"Jamais nous n'aurions pensé vivre cela en Suisse"
«Avec Mitel, nous travaillions du lundi au samedi, jusqu’à 12 heures par jour et 240 heures par mois. C’est simple, nous étions toujours au travail! Le premier salaire est arrivé après trois mois de travail. Les vacances et les fériés n’étaient pas payés, sans parler des montants des salaires, qui n’étaient pas les mêmes sur la fiche de paie et sur le compte en banque.» Mario* et George*, à l’image de leurs collègues, étaient à bout de souffle. En avril dernier, la situation dégénère et ils demandent des explications à Mitel. «On nous répondait constamment que c’était de la faute de Leonardo ou de Fincantieri qui ne payaient pas, mais nous savions que c’était faux.»
En juillet, la sentence tombe. «Nous avons été renvoyés du jour au lendemain chez nous, sans aucune explication et sans aucune garantie. On ne savait pas quoi faire, on ne connaissait pas nos droits, on était perdus et frustrés. Nous avions l’image de la précision et de la rigueur suisses, et on a trouvé ici la fin du monde. Jamais nous n’aurions pensé vivre cela ici. Nous avions déjà travaillé pour Mitel en Italie et il n’y avait eu aucun problème.» S’ensuivent de longues semaines d’attente et d’espoir à la maison. «Mitel ne nous a jamais recontactés, notre seul lien était le syndicat qui a été d’un soutien total.»
Quand Mario* et George* apprennent qu’ils peuvent revenir à Genève, c’est le soulagement. D’autant que les choses ont changé du tout au tout. «Nous sommes avec une entreprise sérieuse qui respecte les droits des travailleurs, et nous sommes très contents. Aujourd’hui, nous devons obtenir une autorisation pour travailler le samedi, ce qui n’était pas le cas avant. Les salaires sont dignes et nous sommes logés dans une résidence dans laquelle chacun a sa chambre, c’est le jour et la nuit!»
Si les choses semblent se tasser, Mario* garde une amertume: «Genève Aéroport savait que nous étions dans ces conditions et personne n’a rien fait. En tant qu’entité publique, il est de sa responsabilité de s’assurer que les chantiers soient exemplaires sous son toit. Un tel chantier avec autant d’ouvriers qui travaillent, sans envoyer de contrôleurs: c’est juste incompréhensible. Aujourd’hui, il semblerait que les autorités fassent les choses bien. Pourvu que cela dure!»
* Prénoms d’emprunt.