Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

«En vingt ans, les primes ont plus que doublé!»

Face à une assurance maladie qui coûte toujours plus chère, les syndicats soutiennent le remède de plafonnement des primes préconisé par le Parti socialiste.
© Olivier Vogelsang

Face à une assurance maladie qui coûte toujours plus chère, les syndicats soutiennent le remède de plafonnement des primes préconisé par le Parti socialiste.

L’initiative d’allègement des primes, soumise au peuple le 9 juin, demande que les assurés ne consacrent pas plus de 10% de leurs revenus aux primes. Entretien avec Vania Alleva

Nouveau coup dur pour les assurés. Les primes d’assurance maladie vont bel et bien flamber, encore une fois, à l’automne 2024. On parle de 8,7% d’augmentation en moyenne par rapport à 2023, selon le Conseil fédéral, contre 6,6% l’an dernier. Les cantons romands seront particulièrement touchés avec des hausses de primes de 8,9% à Genève et dans le Jura, 9,2% à Neuchâtel et 9,8% à Fribourg. Ces primes prennent de plus en plus de place dans la part totale des revenus, constate Tobias Müller, professeur en économie de la santé, dans l’une de ses publications. «Durant les vingt dernières années, les primes ont augmenté de 105% en moyenne, contre 21% pour les salaires sur la même période. Elles représentent en moyenne 7% des revenus disponibles, contre un peu plus de 4% il y a encore vingt ans. Mais pour près de deux personnes sur cinq, les primes se situent dans la tranche de 10% à 20% des revenus disponibles.

C’est dans ce contexte que les électeurs sont appelés à voter sur l’initiative populaire «Maximum 10% du revenu pour les primes d’assurance maladie (initiative d’allègement des primes)» le 9 juin prochain. Pour rappel, l’initiative, lancée par le Parti socialiste et soutenue par les syndicats, propose un plafonnement des primes à au maximum 10% du revenu disponible. Les subsides seraient financés par la Confédération à hauteur de deux tiers environ, et le reste par les cantons. 

Sans grande surprise, le Conseil fédéral s’y oppose, jugeant qu’elle coûtera trop chère (plusieurs milliards de francs par an) et qu’elle n’incitera pas à maîtriser les coûts de la santé…

Vania Alleva, présidente du syndicat Unia, s’exprime sur les enjeux de cette votation.

 

Pourquoi est-il essentiel de voter pour cette initiative?

Les primes d'assurance maladie ne cessent d'augmenter. Au cours des vingt dernières années, elles ont plus que doublé. Avec l’initiative, nous stoppons cette évolution. Les primes d'assurance maladie seront plafonnées à 10% maximum du revenu disponible. Cela protège les revenus normaux, les familles, les retraités et les retraitées. La Confédération doit participer davantage au financement des réductions de primes.

 

Les opposants à cette initiative pointent souvent son financement: comment rassurer les électeurs à ce sujet?

Aujourd'hui, les assurés paient le prix pour que les lobbies des groupes pharmaceutiques et du secteur de la santé imposent leurs intérêts. Ils ont jusqu'à présent empêché les politiques de maîtriser les coûts de la santé. Il en résulte des primes plus élevées pour nous tous. En cas d'acceptation de l'initiative, la pression de l'augmentation des coûts de la santé se déplacera des payeurs de primes vers la politique. La Confédération et les cantons devront distribuer nettement plus de réductions de primes et seront alors incités à aller enfin de l'avant en ce qui concerne les prix des médicaments et la pseudo-concurrence coûteuse entre les caisses. 

 

Est-ce que l'initiative du Centre, également au menu de ces votations, est une menace pour l'initiative socialiste d'allègement des primes?

Non. Le principal problème du système de santé suisse réside dans son financement non solidaire, notamment par le biais de la prime par tête dans l'assurance de base. L’autre problématique est le gaspillage et l'affairisme dans le système de santé. Des mesures sont nécessaires pour maîtriser la croissance des coûts dans ce secteur. Et ce, sans mettre en danger la qualité des soins ni exercer une pression plus forte sur le personnel soignant déjà très sollicité.

 

Après la victoire de la 13e rente AVS, est-ce que les pronostics sont bons pour une nouvelle victoire syndicale le 9 juin?

Oui, selon les sondages, l’initiative a de bonnes chances. De plus en plus de ménages ont du mal à joindre les deux bouts. Depuis deux ans, le renchérissement engloutit le pouvoir d’achat, alors qu’au même moment, l'économie se porte bien. Il faut changer la donne, ce n’est pas possible autrement. Il faut baisser les primes et augmenter les salaires!

S’y retrouver dans la jungle des assurances

Bon à savoir! Votre assureur a jusqu’à fin octobre pour vous informer du montant de votre nouvelle prime 2024. Il vous sera ensuite possible de résilier ou de changer votre assurance maladie jusqu'à fin novembre. A noter que les assureurs maladie ont l’obligation d’accepter chaque personne dans l’assurance obligatoire des soins. Un outil* a été créé par la Confédération pour calculer vos primes et disposer de formulaires types pour changer de caisse facilement.

* priminfo.ch

Pour aller plus loin

Amiante: du diagnostic à la mise en œuvre des mesures

désavantage

Début novembre, la Suva a organisé une formation en ligne sur le désamiantage. Ses experts ont rappelé notamment que tous les bâtiments construits avant 1990 peuvent renfermer de l...

Non, les primes ne vont pas baisser avec EFAS

«Dans le domaine hospitalier et dans les soins de longue durée, les cantons vont se désinvestir et reporter les charges sur les caisses maladie. Ainsi, au lieu de favoriser le développement d’un système de santé efficient et de qualité, nous allons au contraire accélérer l’explosion des coûts pour les payeurs de primes, tout en mettant en danger la couverture de base en matière de soins», souligne Véronique Polito, vice-présidente d’Unia, inquiète face à ce report de charge.

Vice-présidente d’Unia, Véronique Polito met en garde: le financement uniforme des prestations est un «monstre bureaucratique» qui va accélérer l’explosion des primes maladie.

EFAS, «bombe à retardement» pour les assurés, les patients et les soignants

Véronique Polito, vice-présidente d’Unia, craint que le projet fasse exploser les budgets des ménages, puisque la part financée par les résidents d’EMS ou les bénéficiaires de soins à domicile augmentera elle aussi. Selon elle, les assurés seront doublement pénalisés: d’abord en tant que payeurs, ensuite comme bénéficiaires de prestations.

Au menu des votations du 24 novembre, le financement uniforme des prestations ambulatoires et hospitalières (EFAS) est combattu par les syndicats.

Hausse des primes : la balle est dans le camp des cantons

des médicaments sont posés sur une étagère

Face à la nouvelle augmentation moyenne de 6 % des primes d’assurance-maladie en 2025, les syndicats appellent les cantons à renforcer la réduction individuelle des primes.