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Pus de protection pour les seniors

L'Union syndicale suisse a présenté la situation des travailleurs âgés et proposé différentes mesures

Licenciements, importantes difficultés à retrouver du travail, chômage de longue durée, emplois précaires, détérioration des assurances sociales: l'Union syndicale suisse a, dans le cadre d'une conférence de presse organisée la semaine passée à Berne, brossé un sombre tableau de la situation des travailleurs âgés. Lignes maîtresses.

Pas facile, pour les chômeurs de 50 ans et plus, de retrouver un travail. Et ce quand bien même ils possèdent des qualifications. Voilà ce qui ressort de la conférence de presse tenue le 16 avril dernier à Berne par l'Union syndicale suisse (USS). Une occasion pour la faîtière de faire le point sur la situation des travailleurs âgés sans emploi tout en relevant aussi les craintes des salariés dans cette catégorie d'âge de se trouver dans ce scénario. Inquiétudes ayant augmenté ces dernières années, quelque 14% de la population concernée confiant sa peur d'une telle issue contre moins de 12% en 2007, selon une enquête suisse sur la santé. Des soucis hélas fondés... «Les syndicats constatent au quotidien que les travailleurs âgés, contrairement aux années passées, sont toujours plus souvent licenciés... Le chômage des 55 - 64 ans est à un niveau historique», a déclaré Daniel Lampart, premier secrétaire et économiste en chef de l'USS, chiffres à l'appui, soit 7,9% de personnes dans cette tranche d'âge désireuses de travailler, selon l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Le chômage de longue durée est aussi plus souvent répandu chez les 55 ans et plus - avec, pour corollaire, la menace de finir à l'aide sociale où l'on compte davantage de bénéficiaires dans cette tranche d'âge - alors que le risque d'occuper un poste précaire a aussi augmenté: entre 2004 et 2014, la part des temporaires de 51 ans et plus a plus que doublé, passant de 5% à 13% (source Swissstaffing).

Plus un tabou...
Dans son exposé, l'économiste de l'USS a précisé que cette situation n'était pas liée aux coûts des travailleurs âgés, faisant référence à une enquête en la matière réalisée par l'Office fédéral des statistiques. «Les salaires n'augmentent plus à partir de la catégorie d'âge des 40 à 49 ans.» Pas plus que les cotisations sociales prélevées sur les salaires des travailleurs.
De son côté, Paul Rechsteiner, président de l'USS, a relevé qu'il n'était aujourd'hui plus tabou de mettre à la porte des collaborateurs méritants de longue date. Dans ce contexte, il a insisté sur la nécessité de mettre en place une protection efficace contre le licenciement de ces derniers. Comme sur l'interdiction de discriminer lors de procédures de recrutement. Mêmes attentes en matière de formation continue, de rémunération et de position dans l'entreprise. Le président de l'USS a aussi abordé la question des améliorations sociales et demandé que «les travailleurs âgés ne perdent pas leur droit à une rente du 2e pilier s'ils tombent au chômage juste avant la retraite».

Jeunisme forcené
Vania Alleva, coprésidente d'Unia, a pour sa part précisé les branches qui n'employaient que peu de salariés âgés, à l'image du second œuvre, de la coiffure ou encore de l'hôtellerie. Dans les domaines du textile et de la mode, la syndicaliste a même évoqué «un jeunisme forcené». Rappelant que l'expérience est un atout, la représentante d'Unia a également plaidé en faveur de davantage de protection de tous les salariés et surtout des plus âgés. «Il est urgent d'agir, y compris sur le plan sociopolitique... Nous ne pouvons pas passer sous silence le résultat de la votation du 9 février 2014. La catégorie d'âge des 50 à 59 ans est en effet la seule à avoir massivement approuvé ce projet. Et le vote de ces personnes a été décisif. Ce comportement n'est pas un hasard mais bien la conséquence d'une mauvaise évolution qui a perduré pendant nombre d'années. C'est un signal d'alarme.» Dans ce contexte, Vania Alleva a estimé qu'il était erroné de renvoyer aux calendes grecques le renforcement des mesures d'accompagnement. 


Sonya Mermoud