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Après le 8 mars, en route vers la grève du 14 juin

femmes sous parapluie
© Thierry Porchet

Vania Alleva, présidente d’Unia, était présente à Delémont où un mur du patriarcat, sur lequel des revendications et des mots emblématiques avaient été collés, a été démoli à coups de balai à 15h24, heure symbolique où les femmes commencent à travailler gratuitement.

Des milliers de femmes sont descendues dans les rues du pays à l’occasion de la Journée du 8 mars pour réclamer encore et toujours l’égalité. Prochain round, le 14 juin

Malgré une météo bien maussade, plusieurs milliers de femmes se sont mobilisées mercredi dernier à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Des actions ont eu lieu aux quatre coins de la Suisse romande, de Genève à Delémont en passant par Lausanne, Fribourg, Neuchâtel et le Valais.

Unia était présent dans la rue et sur les lieux de travail pour soutenir les actions des femmes dans les métiers dits typiquement féminins, à l’image des soins, de la vente, du nettoyage et de l’horlogerie, mais aussi dans la peinture et la plâtrerie, des domaines traditionnellement dominés par les hommes.

Car l’égalité est encore loin d’être atteinte en 2023… «Depuis 2019, les discriminations salariales ont continué d’augmenter, alors que les femmes étaient au front durant toute la crise du Covid-19», souligne Véronique Polito, vice-présidente d’Unia et responsable du secteur tertiaire, dans un communiqué. «La plupart ont même vu leur salaire baisser faute de compensation complète du renchérissement, comme c’est le cas dans les soins et la vente. Sans parler de la réforme des retraites qui se fait essentiellement sur leur dos! Tant que les droits des femmes ne seront pas respectés, il faudra continuer à faire entendre notre voix.»

A bas les inégalités!

La présidente d’Unia, Vania Alleva, était à Delémont pour ce 8 mars, où environ 80 militantes ont fait tomber le mur du patriarcat à 15h24, heure symbolique à laquelle les femmes ne sont plus payées à égalité avec les hommes. Elles ont exigé plus de respect, de temps et d’argent. Sur ce mur de la honte, des revendications ou juste des mots collés, comme pour s’en décharger: Mobbing Non, Pas de places en crèche, C’est mon corps, Travail précaire, Inégalités ou encore Culture du viol. «Il faut abattre ce mur», a scandé Vania Alleva. Quelques coups de balais, et c’était chose faite!

Revendications

Cette journée n’était qu’un tour de chauffe avant la troisième grande grève féministe qui aura lieu le 14 juin prochain, et les femmes ont su montrer qu’elles sont plus que prêtes!

Sans surprise, les revendications sont toujours les mêmes étant donné que les discriminations persistent. Unia continue de réclamer de meilleurs salaires dans les branches dites féminines où les revenus ne suffisent pas pour vivre dignement. «Compte tenu de l’évolution salariale de ces dernières années et de l’inflation, il faut même une adaptation des salaires à 4500 francs pour le personnel non qualifié et à 5000 francs pour les employés avec formation professionnelle», appelle le syndicat. Sur la question des retraites, Unia est plus déterminé que jamais à lutter pour un renforcement du 1er pilier par le biais d’une 13e rente AVS et à saisir le référendum contre le démantèlement du 2e pilier. Enfin, Unia continue d’exiger une répartition plus juste du travail rémunéré et non rémunéré, qui représente un manque à gagner de 315 milliards de francs pour les femmes, afin de garantir une plus grande justice entre les sexes. En route vers le 14 juin!

Manon Todesco
 

Lausanne: La lutte de toutes les femmes saluées

«Chéri, peux-tu te lever? T’es assis sur mes droits.» Discrète, la pancarte d’une femme qui sera brandie plus tard dans la manifestation fait mouche. Tous les regards se tournent vers elle. Et vers celles portées par d’autres salariées, juste à côté. «Un salaire égal pour un travail égal», «Tes chaussettes sont là où tu les as laissées», «Dignité, respect et justice pour toutes», proclament-elles, pendant que la foule se rassemble en ce début de soirée du 8 mars sur la place de la Riponne à Lausanne. De la musique et des danses saluent les femmes iraniennes à l’initiative de la révolte contre le régime des Mollahs et les slogans «Jin, Jiyan, Azadi», «Femme, vie, liberté» sont repris par les personnes présentes. Sur les escaliers du Palais de Rumine, d’autres chants dénoncent, eux, le capitalisme, le patriarcat et le patronat. A l’heure des discours, les militantes du Collectif vaudois de la grève féministe rappellent que le 8 mars est un jour de lutte dépassant les frontières. Elles affirment la solidarité des participants avec toutes les femmes qui se battent et celles qui sont au cœur des résistances contre la guerre en Ukraine, en Syrie, au Soudan, en Birmanie, en Iran, en Afghanistan, au Kurdistan et ailleurs. Elles dénoncent l’utilisation du viol et des violences sexistes comme armes de guerre. «Nos corps et nos vies ne sont pas des cibles», lancent-elles. Protestant également contre la supposée neutralité suisse, pays qui exporte de la technique de pointe utilisée dans l’armement, qui soutient des systèmes d’apartheid, qui fait profit du commerce mondial et d’un capitalisme qui tue et s’enrichit sans limites, menaçant aussi la planète. «Partout, les femmes sont la clé de voûte des contestations actuelles», lancent les intervenantes, avant d’appeler à ce que, le 14 juin, la nouvelle Grève féministe se mène partout où c’est possible, sur les lieux de travail et de formation, à la maison, dans la rue. «La révolution sera féministe, solidaire et internationaliste ou ne sera pas», conclut une des membres du collectif, avant que quelque 2000 femmes et de nombreux hommes forment la manifestation qui se déplacera dans les rues de la capitale au son de «Y en a assez, assez, des inégalités! Ensemble, ensemble, il faut lutter!»

