Branle-bas de combat sur les chantiers
Mardi 31 octobre 2006
Augmentez les salaires! Répondant à l'appel d'Unia, quelque 5000 ouvriers du bâtiment ont participé à l'action du 24 octobre
Alors que le secteur de la construction est en plein essor, les travailleurs n'en récoltent que les miettes. Revendiquant une augmentation substantielle de salaire, les maçons sont entrés en lutte. Au lendemain de leur mobilisation, les entrepreneurs, qui avaient rompu le dialogue, sont revenus à la table des négociations. Sans toutefois faire un pas envers les ouvriers et ce malgré la concession d'Unia, qui a accepté de ramener sa demande d'augmentation de 220 à 180 francs. Autant dire qu'en l'absence d'un véritable rapprochement, le combat va se poursuivre...
Drapeaux, banderoles et T-shirt aux couleurs d'Unia, tractage et casse-croûte de circonstance: une animation particulière régnait ce 24 octobre dernier sur plus d'une vingtaine de chantiers de Suisse. Réunis autour d'un café & croissant ou pendant le repas midi, quelque 5000 ouvriers ont participé à la journée d'action organisée par Unia. Au menu de la rencontre, qui s'est souvent prolongée au-delà de la pause réglementaire: la question des salaires. Car si le secteur du bâtiment se trouve en plein essor, les entrepreneurs refusent de partager équitablement le gâteau, ne proposant aux maçons que 1% d'augmentation générale et 0,5 individuelle. Autant dire des miettes.
De Crans-Montana à Genève en passant par Charrat, Lausanne, Rolle, Bulle, le Jura ou Neuchâtel... : les travailleurs romands se sont largement mobilisés pour réclamer leur dû. Au-delà de l'aspect pacifique et convivial de ces rencontres, ces dernières ont été marquées par une détermination sans faille. Dans le canton de Vaud, les manifestants ont adopté une résolution symbolique s'engageant, par vote à main levée, à poursuivre la lutte jusqu'au bout. A Neuchâtel, la journée s'est soldée par une assemblée extraordinaire. Dans la ville du bout du lac, les maçons ont porté leur combat au cœur de la cité. Alors que les montagnes valaisannes renvoyaient l'écho d'un injonction unanime. Augmentez les salaires!... Une revendication portée par tous les participants. Une exigence légitime, soutenue par des arguments «béton»: depuis quinze ans, la branche n'a jamais été aussi florissante ; les carnets de commandes sont pleins et les prix de la construction à la hausse. Aucune raison pour que les forces vives de cette croissance n'en profitent aussi. D'autant plus qu'en période de vaches maigres les ouvriers ont, plus qu'à leur tour, accepté de se serrer la ceinture. Dans ce contexte, sans pas concret du patronat, ils n'hésiteront pas, avec le concours d'Unia, à échafauder de nouveaux plans propres à supporter leurs revendications.
SM
«Cette augmentation, nous la méritons amplement»
Lors de cette journée d'action syndicale, les travailleurs sur les chantiers ont réaffirmé la légitimité de leur revendication. Exemple avec quelques commentaires recueillis sur le chantier de la Transjurane
Audiraman Amti, 40 ans, a quatre enfants et travaille depuis 15 ans comme ouvrier dans le génie civil dans le Jura. «J'ai une longue expérience, mais comme je ne suis pas qualifié, mon salaire reste bien trop bas. Pour nourrir ma famille, ça ne suffit pas. Je suis obligé de travailler le soir et le week-end à faire des nettoyages et cela depuis huit ans. J'ai toujours fait mon travail au mieux, jamais rechigné à donner le maximum. Qu'il fasse froid, qu'il pleuve et que je ne me sente pas trop en forme, je baisse la tête et j'y vais, je prends le travail quand il y en a. Ces temps, on a plein de boulot et tout doit aller toujours plus vite. C'est vraiment le moment d'avoir cette augmentation pour tout le monde. Nous la méritons amplement. Imaginez-vous que j'avais un plus grand pouvoir d'achat quand j'étais saisonnier, à mon arrivée en Suisse. Nous devons vraiment nous battre coude à coude pour obtenir cela, comme on l'a fait pour la retraite anticipée. Quand on se met tous ensemble, on est plus forts.»
Jean-Luc Fleury, contremaître, est lui aussi convaincu qu'une augmentation substantielle s'impose. «Tout augmente et les salaires n'ont pas suivi. L'augmentation revendiquée par le syndicat est tout à fait justifiée, elle n'a rien d'excessif. Il y a deux trois ans, la situation était plus difficile, mais maintenant, la reprise est là. Tout le monde travaille dur. Il faut que les salaires suivent, c'est dans l'intérêt de tous, y compris du patron. Un ouvrier qui se lève le matin avec l'impression qu'il va se faire avoir, ce n'est jamais bon. On ne peut pas demander des efforts supplémentaires à quelqu'un qui ne reçoit rien en retour. Sur le terrain, on se rend clairement compte que le salaire fait aussi partie de la motivation des ouvriers. Il faut être juste.»
