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Licenciement d'un maçon accidenté

L'entreprise jurassienne Parietti et Gindrat a profité du vide conventionnel pour licencier son employé accidenté

L'entreprise Parietti et Gindrat à Porrentruy, dont le conseil d'administration est présidé par l'un des deux vice-présidents de la Société suisse des entrepreneurs, a licencié un maçon accidenté en se fondant sur le fait que la Convention nationale du bâtiment n'avait pas été renouvelée au début de cette année. Ce procédé, fermement dénoncé par Unia, annonce les dérives qu'engendre le vide conventionnel.

L'année 2012 s'est ouverte sans Convention nationale du secteur principal de la construction, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) ayant persisté dans son refus de poursuivre des négociations constructives avec les syndicats. Unia n'a cessé de répéter qu'une telle situation allait provoquer des dégradations des conditions de travail, du dumping social et salarial ainsi que des dérives et des abus. Face à ces arguments, les dirigeants de la SSE ont prétendu qu'ils ne profiteraient pas du vide conventionnel pour s'attaquer aux acquis des travailleurs.

»Les masques tombent »
Or, il n'aura fallu que 17 jours à l'entreprise de Porrentruy, Parietti et Gindrat, pour prouver le contraire. Cette entreprise, dont le président du conseil d'administration, Pierre Parietti, est également l'un des deux vice-présidents de la SSE, a en effet invoqué le vide conventionnel pour justifier le licenciement d'un ouvrier. Ce dernier était à l'assurance à la suite d'un accident de travail dont il avait été victime en 2010, pendant son délai de congé. L'article 21 de la Convention nationale (CN) interdit tout licenciement dans un tel cas. Or, dans sa lettre de congé datée du 17 janvier dernier, la direction de Parietti et Gindrat précise ceci: «La convention nationale du bâtiment n'a pas été renouvelée. Le délai de protection expire alors au 31 décembre 2011. Les rapports de travail qui nous lient prennent fin au 29 février 2012.» Ainsi, «il aura suffi de deux semaines pour que les masques tombent», indique un communiqué d'Unia. «La SSE montre clairement qu'elle ne souhaite pas améliorer la protection des travailleurs mais plutôt l'affaiblir, comme elle l'a prouvé tout au long des négociations conventionnelles qui ont échoué, poursuit Unia. Si la SSE commence déjà à détériorer les conditions de travail de son personnel encore sous contrat, on peut craindre le pire ces prochains mois. Et tout particulièrement quand les entreprises engageront du personnel au printemps. Voilà pourquoi Unia veut absolument que les négociations sur une nouvelle CN reprennent pour aboutir au plus vite à une solution qui protège les maçons contre le dumping social et salarial.»

Conditions de travail attaquées
Les syndicalistes d'Unia Transjurane ont manifesté jeudi dernier devant le siège de l'entreprise Parietti et Gindrat à Porrentruy. «Ce licenciement est non seulement scandaleux mais il est aussi révélateur d'une certaine volonté patronale de s'attaquer aux conditions de travail sur les chantiers. Nous devions réagir et attirer l'attention des médias sur les dangers de dérégulation et de dumping», plaide Armenio Cabete, secrétaire syndical chargé de ce dossier. Par ailleurs, «nous constatons que ce licenciement est également abusif car le contrat de ce travailleur reste fondé sur les clauses de la Convention nationale, même si celle-ci a expiré». Unia est intervenu auprès de l'entreprise pour contester ce licenciement et est prêt à aller jusque devant les tribunaux, si cela était nécessaire.


Pierre Noverraz