Sylviane Herranz

 

Genève: Pas touche à notre salaire minimum!

La manifestation du 8 mars à Genève, qui a rassemblé quelque 2000 personnes de tous horizons, a été l’occasion pour les syndicats de lancer la campagne contre le projet Ettlin. Cette motion vise à faire primer les salaires des conventions collectives de travail étendues sur les salaires minimaux cantonaux. Elle a été adoptée en décembre par le Parlement et le Conseil fédéral doit maintenant élaborer une proposition de loi. Pour protester contre ce projet, les syndicats genevois ont constitué un tronçon spécifique et défilé derrière une banderole affichant: «Touche pas à mon salaire minimum!»

Deux jours auparavant, une assemblée générale intersyndicale des salariés concernés par la motion Ettlin, soit ceux actifs dans l’hôtellerie, la restauration, la coiffure, le nettoyage ou encore la boulangerie, s’était réunie et avait décidé de profiter du 8 mars pour cette première action. Lors de l’assemblée, convoquée par les syndicats Sit, Unia et Syna, et soutenue par la Communauté genevoise d’action syndicale, les employés ont adopté à l’unanimité une résolution dans laquelle ils expriment leur indignation face à cette motion et leur engagement à se battre pour sauvegarder le salaire minimum genevois et faire échouer le projet de loi qui en découlera. Ensemble, ils s’adressent aux élus ayant voté en faveur de la motion: «Nous voulons vous faire remarquer que c’est grâce à notre investissement dans nos emplois invisibles et peu rémunérés que vous pouvez vous investir dans votre vie familiale, votre carrière professionnelle et politique, vos loisirs… Le salaire minimum genevois est un minimum pour nous. Vu le coût de la vie, dans la 7e ville la plus chère du monde, il est déjà difficile de joindre les deux bouts avec 24 francs de l’heure bruts. Supprimer ce minimum, qui est une victoire syndicale pour les plus précaires, est simplement impensable.» Les travailleurs rappellent que le salaire minimum est un outil de politique sociale et que sans lui, ils devraient recourir aux aides publiques pour boucler les fins de mois. «Ce n’est pas à la population de payer les salaires que les patrons refusent de verser, alors que le salaire minimum légal a été mis en place à Genève durant la difficile période du Covid et qu’il n’a pas eu de répercussion économique négative», notent-ils encore, avant de souligner que le salaire minimum légal est aussi un enjeu féministe, près de 60% des personnes en bénéficiant étant des femmes.

Le combat contre la future loi Ettlin se mènera sur divers plans. D’ores et déjà, une pétition a été lancée. Le personnel réuni en assemblée générale invite la population à la signer et les secteurs professionnels non-concernés par la motion à se solidariser avec sa lutte.

SH

 

Pour signer la pétition: geneve.unia.ch/actualites/article/a/19641

Résolution de l’assemblée générale du 6 mars: cgas.ch/SPIP/spip.php?article3937

 

Monthey: Des roses pour les Valaisannes!

Pause photo pour les militantes et les militants d’Unia ainsi que les secrétaires syndicales Sandra Previti et Barbara Lanthemann lors du stand organisé au marché de Monthey à l’occasion du 8 mars. Cent vingt roses y ont été offertes. Le 8 Minutes, journal féministe publié pour l’occasion en Suisse romande, des pins et des flyers ont été distribués. «Les dames étaient heureuses de recevoir une attention», s’est réjouie Sandra Previti, parlant d’un vrai succès malgré la pluie. K

SH

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Dans Game ovaire, la journaliste physicienne Lucia Sillig renverse des stéréotypes de genre prétendument basés sur des recherches scientifiques. L’humour en prime.

14 juin: les femmes ne lâchent rien

A Genève, le cortège a réuni plusieurs milliers de manifestantes dont, pour la première fois, des personnes à mobilité réduite et malentendantes, dans un souci d’inclusivité élargie. Les questions de l’égalité ont été déclinées au sens large, dans les sphères professionnelle et privée, entre iniquité salariale, sexisme, violence en tous genres, etc.

Quelque 150 000 femmes se sont mobilisées le 14 juin dernier dans toute la Suisse, sur leur lieu de travail et dans la rue. Egalité, respect, temps et argent sont plus que jamais revendiqués. Temps forts en Suisse romande

La voix des femmes

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