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Un automne salarial brûlant

L’automne sera chaud, peut-être même brûlant. Avec la montée en puissance du mécontentement face à la hausse du coût de la vie, du gaz, de l’électricité, des carburants.

En Europe, où l’inflation flirte avec les 10%, la colère s’est manifestée durant l’été déjà dans de nombreux mouvements de grève. En Allemagne, le personnel au sol de Lufthansa a cessé le travail lors des vacances d’été durant une journée, et a obtenu une importante hausse des salaires. Les dockers allemands se sont mobilisés durant 48 heures en juillet. 12000 travailleurs ont paralysé l’activité portuaire à Hambourg, Brême et ailleurs.

Au Royaume-Uni, les grèves se succèdent depuis juin, mois où les cheminots ont bloqué le pays. Le mouvement pour l’indexation des salaires a essaimé chez les dockers, les postiers, les avocats, les enseignants ou encore les éboueurs, le tout dans un Etat où un travailleur sur huit connaît des difficultés pour acheter des produits de première nécessité. En août, les fédérations syndicales du Trades Union Congress (TUC), principale faîtière du pays, lançaient une campagne intitulée: «Assez c’est assez». Outre une véritable augmentation des rémunérations, elle exige la réduction des factures d’énergie, la fin de la pauvreté alimentaire, des logements décents pour tous, et la taxation des riches. La trêve qui a suivi le décès de la reine est terminée. Samedi dernier, le rail anglais était à nouveau pratiquement à l’arrêt, avec 89% des trains immobilisés.

En Belgique aussi, pays qui connaît pourtant une échelle mobile des salaires, la colère a fusé le 21 septembre lors d’une grande manifestation à Bruxelles appelée par les trois principaux syndicats, en défense de l’indexation automatique et pour le blocage des prix de l’énergie. Les factures pour les ménages ont triplé voire même quintuplé dans cet Etat. Cette mobilisation pourrait culminer dans une grève générale le 9 novembre si des solutions ne sont pas trouvées d’ici là.

En France, de nombreuses entreprises ont été secouées par des arrêts de travail. Chez TotalEnergies par exemple, où près de 70% des travailleurs ont fait grève dans les raffineries et dépôts de carburant. En plus d’une hausse de 10% des salaires, les travailleurs exigent une redistribution des profits faramineux accumulés par la multinationale en 2021 et cette année. Dans l’automobile, des débrayages massifs ont eu lieu, avec là encore la revendication d’augmentations générales et, également, en ligne de mire les profits gigantesques du patronat. De même chez Carrefour, où des grèves se sont déroulées récemment dans les entrepôts et les hypermarchés.

En Suisse, même si l’inflation est moindre que dans l’Union européenne, la pleine compensation du renchérissement est exigée partout, avec une hausse supplémentaire des salaires réels, ces derniers étant déjà frappés par une diminution du pouvoir d’achat. Les premières mobilisations sont attendues la semaine prochaine à Genève. Avec la grève des Transports publics genevois et celle du personnel de l’Etat, le 12 octobre. Un mouvement essentiel, soutenu par tous les syndicats du canton, face à des employeurs refusant d’accorder aux collaborateurs l’entier de ce à quoi ils ont droit. De leur côté, les maçons genevois ont annoncé poser les outils durant deux jours, les 7 et 8 novembre. Outre l’amélioration de leur Convention nationale et de leurs conditions de travail, ils revendiquent une hausse des salaires de 260 francs pour tous. D’autres mouvements similaires devraient se décider dans la construction cette semaine. Ces épreuves de force seront un signal pour l’ensemble des branches et régions du pays. La température pourrait bien monter, en Suisse aussi.