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Aéroport: les négociations reprennent à la rentrée

A la suite de la grève historique conduite à l’aéroport de Genève, le SSP et la commission du personnel disposent de plus d’une année pour tenter de barrer la route à la réforme controversée des salaires

«C’est une victoire d’étape. Nous avons gagné un an pour faire enterrer la nouvelle politique de rémunération de la direction», commente Jamshid Pouranpir, représentant du Syndicat des services publics (SSP), bien décidé à ne rien lâcher après la grève menée à l’aéroport de Cointrin. «Je suis satisfait de la tournure des événements. Elle a été rendue possible grâce à ce mouvement historique dans un milieu qui n’a pas de tradition de lutte, comme, par exemple, celui des maçons. C’est une première. La grève n’est plus un tabou. Une évolution incroyable», ajoute le fer de lance de la mobilisation. Pour mémoire, des centaines d’employés de Genève Aéroport, selon le syndicaliste, ont débrayé le 1er juillet dernier, paralysant totalement le site jusqu’en milieu de matinée avant une reprise progressive du trafic. Cette situation a entraîné l’annulation de plus de 150 vols et bloqué des dizaines de milliers de passagers. La raison de la colère du personnel? La décision de supprimer des primes représentant, précise le SSP, jusqu’à parfois l’équivalent d’un 13e salaire, et le gel de certains revenus jusqu’à la retraite et cela alors que l’entreprise a réalisé 60 millions de francs de bénéfice en 2022 et projette un profit de 100 millions de francs cette année. «Le modèle des rémunérations envisagé est totalement opaque. Aucun employé ne sait dans quelle classe salariale il se situe. La hiérarchie serait toute-puissante pour bloquer le salaire, voire dégrader l’employé en raison de son “comportement” ou de ses “objectifs individuels”. Ça signifie quoi? L’employé sera-t-il pénalisé s’il ne se montre pas assez souriant avec son chef? Quant aux objectifs, si on peut imaginer ce critère pour un chef de projet, comment l’appliquer pour des agents de sécurité, des ambulanciers, etc.», poursuit le représentant du SSP. A noter encore que les grévistes ont aussi reçu le soutien de l’Union syndicale suisse, par son président Pierre-Yves Maillard, venu les encourager, et de la Communauté genevoise d’action syndicale.

En présence d’un médiateur

Au final, la réforme ne sera pas mise en œuvre avant 2025 à la suite de l’accord trouvé grâce à l’intervention de la conseillère d’Etat PLR Nathalie Fontanet. Cette convention fixe en effet un délai d’un peu plus d’un an aux parties en conflit pour «s’entendre sur les paramètres et les modalités de mise en œuvre» du projet. Qui sera discuté au sein d’un comité paritaire ad hoc constitué d’ici au 15 septembre et en présence d’un médiateur «indépendant et neutre» appelé à accompagner les travaux. «Cette grève nous a valu beaucoup de membres supplémentaires. Nous en sortons grandi, mieux armés encore pour construire un rapport de force, contrairement à la direction de l’aéroport affaiblie par le conflit social», affirme encore Jamshid Pouranpir, notant au passage que le SSP avait déjà alerté en mai le Conseil d’Etat sur la réforme en cours et sollicité son arbitrage. «La ministre de tutelle de l’aéroport a fini par réagir à notre demande.» Quoi qu’il en soit, le syndicaliste prévient que la grève pourra être reconduite si les résultats de la concertation ne sont pas jugés satisfaisants.

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