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L’avenir d’Israël en question

C’est une mobilisation populaire sans précédent qu’Israël a connue ces derniers mois, avec des grèves et des manifestations quasi quotidiennes, forçant le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, à geler son projet de réforme judiciaire. Formée du Likoud et de la droite radicale et suprémaciste, la coalition au pouvoir entend en effet réduire les prérogatives de la Cour suprême et donner à la Knesset, le parlement, la possibilité d’annuler ses décisions. Faute de Constitution, cette haute juridiction fait office de Cour constitutionnelle pour l’Etat hébreu, elle assure un contre-pouvoir et une protection pour les citoyens, mais aussi, dans une certaine mesure, pour les résidents des territoires occupés. Les Israéliens opposés à la réforme évoquent à juste titre un changement de régime.

La neutralisation de la Cour suprême permettrait à la droite radicale de renforcer le caractère juif de l’Etat, de poursuivre la colonisation sans entraves et d’annexer de nouveaux territoires. S’il faut saluer la mobilisation populaire, force est de constater que la question palestinienne en a été singulièrement absente. Seule une minorité de gauche a porté les exigences du respect du droit international et des droits du peuple palestinien, ainsi que de la nécessité de rechercher des solutions au conflit. Malheureusement dans l’indifférence, voire l’hostilité. Deux événements symboliques peuvent être soulignés: député arabe israélien, Ayman Odeh a été agressé verbalement et physiquement par des manifestants après avoir pris la parole lors d’un rassemblement; ancien président de l’Organisation sioniste mondiale et de la Knesset, Avraham Burg a, lui, été molesté par des soldats alors qu’il témoignait de sa solidarité aux Palestiniens après l’attaque du village de Huwara par des colons. Il faut espérer qu’une majorité d’Israéliens finisse par comprendre que la paix dans la région comme la consolidation de leur fragile et imparfaite démocratie dépendent de relations apaisées avec les Palestiniens. Ce sont bien l’occupation, la colonisation, les problèmes sécuritaires et la marginalisation des Arabes israéliens qui empoissent la vie politique et sociale, qui ont porté la droite radicale au pouvoir et risquent de précipiter ce changement de régime.

Quant à nous, nous pouvons contribuer à maintenir la pression internationale. Le 28 mars, à l’occasion du match de foot Suisse-Israël à Genève, des militants ont ainsi déployé des drapeaux palestiniens et distribué des tracts. Autre initiative des amis des Palestiniens, la déclaration «Apartheid Free Zone». Inspirée de la lutte anti-apartheid de l’Afrique du Sud, la démarche aborde la question palestinienne sous l’angle de la dénonciation d’une forme de racisme institutionnalisé. Une déclaration qui engage ses signataires à condamner les discriminations dont sont victimes les Palestiniens et à ne pas s’en montrer complices en refusant de coopérer avec des entreprises et des institutions qui contribuent à leur préservation. Plus de 80 organisations et établissements publics en Suisse romande ont déjà signé la déclaration, dont Unia Genève et Pôle Sud, le centre socioculturel de l’Union syndicale vaudoise à Lausanne.