampe.

«Nous avons mené une large campagne de la base, se félicite, tout sourire, Vania Alleva, les retraités ont organisé des manifestations, les jeunes et les migrants se sont mobilisés, on a discuté de l’initiative sur les chantiers et dans les usines, beaucoup de monde, y compris en dehors du syndicat, a commandé du matériel.»

Il est maintenant 12h30, il y a encore plus de monde devant l’écran et, là, c’est l’explosion de joie, bras et poings tendus. Les premiers résultats tombent, le oui du peuple et celui des cantons se confirment.

«Moi, j’étais sûre que nous allions gagner. Tout devient cher, nous avons de la peine à joindre les deux bouts», confie la Genevoise Claire Sottas-Blattmann, retraitée de Migros et militante d’Unia.

«J’avais préféré me dire que cela n’allait pas passer, mais ce matin, sur le chemin, j’ai commencé à y croire un peu. C’est magnifique, c’est une très belle journée, on n’en connaîtra pas d’autres comme cela», explique, pour sa part, Monique Amy, d’Yverdon. «Comme quoi le travail militant paie», souligne, à ses côtés, son époux Claude. «La 13e rente nous fera du bien. Je pense surtout à toutes ces personnes seules. Si je viens à disparaître, mon épouse, qui a un petit 2e pilier parce qu’elle a arrêté de travailler pour élever nos enfants, tombera dans une certaine pauvreté. La 13e rente donnera donc de l’oxygène aux retraités réduits au régime “PP”, soit pâtes et patates», sourit ce président du groupe des retraités Unia du Nord vaudois, qui tient à aller serrer la main de Pierre-Yves Maillard, assiégé par les militants et les journalistes. «PYM, c’est le syndicaliste de la base, il a une belle personnalité qu’on est obligé de suivre, il entraîne.»

La foule se forme encore vers l’écran, il est 13h, la victoire est assurée, nouvelle explosion. La 13e rente est finalement acceptée par 58,2% des suffrages et quinze cantons contre huit.

«C’est un petit tremblement de terre dont la Suisse avait besoin», commente Aldo Ferrari, coresponsable du secteur arts et métiers d’Unia. «C’est un juste retour des choses pour les femmes qui doivent se résoudre à travailler une année de plus, même si cela ne compense pas. C’est une reconnaissance pour tout le travail accompli par la génération actuelle des retraités qui ont construit ce pays. Le vote d’aujourd’hui démontre qu’il existe encore un pacte social. Je suis fier du travail que nous avons mené. Rendez-vous est pris en septembre pour la votation sur LPP 21, la réforme de la prévoyance professionnelle qui doit être envoyée à la casse.»

«La 13e rente n’est que justice sociale, il n’existe pas de conflit générationnel comme a essayé de nous le faire croire la droite», déclare Margot Chauderna, coprésidente des Jeunes Vert.e.x.s.

© Thierry Porchet

Pas de hausse de l’âge de la retraite

D’ailleurs, l’autre objet fédéral soumis en votation, l’initiative des Jeunes libéraux-radicaux visant à relever l’âge de la retraite à 66 ans et plus, a fait un bide avec seulement 25,3% des voix.

Coresponsable du secteur construction d'Unia, Chris Kelley est soulagé: «La Société suisse des entrepreneurs s’est engagée dans la campagne en faveur de cette initiative des Jeunes PLR en déclarant qu’elle n’aurait pas d’impact sur la retraite anticipée du secteur principal de la construction, ce qui est faux puisqu’elle aurait provoqué un relèvement automatique de l’âge de départ à la retraite. Ensuite, elle a dit que l'augmentation de l'âge de la retraite était raisonnable en prétendant que les chantiers étaient devenus des lieux de travail modernes… Les maçons étaient furieux.» Dans d’autres branches du bâtiment, des retraites anticipées étaient aussi menacées, mais tout est bien qui finit bien.

«Cela donne confiance pour l'avenir de notre prévoyance vieillesse, cela aide notre lutte pour de meilleurs salaires, pour des primes d'assurance maladie supportables et contre le vol des rentes du deuxième pilier», conclut Vania Alleva.

Dans le Volkshaus, les militants ont le sourire, les verres tintent, on s’embrasse et on se donne des tapes dans le dos, des journées comme celle-là font du bien.

© Thierry Porchet

 

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