Propos recueillis par PN
Drapeaux, banderoles et T-shirt aux couleurs d'Unia, tractage et casse-croûte de circonstance: une animation particulière régnait ce 24 octobre dernier sur plus d'une vingtaine de chantiers de Suisse. Réunis autour d'un café & croissant ou pendant le repas midi, quelque 5000 ouvriers ont participé à la journée d'action organisée par Unia. Au menu de la rencontre, qui s'est souvent prolongée au-delà de la pause réglementaire: la question des salaires. Car si le secteur du bâtiment se trouve en plein essor, les entrepreneurs refusent de partager équitablement le gâteau, ne proposant aux maçons que 1% d'augmentation générale et 0,5 individuelle. Autant dire des miettes.
De Crans-Montana à Genève en passant par Charrat, Lausanne, Rolle, Bulle, le Jura ou Neuchâtel... : les travailleurs romands se sont largement mobilisés pour réclamer leur dû. Au-delà de l'aspect pacifique et convivial de ces rencontres, ces dernières ont été marquées par une détermination sans faille. Dans le canton de Vaud, les manifestants ont adopté une résolution symbolique s'engageant, par vote à main levée, à poursuivre la lutte jusqu'au bout. A Neuchâtel, la journée s'est soldée par une assemblée extraordinaire. Dans la ville du bout du lac, les maçons ont porté leur combat au cœur de la cité. Alors que les montagnes valaisannes renvoyaient l'écho d'un injonction unanime. Augmentez les salaires!... Une revendication portée par tous les participants. Une exigence légitime, soutenue par des arguments «béton»: depuis quinze ans, la branche n'a jamais été aussi florissante ; les carnets de commandes sont pleins et les prix de la construction à la hausse. Aucune raison pour que les forces vives de cette croissance n'en profitent aussi. D'autant plus qu'en période de vaches maigres les ouvriers ont, plus qu'à leur tour, accepté de se serrer la ceinture. Dans ce contexte, sans pas concret du patronat, ils n'hésiteront pas, avec le concours d'Unia, à échafauder de nouveaux plans propres à supporter leurs revendications.
SM
«Cette augmentation, nous la méritons amplement»
Lors de cette journée d'action syndicale, les travailleurs sur les chantiers ont réaffirmé la légitimité de leur revendication. Exemple avec quelques commentaires recueillis sur le chantier de la Transjurane
Audiraman Amti, 40 ans, a quatre enfants et travaille depuis 15 ans comme ouvrier dans le génie civil dans le Jura. «J'ai une longue expérience, mais comme je ne suis pas qualifié, mon salaire reste bien trop bas. Pour nourrir ma famille, ça ne suffit pas. Je suis obligé de travailler le soir et le week-end à faire des nettoyages et cela depuis huit ans. J'ai toujours fait mon travail au mieux, jamais rechigné à donner le maximum. Qu'il fasse froid, qu'il pleuve et que je ne me sente pas trop en forme, je baisse la tête et j'y vais, je prends le travail quand il y en a. Ces temps, on a plein de boulot et tout doit aller toujours plus vite. C'est vraiment le moment d'avoir cette augmentation pour tout le monde. Nous la méritons amplement. Imaginez-vous que j'avais un plus grand pouvoir d'achat quand j'étais saisonnier, à mon arrivée en Suisse. Nous devons vraiment nous battre coude à coude pour obtenir cela, comme on l'a fait pour la retraite anticipée. Quand on se met tous ensemble, on est plus forts.»
Jean-Luc Fleury, contremaître, est lui aussi convaincu qu'une augmentation substantielle s'impose. «Tout augmente et les salaires n'ont pas suivi. L'augmentation revendiquée par le syndicat est tout à fait justifiée, elle n'a rien d'excessif. Il y a deux trois ans, la situation était plus difficile, mais maintenant, la reprise est là. Tout le monde travaille dur. Il faut que les salaires suivent, c'est dans l'intérêt de tous, y compris du patron. Un ouvrier qui se lève le matin avec l'impression qu'il va se faire avoir, ce n'est jamais bon. On ne peut pas demander des efforts supplémentaires à quelqu'un qui ne reçoit rien en retour. Sur le terrain, on se rend clairement compte que le salaire fait aussi partie de la motivation des ouvriers. Il faut être juste.»
Propos recueillis par PN