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Canicule: des chantiers vaudois à l’arrêt

La canicule additionnée à la pénibilité des travaux menace la santé des ouvriers.
© Thierry Porchet

La canicule additionnée à la pénibilité des travaux menace la santé des ouvriers.

Unia et la Fédération vaudoise des entrepreneurs ont activé la semaine dernière le Fonds santé et sécurité. Une première à cette période de l’année

Hors de question de jouer avec la santé des ouvriers sur les chantiers. En raison de la canicule qui s’est abattue la semaine passée sur le pays, Unia et la Fédération vaudoise des entrepreneurs ont réagi promptement. Le mardi 25 juin en fin de journée, ils ont informé les différentes entreprises de construction du canton qu’ils activaient, dès le jeudi 27 juin, le Fonds santé et sécurité du secteur. Cette réserve permet aux sociétés concernées d’arrêter les activités entre 13h et 17h, et d’être indemnisées. «C’est la première fois que nous ouvrons ce fonds en été. Il a été utilisé jusqu’à ce jour uniquement lors d’intempéries hivernales, de décembre à mars. Nous avons décidé d’y recourir après avoir discuté avec des représentants du Département de la santé publique», explique Pietro Carobbio, secrétaire syndical d’Unia responsable du secteur construction. Se basant sur les prévisions de météo suisse annonçant de très fortes chaleurs, les partenaires sociaux ont donc pris les devants. «Les employés du gros œuvre, de la construction métallique et de la charpente souffrent particulièrement de la canicule, lorsqu’ils travaillent à l’extérieur. Le fonds est activé dès que le thermomètre grimpe à 34 degrés. Il faut alors arrêter de bosser. D’autant plus que, quand on coule une dalle de béton par exemple, la température ressentie augmente encore. Cette situation nuit aussi au demeurant à la qualité de l’ouvrage qui, dès les 30 degrés, risque déjà de se fissurer.»

La canicule tue

Conscientes du problème, les entreprises n’ont pas été surprises par la décision des partenaires sociaux et plusieurs ont accepté de stopper les activités. Elles se sont en revanche inquiétées de savoir comment, dans ce contexte, respecter les délais et quel serait le coût de cette opération. «Les sociétés sont indemnisées par le fonds pour avoir protégé la santé de leurs collaborateurs. Quant aux travailleurs, ils perçoivent l’intégralité de leur salaire», précise le syndicaliste. Sur la question des délais, Pietro Carobbio souligne: «Les maîtres d’ouvrage doivent tenir compte de la situation, éviter de faire pression, rallonger les délais en conséquence et renoncer à d’éventuelles amendes de retard. Nous avons fait la tournée des chantiers pour les sensibiliser à la question. La canicule peut tuer.» Le syndicat et la Fédération ont aussi suggéré aux responsables d’autoriser l’activité sur leur chantier aux heures les plus fraîches de la journée, par exemple tôt le matin, dans les lieux où cela ne perturbe pas le voisinage. «Il faut dans ce cas obtenir des dérogations des règlements communaux. Mais à situation exceptionnelle...»

Pour des mesures globales

Reste que, en l’absence d’une législation relative à la canicule, les maîtres d’ouvrage ne sont pas obligés de suivre ces recommandations. «Nous encourageons fortement l’établissement d’une loi de santé publique qui réglerait la question en interdisant le travail lors de températures excessives et les pénalités pour report de délais. Nous souhaitons des mesures globales.» Pietro Carobbio estime encore que, avec le réchauffement climatique, il sera nécessaire de «repenser la façon de construire et de tenir compte des aléas de la météo».

Dans l’intervalle, les partenaires sociaux ont également organisé des distributions de tubes de protection solaire sur les chantiers. Et de rappeler que le rayonnement ultraviolet du soleil provoque chaque année un millier de cas de cancers de la peau frappant des personnes qui travaillent en plein air.

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