Aucune réparation possible...
Mardi 22 janvier 2008
Licencié abusivement, Olivier Schurch a obtenu un dédommagement de son ex-employeur. Mais l'amertume demeure
En février 2006, Olivier Schurch est remercié par son employeur Vivadis, du groupe des Laiteries Réunies à Genève. Persuadé d'avoir perdu son emploi en raison de son engagement syndical - l'homme était alors président de la commission ouvrière - l'ex-magasinier, aidé d'Unia, dépose plainte aux Prud'hommes pour licenciement abusif. Débouté en première instance, il obtient finalement gain de cause. Témoignage.
Au terme d'une longue bataille initiée en février 2006, Olivier Schurch, soutenu par Unia, a finalement obtenu gain de cause. L'automne passé, la Cour d'appel des Prud'hommes a donné raison à cet ex-employé de la société Vivadis, du groupe des Laiteries Réunies de Genève (LRG). Olivier Schurch avait déposé plainte contre son patron pour licenciement abusif. Débouté en première instance, il a fait appel. Avec succès cette fois-ci, même s'il n'a reçu que la moitié de la somme demandée, soit l'équivalent de trois mois de salaire. «Le montant concédé me laisse amer. En revanche, je suis content du verdict», déclare Olivier Schurch. Une affirmation qu'il nuance toutefois, estimant qu'en raison du préjudice subi, aucune réparation ne saurait suffire.
Souci de transparence sanctionné
Entré aux LRG en 1987 comme préparateur de commandes, ce Français d'origine et délégué d'Unia (à l'époque FCTA) est, en 1992, nommé président de la commission ouvrière par ses collègues. A cette époque, les différentes entités des Laiteries Réunies sont soumises à une Convention collective de travail (CCT). En 1996, la société Vivadis rachète des parts du groupe sans que les rapports de travail avec ses collaborateurs soient modifiés. Olivier Schurch poursuit ses activités, en tant que responsable de l'arrivage, et comme représentant du personnel. Près de dix ans s'écoulent. Le vent commence à tourner en novembre 2005: le délégué syndical prend connaissance d'un document informatique annonçant une réduction des effectifs de près de 20 personnes. Le dossier en question étant accessible à tous, il en parle à quelques-uns de ses collègues. «J'ai fait une boulette. J'aurais dû me taire mais c'était aussi mon rôle d'informer les travailleurs.» Cette «indiscrétion» est sanctionnée par un avertissement, la société étant persuadée que l'homme s'est aussi confié à Unia.
Licencié comme un voleur
L'incident a d'autant plus d'impact qu'il se déroule sur un terrain miné: la CCT des Laiteries Réunies a été résiliée au 31 décembre 2005 et les négociations entamées afin d'en signer une nouvelle s'effectuent dans un contexte tendu. En février 2006, le 14 précisément, une réunion paritaire est programmée. Au dernier moment, la direction renonce à y participer. Les délégués syndicaux, dont Olivier Schurch, maintiennent malgré tout le rendez-vous. Le lendemain, comme par hasard, ce dernier reçoit sa lettre de congé avec effet immédiat. «J'ai été licencié en une heure, comme un voleur. Je n'ai même pas eu le temps de saluer mes collègues», lance encore choqué, l'ex-employé qui a consacré 19 ans de sa vie professionnelle à l'entreprise.
Tout sauf la porte
La direction justifie le licenciement par des raisons économiques. Pour Olivier Schurch, il ne fait aucun doute qu'il paye là son engagement syndical. Le fait que son poste n'ait pas été supprimé conforte cette hypothèse. Unia dénonce le cas à l'OIT (Organisation internationale du travail) et demande la réintégration de l'intéressé dans l'entreprise. En vain.« J'étais pourtant prêt à prendre n'importe quel autre poste. Tout sauf la porte» soupire le lésé. L'affaire est portée devant les Prud'hommes. Débouté, le plaignant fait recours et reçoit finalement une indemnité pour licenciement abusif. Un épilogue qui a le goût d'une demi-victoire. Si Olivier Schurch a été entendu, il sort profondément blessé de cette expérience. «Ça me fait encore mal rien que d'en parler», déclare cet homme de 44 ans, marié et père de deux enfants qui, depuis, a retrouvé du travail en France. Non sans passer par la case chômage durant près d'un an. Et en bataillant dur pour garder le moral.
Avec la peur désormais
«Plusieurs fois, j'ai eu envie d'en finir. Heureusement, ma famille m'a bien entouré.» Engagé aujourd'hui comme responsable de l'expédition et de l'emballage dans une société proche d'Annecy, Olivier Schurch peine encore à retrouver ses marques. Les méthodes de travail diffèrent et le salaire touché est nettement inférieur à celui antérieur. Il ne montera pas pour autant une nouvelle fois au front car, s'il salue le bon travail effectué par Unia, il n'imagine plus reprendre des engagements syndicaux. Par peur. Mais aussi par déception. «Au lendemain de mon éviction, aucun collègue n'a pris de mes nouvelles. Ils ont très certainement eu peur de subir le même sort. Une peur qui m'a désormais aussi gagné.»
