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Construire un mouvement solide et combatif

Dans le cadre du renouvellement des Conventions des techniciens du bâtiment et des électriciens, Unia Fribourg a réuni une soixantaine de travailleurs prêts à se mobiliser pour améliorer leurs conditions de travail. Témoignages

 Le 12 mai, en fin de journée, Unia Fribourg a organisé une assemblée générale commune rassemblant des électriciens et des techniciens du bâtiment. Les partenaires sociaux des deux branches sont actuellement en train de négocier en vue du renouvellement des Conventions collectives de travail, qui arrivent à échéance fin 2023. Une soixantaine de travailleurs du canton ont répondu présent, déterminés à défendre les revendications mises sur pied.

«Ces deux branches ont vécu les mêmes choses ces dix dernières années et elles partagent les mêmes revendications», explique Ivo Leo, secrétaire syndical en charge du dossier à Unia Fribourg.

Revendications

Le premier grief, c’est la perte de pouvoir d’achat. «Les augmentations 2023 sont insuffisantes pour compenser l’inflation», indique le syndicaliste. Partant, les travailleurs exigent une véritable revalorisation de leurs salaires et de leurs conditions de travail. «Ces travailleurs et ces travailleuses sont au front pour concrétiser la transition énergétique, et la pénurie de main-d’œuvre est déjà alarmante. Une amélioration de l’attractivité de leur branche est urgente.»

Ensuite, ils réclament une hausse du panier repas à 20 francs contre 15 francs actuellement pour la technique du bâtiment et 16 francs pour les électriciens.

Ils demandent en outre que l’ensemble des déplacements et des trajets professionnels soient payés, car aujourd’hui, les employeurs n’y sont pas contraints.

«Par ailleurs, compte tenu de la pénibilité de leurs métiers, l’introduction d’une retraite anticipée à 62 ans dans les deux branches est une nécessité», souligne Ivo Leo, qui ajoute que ce sont les deux dernières branches du bâtiment à en être dépourvues. Enfin, les travailleurs et leur syndicat exigent une semaine de vacances supplémentaire, à savoir six au lieu de cinq.

Constituer un front

Les discussions ont déjà démarré. «Les négociations ne sont jamais faciles», rapporte le secrétaire syndical. Le but de cette assemblée générale était donc de mobiliser les troupes, mais aussi d’informer correctement le personnel. «Notre objectif est de créer un groupe solide de travailleurs dans le canton de Fribourg, qui soient prêts à se mobiliser pour montrer qu’ils ne sont pas d’accord.» Ivo Leo est clair: si les associations patronales n’accèdent pas à leurs demandes, des actions syndicales seront menées. «Il y a du travail dans ces branches, et les entreprises font de beaux bénéfices, mais ils sont mal répartis. Il est urgent de partager le gâteau, car il y a une pénurie de main-d’œuvre qui est déjà là, avec 40% des places d’apprentissage qui restent vacantes...»

Et visiblement, les participants ont montré qu’ils étaient déterminés à aller jusqu’au bout et à se montrer combatifs, à l’image des maçons, pour obtenir des avancées cette année. «Les électriciens et les techniciens du bâtiment sont intéressés, investis et prêts à se mobiliser, comme dans le gros œuvre, ça fait plaisir à voir», conclut Ivo Leo, qui appelle les autres travailleurs de ces deux branches à rejoindre le syndicat, car «c’est tous ensemble que nous sommes forts et que nous aurons le pouvoir de faire bouger les lignes».

Témoignages

Dani (prénom d’emprunt), chef de chantier électricien, 49 ans

«Il faut améliorer les conditions de travail des électriciens car, comme les maçons, notre travail est pénible et, comme eux, on travaille à l’extérieur, et pourtant, notre branche est mal payée et mal organisée. Trouver un restaurant qui sert un repas à 16 francs, ça n’existe pas. De même, actuellement, seulement un trajet sur deux est pris en charge par le patron en cas de déplacement. Moi qui travaille beaucoup dans le Valais, si je termine à 17h, l’heure et demie de trajet pour rentrer au dépôt n’est pas comptée comme du temps de travail…

Il y a encore dix ans, nous avions plus de temps pour faire les choses. On nous demandait de prendre notre temps pour que les tâches soient bien faites. Aujourd’hui, il n’y a plus le temps, on nous stresse pour aller vite.

Je suis en arrêt maladie depuis un an à cause de problèmes de dos, et je n’ai pas 50 ans: qui peut aller jusqu’à 65 ans dans ce métier sans être cassé?

Il faut qu’on arrive à se faire entendre et à faire passer ces revendications, aussi pour attirer les jeunes dans le métier, car quand les apprentis voient les conditions dans lesquelles ils vont devoir travailler et le salaire, ils partent!

Je crois que nous sommes prêts à bouger. Les maçons ont réussi à obtenir des avancées car ils sont unis, c’est à notre tour maintenant!»


Sergio, technicien du bâtiment, 47 ans

«C’est important pour moi de me battre pour la branche et pour les générations futures. Dans notre métier de soudeur industriel, nous devons travailler dans des positions inconfortables et pénibles. La vue se dégrade aussi à partir de 30-35 ans. Je dois changer mes verres tous les deux ans environ, car elle baisse. On travaille dans la poussière et l’émail, et au contact de matériaux qui vont de –40 degrés à +100 degrés. Nous ne sommes pas des privilégiés sur les chantiers.

On nous demande de bosser toujours plus, alors que les salaires, eux, ne bougent presque pas. Avant, on faisait uniquement de la soudure, de nos jours, on nous demande d’être polyvalents.

Les grandes boîtes actives dans la technique du bâtiment font des millions de francs et nous, les travailleurs, on n’en profite pas, alors que nos loyers augmentent comme les assurances maladie et les prix en général.

On espère que toutes les revendications posées sur la table seront acceptées par la partie patronale, et nous devons lutter pour cela, comme les anciens ont lutté pour leurs droits et leurs acquis. Malgré la peur, j’ai l’impression que ça prend, que les collègues ont la volonté de se battre. Il va falloir, car ça ne va pas tomber tout seul.»


Conventions: qui est concerné?

La Convention collective de travail (CCT) de la branche de l’électricité régit les conditions de près de 24000 travailleurs dans toute la Suisse, excepté les cantons de Genève et du Valais qui ont leurs propres accords.

Quant à la CCT Technique du bâtiment, elle s’applique à 22000 professionnels actifs dans le chauffage, la climatisation, l’installation sanitaire, la ventilation, la ferblanterie ou encore les installations solaires. Toute la Suisse y est assujettie hormis les cantons de Genève, Vaud et Valais qui ont leurs propres conventions.

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