Sonya Mermoud
Au terme d'une longue bataille initiée en février 2006, Olivier Schurch, soutenu par Unia, a finalement obtenu gain de cause. L'automne passé, la Cour d'appel des Prud'hommes a donné raison à cet ex-employé de la société Vivadis, du groupe des Laiteries Réunies de Genève (LRG). Olivier Schurch avait déposé plainte contre son patron pour licenciement abusif. Débouté en première instance, il a fait appel. Avec succès cette fois-ci, même s'il n'a reçu que la moitié de la somme demandée, soit l'équivalent de trois mois de salaire. «Le montant concédé me laisse amer. En revanche, je suis content du verdict», déclare Olivier Schurch. Une affirmation qu'il nuance toutefois, estimant qu'en raison du préjudice subi, aucune réparation ne saurait suffire.
Souci de transparence sanctionné
Entré aux LRG en 1987 comme préparateur de commandes, ce Français d'origine et délégué d'Unia (à l'époque FCTA) est, en 1992, nommé président de la commission ouvrière par ses collègues. A cette époque, les différentes entités des Laiteries Réunies sont soumises à une Convention collective de travail (CCT). En 1996, la société Vivadis rachète des parts du groupe sans que les rapports de travail avec ses collaborateurs soient modifiés. Olivier Schurch poursuit ses activités, en tant que responsable de l'arrivage, et comme représentant du personnel. Près de dix ans s'écoulent. Le vent commence à tourner en novembre 2005: le délégué syndical prend connaissance d'un document informatique annonçant une réduction des effectifs de près de 20 personnes. Le dossier en question étant accessible à tous, il en parle à quelques-uns de ses collègues. «J'ai fait une boulette. J'aurais dû me taire mais c'était aussi mon rôle d'informer les travailleurs.» Cette «indiscrétion» est sanctionnée par un avertissement, la société étant persuadée que l'homme s'est aussi confié à Unia.
Licencié comme un voleur
L'incident a d'autant plus d'impact qu'il se déroule sur un terrain miné: la CCT des Laiteries Réunies a été résiliée au 31 décembre 2005 et les négociations entamées afin d'en signer une nouvelle s'effectuent dans un contexte tendu. En février 2006, le 14 précisément, une réunion paritaire est programmée. Au dernier moment, la direction renonce à y participer. Les délégués syndicaux, dont Olivier Schurch, maintiennent malgré tout le rendez-vous. Le lendemain, comme par hasard, ce dernier reçoit sa lettre de congé avec effet immédiat. «J'ai été licencié en une heure, comme un voleur. Je n'ai même pas eu le temps de saluer mes collègues», lance encore choqué, l'ex-employé qui a consacré 19 ans de sa vie professionnelle à l'entreprise.
Tout sauf la porte
La direction justifie le licenciement par des raisons économiques. Pour Olivier Schurch, il ne fait aucun doute qu'il paye là son engagement syndical. Le fait que son poste n'ait pas été supprimé conforte cette hypothèse. Unia dénonce le cas à l'OIT (Organisation internationale du travail) et demande la réintégration de l'intéressé dans l'entreprise. En vain.« J'étais pourtant prêt à prendre n'importe quel autre poste. Tout sauf la porte» soupire le lésé. L'affaire est portée devant les Prud'hommes. Débouté, le plaignant fait recours et reçoit finalement une indemnité pour licenciement abusif. Un épilogue qui a le goût d'une demi-victoire. Si Olivier Schurch a été entendu, il sort profondément blessé de cette expérience. «Ça me fait encore mal rien que d'en parler», déclare cet homme de 44 ans, marié et père de deux enfants qui, depuis, a retrouvé du travail en France. Non sans passer par la case chômage durant près d'un an. Et en bataillant dur pour garder le moral.
Avec la peur désormais
«Plusieurs fois, j'ai eu envie d'en finir. Heureusement, ma famille m'a bien entouré.» Engagé aujourd'hui comme responsable de l'expédition et de l'emballage dans une société proche d'Annecy, Olivier Schurch peine encore à retrouver ses marques. Les méthodes de travail diffèrent et le salaire touché est nettement inférieur à celui antérieur. Il ne montera pas pour autant une nouvelle fois au front car, s'il salue le bon travail effectué par Unia, il n'imagine plus reprendre des engagements syndicaux. Par peur. Mais aussi par déception. «Au lendemain de mon éviction, aucun collègue n'a pris de mes nouvelles. Ils ont très certainement eu peur de subir le même sort. Une peur qui m'a désormais aussi gagné.»
Sonya Mermoud